Les premiers temps de la guerre froide virent aux Etats-Unis l’explosion d’une véritable paranoïa anti-communiste. Dès 1946 et les prémices de la rupture entre les deux anciens alliés, l’inquiétude grandit au sein du gouvernement Truman. Il existait aux Etats Unis un parti communiste, certes minuscule, mais bénéficiant de nombreuses sympathies dans les milieux intellectuels et ouvriers. Dans le même temps les services secrets découvrirent l’existence de réseaux d’espionnage soviétiques bien implantés aux Etats-Unis y compris dans des secteurs sensibles comme la recherche nucléaire (nous reparlerons de l’affaire Rosenberg et des espions atomistes).
La commission sur les « activités anti-américaines » (House Committee on Un-American Activities) qui enquêtait pendant la guerre sur les individus aux sympathies nazies ou fascistes se consacre désormais uniquement à débusquer les communistes et pour cela mène des enquêtes sur tous les milieux soupçonnés d’être un peu trop à gauche : syndicats, mouvements pour les droits civiques des Noirs mais aussi université ou industrie du cinéma. Le tout à l’instigation du sulfureux J. Edgar Hoover, le patron et créateur du FBI, conservateur et anticommuniste convaincu (mais aussi raciste notoire et adepte des écoutes téléphoniques pour faire chanter les gens. Un personnage central et pourtant méconnu des Etats Unis de cette époque dont j’essaierai aussi de vous reparler).
C’est dans ce climat que Joe Mc Carthy, sénateur républicain du Wisconsin, se fait connaître en 1950 lorsqu’il déclare posséder la liste de hauts fonctionnaires américains membres du parti communiste. Une révélation qui fit sensation dans les médias et propulse aussitôt Mac Carthy sur le devant de la scène. Les accusations portées reposaient pour la plupart sur des dossiers quasiment vides où de simples déclarations de sympathie pour des luttes syndicales ou des mouvements ouvriers vous cataloguaient automatiquement comme agent subversif.
Mac Carthy, qui a une formation d’avocat s’entoure d’une équipe d’enquêteurs « anti-communistes » qui convoque les accusés dans de spectaculaires commissions d’enquête où il ne recule pas devant l’intimidation, l’insinuation voire la falsification des preuves. Bien que brutal, il est très à l’aise avec les médias et devient vite populaire, se présentant comme une sorte de rempart contre la menace rouge. De plus même si ses dossiers sont souvent vides il inspire une véritable peur qui lui permet de s’attaquer à des personnalités connues comme le Général Marshall (instigateur du Plan du même nom) jugé trop pacifiste et de se voir promis aux plus hautes fonctions. Sa campagne qui cherche à montrer que le parti démocrate de Truman est « trop mou » face à la menace communiste permet aux républicains menés par Eisenhower de prendre le pouvoir en 1952.
Caricature dénonçant les excès
du Comité sur les activités anti-américaines.