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22 octobre 2007 1 22 /10 /octobre /2007 02:27


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Les premiers temps de la guerre froide virent aux Etats-Unis l’explosion d’une véritable paranoïa anti-communiste. Dès 1946 et les prémices de la rupture entre les deux anciens alliés, l’inquiétude grandit au sein du gouvernement Truman. Il existait aux Etats Unis un parti communiste, certes minuscule, mais bénéficiant de nombreuses sympathies dans les milieux intellectuels et ouvriers. Dans le même temps les services secrets découvrirent l’existence de réseaux d’espionnage soviétiques bien implantés aux Etats-Unis y compris dans des secteurs sensibles comme la recherche nucléaire (nous reparlerons de l’affaire Rosenberg et des espions atomistes).

 
 
 

La commission sur les « activités anti-américaines » (House Committee on Un-American Activities) qui enquêtait pendant la guerre sur les individus aux sympathies nazies ou fascistes se consacre désormais uniquement à débusquer les communistes et pour cela mène des enquêtes sur tous les milieux soupçonnés d’être un peu trop à gauche : syndicats, mouvements pour les droits civiques des Noirs mais aussi université ou industrie du cinéma. Le tout à l’instigation du sulfureux J. Edgar Hoover, le patron et créateur du FBI, conservateur et anticommuniste convaincu (mais aussi raciste notoire et adepte des écoutes téléphoniques pour faire chanter les gens. Un personnage central et pourtant méconnu des Etats Unis de cette époque dont j’essaierai aussi de vous reparler).

 
Dans tous les milieux, des comités de surveillance recueillant de nombreuses dénonciations se multiplient à la fin des années 40. Ces comités reçoivent le soutien financier d'influents industriels (parmi les plus connus Howard Hugues ou Walt Disney). On établit des listes noires de gens soupçonnés de sympathies communistes. Charlie Chaplin jugé trop à gauche à cause de films comme « Les Temps Modernes » doit s’exiler en Europe. On surnomme cette période « The Red Scare » : la terreur rouge. La peur s’installe : Les Reds ou les Commies (surnoms des communistes) sont partout !
 
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C’est dans ce climat que Joe Mc Carthy, sénateur républicain du Wisconsin, se fait connaître en 1950 lorsqu’il déclare posséder la liste de hauts fonctionnaires américains membres du parti communiste. Une révélation qui fit sensation dans les médias et propulse aussitôt Mac Carthy sur le devant de la scène. Les accusations portées reposaient pour la plupart sur des dossiers quasiment vides où de simples déclarations de sympathie pour des luttes syndicales ou des mouvements ouvriers vous cataloguaient automatiquement comme agent subversif. 

 

topics21-2326.jpgMac Carthy, qui a une formation d’avocat s’entoure d’une équipe d’enquêteurs « anti-communistes » qui convoque les accusés dans de spectaculaires commissions d’enquête où il ne recule pas devant l’intimidation, l’insinuation voire la falsification des preuves. Bien que brutal, il est très à l’aise avec les médias et devient vite populaire, se présentant comme une sorte de rempart contre la menace rouge. De plus même si ses dossiers sont souvent vides il inspire une véritable peur qui lui permet de s’attaquer à des personnalités connues comme le Général Marshall (instigateur du Plan du même nom) jugé trop pacifiste et de se voir promis aux plus hautes fonctions. Sa campagne qui cherche à montrer que le parti démocrate de Truman est « trop mou » face à la menace communiste permet aux républicains menés par Eisenhower de prendre le pouvoir en 1952.

 
Paradoxalement s’il est soutenu par une frange importante du parti républicain, Eisenhower s’en méfie et cherche à s’en débarrasser surtout qu’il s’en prend ouvertement à l’armée (Eisenhower est le général qui a commandé les forces américaine pendant la guerre). D’autant que de plus en plus de gens commencent à trouver que ses interventions sont beaucoup trop violentes et haineuses, ne reposant pas sur grand-chose et violant de plus en plus les droits constitutionnels des américains, notamment celui de pouvoir prétendre à un jugement équitable.
 
 
Sa campagne et son ambition devenue excessive finissent par faire peur. Il est mis en accusation par le Sénat à son tour pour avoir tenté d’obtenir un traitement de faveur pour l’un de ses bras droits, appelé à faire son service militaire. Lors de l’audience qui est télévisée, il apparaît odieux, invectivant les sénateurs et provoque une réaction de rejet du public.huac.jpg
 
Lâché par ses anciens amis, condamné par le Sénat, il est décrédibilisé et retombe aussitôt dans l’anonymat. Il meurt en 57 rongé par une maladie du foie liée à un alcoolisme que son échec n’a fait qu’amplifier.

Dans le même temps la frénésie anti-communiste ralentit et devient moins spectaculaire. Elle a fait beaucoup de dégâts, de 47 à 54 près de 8000 fonctionnaires ont été révoqués ou poussés à la démission, des dizaines d’écrivains ou de cinéastes se retrouvent interdits d’expression, installant un climat de suspicion. Une expression va aussi désigner cette époque : La chasse au sorcières. En efffet, Les Sorcières de Salem est une pièce de théâtre d'Arthur Miller (The Crucible, en anglais) écrite, publiée et jouée pour la première fois en 1953. Dans cette pièce, Miller utilise le procès des sorcières de Salem où au XVIIème siècle, des femmes furent accusées de sorcellerie et brûlée dans une atmosphère de folie religieuse, comme une allégorie du maccarthisme. Miller fut lui-même interrogé par le House Committee on Un-American Activities (Comité sur les activités anti-américaines) en 1956.                                                           

"Tout va bien... Nous chassons les communistes"
Caricature dénonçant les excès
du Comité sur les activités anti-américaines.

sources iconographiques : tagg.org moderntimes
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commentaires

M
Merci pour l'info.<br /> A bientôt
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M
Vos messages sont très intéressants.<br /> Il se trouve que je cherchais la caricature de Herbert Bloch. Où l'avez-vous trouvée ?<br /> J'ai entendu une conférence à Blois sur le débat Nixon-Kennedy de 1960 où l'intervenant l'utilisait.<br /> Avec votre accord, je l'utiliserais pour un prochain message.
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M
Merci pour le commentaire, j'ai parfois tendance à ne pas toujours citer mes sources surtout quand je cherche des illustrations sur des sites étrangers. C'est un tort qui peut parfois jouer des tours.J'ai trouvé ce dessin dans sur un site américain Moderntimes parlant de l'âge d'or d'Hollywood Voici l'adresse de la pagehttp://www.moderntimes.com/blacklist/