24 novembre 2007
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Pour bien comprendre la politique américaine pendant la première période que nous étudions, il faut savoir reconnaître les présidents en exercice :
La chronologie suivante va vous permettre de repérer ces 5 présidents et de les remettre dans le contexte des relations internationales de leur temps mais aussi de la course à l’espace et de la question raciale qui secoue les Etats-Unis à cette époque.
Harry S. Truman
Démocrate (avril 45 - janvier 53)
Harry Truman, vice-président sous Roosevelt, devient, comme le veut la constitution, président des Etats-Unis après la mort de celui-ci en avril 1945. Il participe à la conférence de Postdam où il cède devant les exigences de Staline pour obtenir l’aide des soviétiques face au Japon. En août 45 Il décide d'utiliser à deux reprises la bombe atomique contre ce pays (Hiroshima, le 6 août 1945 et Nagasaki, le 9 août 1945) et obtient sa capitulation.
D’abord tenté par le compromis avec Staline, Truman conseillé par Churchill décide d’être beaucoup plus dur et en 47 lance la doctrine de l’endiguement pour stopper l’avancée du communisme. Une doctrine qui porte son nom. Il crée la CIA (1947), favorise l'aide économique à l'Europe occidentale (plan Marshall, 1947), et contribue à la fondation de l'OTAN (1949).
Considéré comme le président qui a gagné la guerre, il est réélu en 48, malgré les divisions dans son propre parti. Il réagit à l'attaque de la Corée du Sud par la Corée du Nord communiste (juin 1950) en envoyant des troupes américaines, mais il refuse de faire bombarder les bases chinoises ou d’utiliser la bombe atomique. L’enlisement de l’armée américaine et l’hystérie anticommuniste liée à la montée de Joe McCarthy le fragilise en fin de mandat et permet à ses adversaires républicains de remporter l’élection de 1952. Il demeure l'une des grandes figures américaines du 20ème siècle symbolisant la réaction énergique du pays face à ses ennemis.
Dwight D. Eisenhower (dit Ike, un surnom d’étudiant à l’origine toujours mystérieuse)
Républicain (janvier 53 – janvier 61)
Commandant en chef des forces américaines pendant la guerre contre l’Allemagne, il est considéré comme un héros par les américains et est courtisé aussi bien par les démocrates que les républicains qui voient en lui un candidat idéal à la présidence en ces temps de menace soviétique. Il est élu en 52 notamment grâce au maccarthysme qui présente les démocrates comme trop mous face aux rouges. Cela ne l’empêche pas de se débarrasser rapidement de l’encombrant sénateur qui commet l’erreur de s’en prendre à l’armée. Eisenhower poursuit et amplifie la lutte contre le communisme passant de l’endiguement au « Roll Back », le refoulement qui consiste à lutter activement pour déstabiliser les gouvernements procommunistes. Mais la mort de Staline et la politique plus pacifique de l'URSS changent la donne et entraîne un rapprochement entre les deux grands qui nouent des relations diplomatiques et commerciales. C’est la co-existence pacifique avec Khrouchtchev qui vient même en visite aux Etats Unis
Sur le plan économique, les années 50 sont marquées par un retour à la prospérité mais aussi par la montée des revendications raciales pour l’égalité des droits. Eisenhower signe des lois interdisant la ségrégation dans les écoles mais se heurte à des résistances très fortes dans les Etats du Sud.
Après 2 mandats, il se retire. Avant de partir, il fait un discours d’adieu en 1961 où il met en garde les Etats-Unis contre le pouvoir grandissant du lobby militaro-industriel pourtant trés proche du parti républicain: une alliance des grands groupes industriels et des milieux conservateurs issus de l’armée et qui profitent de la peur des rouges et de la politique d’armement face aux soviétiques pour faire prévaloir leurs interêts. Moralement conservateur et vieux jeu, Eisenhower reste pour beaucoup d’américains le symbole de l’âge d’or de la prospérité américaine des années 50 à une époque où on ne parlait pas encore de drogues et de liberté sexuelle comme ce sera le cas dans la décennie suivante.
John F. Kennedy
Démocrate (janvier1961 - novembre 1963)
Avec Kennedy c’est un nouveau style qui arrive à la maison blanche. Jeune (46 ans), beau, charmeur, il bat Richard Nixon, le vice président d’Eisenhower après un débat télévisé qu’il maîtrise parfaitement. Avec lui c’est un changement d’époque. Le président n’est pas un descendant de fermier WASP conservateur et moraliste comme Truman ou Eisenhower. Les Kennedy sont un clan de millionnaires de la bonne société irlandaise et catholique de la côte Est qui fréquente Hollywood et le milieu artistique. On lui prête d’ailleurs de nombreuses aventures féminines dont une avec l’actrice Marilyn Monroe.
Au coté de Jack (le surnom de John Kennedy), son frère Robert dit Bobby devient ministre de la justice et se lance dans une attaque en règle contre le crime organisé et ce, alors que de forts soupçons pèsent quand aux liens du père de JFK avec la mafia italienne, celui-ci ayant fait sa fortune pendant la prohibition des années 20. Les détracteurs de la famille Kennedy dénonceront ces liens supposés, accusant même le vieux Joe Kennedy d'avoir demandé à ses amis de la pègre de bourrer les urnes dans certains bureaux de votes en faveur de son fils , truquant ainsi une election qui fut trés serrée. Kennedy avait en effet moins de voix que Nixon, mais il remporta la majorité des suffrages dans les états lui assurant le plus de grands électeurs gagnant paradoxalement l'élection grace au système indirect très particulier en vigueur pour les présidentielles. Les historiens débattent encore de la réalité de ces accusations de fraude.
Kennedy se lance dans une politique volontariste dans le domaine racial en accélérant les droits civiques. Une phrase lancée lors de son discours d’investiture résume son projet : « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez vous ce que vous pouvez faire pour votre pays ». De même il lance le projet de « nouvelle frontière » visant à améliorer la situation des plus pauvres dans le pays par des lois sociales. Il crée la NASA pour riposter à l’avancée des soviétiques dans le domaine spatial et fixe à celle-ci l’objectif d’atteindre la Lune avant la fin des années 60.
Dans le domaine international, il se veut ferme avec Castro et Cuba mais connait un échec lorsqu'une tentative de débarquement anticastriste rate lamentablement à la Baie des Cochons, faute d’un soutien aérien suffisant. Il se rend à Berlin après la construction du mur pour assurer les Allemands du soutien occidental (le célèbre « Ich bin ein Berliner »). Il aura surtout l’occasion de montrer sa fermeté lors de la crise des missiles où il menace l’URSS d’une guerre si elle persiste à vouloir installer des fusées nucléaires à Cuba. Il se lance parallèlement dans le soutien militaire au Sud Vietnam qui va aboutir à la fameuse guerre du Vietnam où les Etats-Unis vont s’enliser pendant presque dix ans.
En novembre 1963, alors qu’il est en visite à Dallas au Texas, il est assassiné par un déséquilibré, Lee Harvey Oswald. Cet assassinat et les mystères qui l'entourent (Oswald est ainsi abattu avant son procès par un petit gangster qui voulait venger le président) vont alimenter tout un tas de théories du complot qui voient derrière la main d’Oswald, l’ombre de la mafia, de Cuba ou encore de l’extrême droite raciste ou du vice-président Johnson lui-même ! Sa mort correspond pour les américains à la fin brutale de l’âge d’or des Etats Unis. Les années 60 seront celles de la guerre du Vietnam, des violentes contestations raciales et universitaires.
Lyndon B. Johnson
Démocrate (novembre 63 –janvier 69)
Vice-président de Kennedy, ce sénateur texan devient président à la suite de l’assassinat de celui-ci, le temps de réorganiser des élections. En 64, il est officiellement élu pour continuer la politique de JFK, ce qu’il fait notamment dans le domaine racial. Mais son mandat est surtout marqué par l’enlisement dans la guerre du Vietnam qui voit le départ des milliers de jeunes américains pour une guerre très meurtrière.
Il doit faire face à une contestation raciale et étudiante extrêmement dure et à la montée de la violence criminelle dans le pays avec l’explosion de la consommation de la drogue aux Etats-Unis. La vie politique est elle aussi extrêmement violente. Martin Luther King est assassiné par un activiste raciste blanc en 1968, tout comme Bobby Kennedy candidat déclaré aux élections présidentielles, par un illuminé syrien qui lui reproche son soutien à Israël.
Sur le plan intérieur, Johnson lance un programme d’aides sociales pour lutter contre la pauvreté et poursuit le programme de conquête spatiale qui culmine en juillet 69 avec les premiers pas de l’homme sur la lune (même si Johnson qui a veillé sur le projet n’est plus président).
Très contesté pour sa politique au Vietnam, il décide de ne pas se représenter en 1969. Il demeure dans l’imaginaire américain, un personnage un peu secondaire parmi les présidents américains, s’étant fourvoyé dans le choix de l’engagement au Vietnam.
Richard M. Nixon
Républicain (janvier 1969 – août 1974)
Nixon est un des rares présidents américains a avoir tenté plusieurs fois d’être élu. Vice-président d’Eisenhower (et déjà mouillé dans une affaire de corruption à cette époque), il a surtout été candidat malheureux face à Kennedy. Après cet échec il connaît une traversée du désert avant de prendre la tête de la contestation républicaine face à la politique sociale de Johnson et de recevoir le soutien des milieux conservateurs effrayés par les hippies et la contre-culture des années 60.
Elu en 69, il continue dans un premier temps la politique de guerre au Vietnam intensifiant même les bombardements contre les bases communistes y compris au Cambodge voisin. Puis en 72, conscient de l’échec de cette guerre, il finit par négocier la paix. De même il soutient l’installation de régimes militaires en Amérique Latine notamment au Chili. D’un autre côté, il se lance aussi dans une grande politique de rapprochement avec la Chine et encourage la détente avec l’URSS par des pourparlers de désarmement comme les accords SALT qui limitent le nombre de missiles nucléaires.
Malgré la défaite du Vietnam, il reste très populaire car les boys rentrent au pays. Réélu en 1972, il est rattrapé par le scandale du Watergate. Des cambrioleurs sont arrêtés dans le QG de campagne du parti démocrate dans l'immeuble du Watergate à Washington alors qu’ils sont en train de poser des micros. Il apparaît vite que ces hommes sont des membres du parti républicain qui tentent d’espionner le camp d’en face. Deux journalistes, renseignés par des fuites venant de membres de l’administration présidentielle, démontrent l’implication de Nixon lui-même dans cette affaire. Une commission d’enquête parlementaire demande à entendre Nixon qui nie avoir donné l’ordre de cette opération. On découvre alors tout un tas d’autres pratiques douteuses comme des écoutes illégales organisées par la Maison Blanche. Aux yeux de l’opinion, il devient « Dick le tricheur » qui entache la respectabilité des institutions américaines par ses combines. Ayant menti à une commission d’enquête, il risque la destitution. Une procédure d’impeachment est pour la première fois dans l’histoire lancée contre le président qui préfère démissionner en août 74. Il est remplacé par son vice-président Gerald Ford.
Pour les américains, Nixon reste le symbole de l’affaiblissement moral et politique des Etats-Unis au milieu des années 70. C’est le moment où ceux-ci, frappés par la crise économique traversent l’une des périodes les plus désenchantée de leur histoire…
L'article de bricabraque sur ce sujet
Pour en savoir plus sur les présidents américains.