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5 février 2009 4 05 /02 /février /2009 15:11

L’Egypte, ancien protectorat britannique, a acquis officiellement son indépendance en 1922. C’est une monarchie théoriquement autonome, mais où la présence occidentale reste forte. Dans la réalité, le pays, qui n’a pas encore développé son industrie touristique est économiquement aux mains des occidentaux. La principale source de revenu du pays, le Canal de Suez est contrôlée par un consortium franco-britannique qui l’a fait construire au XIXème siècle et récolte de juteux droits de passage pour tous les bateaux qui transitent par ce point. 50 % du pétrole vers l'Europe passe par ce canal. Les franco-britanniques ne reversent qu’une part infime de ces bénéfices à l’état égyptien.

 

En 1954, un groupe de jeunes officiers ambitieux renverse la monarchie corrompue du roi Farouk Ier. Parmi ces militaires émerge la figure de Gamal Abdel Nasser, jeune lieutenant-colonel qui s’illustra lors de la guerre israélo-arabe de 1948 et qui revendique la nécessité d’une union des peuples arabes ainsi qu'une certaine méfiance envers un Occident accusé de soutenir Israël, sans toutefois succomber aux sirènes du communisme.

                  Nasser proclamant la nationalisation du canal aux Egyptiens


Devenu président en 1954, Nasser, est une figure charismatique qui devient le porte étendard du nationalisme arabe
, laïque car partisan d’un islam contrôlé par un pouvoir politique fort, moderniste et favorable à une solidarité avec le Tiers Monde. En 1955, à la conférence de Bandung, il est un de ceux qui soutient l’idée de trouver une voie originale entre Etats-Unis et URSS pour les pays nouvellement décolonisés.

 

Pour trouver cette liberté politique, il faut l’indépendance économique. C’est la raison pour laquelle Nasser envisage un grand projet qui doit permettre la croissance agricole et la modernisation de l’Egypte à pas de géant. Un projet pharaonique (c’est le cas de la dire) : la construction d’un gigantesque barrage à Assouan dans le Sud du pays qui doit canaliser les eaux du Nil pour permettre de contrôler ses crues et de développer l’agriculture intensive (notamment du coton)  ainsi que de fournir le pays en électricité. Il existait bien un vieux barrage construit par les britanniques au début du siècle mais celui-ci ne répondait plus aux besoins de l'Egypte moderne.

 

Construire le plus grand barrage de son temps coûte cher et Nasser démarche les banques anglo-américaines sans succès. Pourtant les américains avaient soutenus par le passé ce jeune militaire prometteur mais celui-ci manifeste un peu trop d'indépendance par rapport aux Etats-Unis, notamment en nouant des accords commerciaux avec certains pays du bloc de l'Est. Les banques, poussées par le gouvernement américain qui veut donner une leçon à un Nasser dont les positions trop libres par rapport aux deux blocs irritent, veulent imposer une surveillance budgétaire étroite de l'état égyptien. Les soviétiques acceptent secrètement d’apporter leur aide au projet, mais le problème du coût financier demeure. C’est la raison pour laquelle en juillet 56, Nasser décide de nationaliser la principale ressource de l’Egypte : le canal de Suez. L’armée égyptienne prend possession du canal et contrôle la circulation .De plus les bateaux israéliens sont désormais interdits de passage.


"La pauvreté n'est pas une honte, mais c'est l'exploitation des peuples qui l'est.
Nous reprendrons tous nos droits, car ces fonds sont les nôtres, et ce canal est la propriété de l'Egypte. (...) Nous construirons le Haut-Barrage [d'Assouan] et nous obtiendrons tous les droits que nous avons perdus. Nous maintenons nos aspirations et nos désirs. Les 35 millions de livres [monnaie égyptienne] que la Compagnie encaisse, nous les prendrons, nous, pour l'intérêt de l'Egypte. (...)
En quatre ans, nous avons senti que nous sommes devenus plus forts et plus courageux, et comme nous avons pu détrôner le roi le 26 juillet [1952], le même jour nous nationalisons la Compagnie du canal de Suez. Nous réalisons ainsi une partie de nos aspirations et nous commençons la construction d'un pays sain et fort.
Aucune souveraineté n'existera en Egypte à part celle du peuple d'Egypte, un seul peuple qui avance dans la voie de la construction et de l'industrialisation, et un bloc contre tout agresseur et contre les complots des impérialistes. (...) Nous sommes aujourd'hui libres et indépendants.
Aujourd'hui, ce seront les Egyptiens comme vous qui dirigeront la Compagnie du canal, qui prendront consignation de ses différentes installations, et dirigeront la navigation dans le canal, c'est-à-dire dans la terre d'Egypte." 
Nasser, lors de la nationalisation du canal (source : Cliotexte)

Pour les britanniques et les français, c’est une atteinte intolérable à leurs droits. Encouragé par les milieux d'affaire, le Premier Ministre anglais, Anthony Eden fait le rapprochement entre le nationalisme arabe et le fascisme d'avant guerre et n’hésite pas à surnommer Nasser, le "Mussolini du Nil". Rapidement l’idée de récupérer le canal par la force se fait jour. Pour les français, cela permettrait aussi de frapper un pays qui soutient ouvertement les indépendantistes algériens et qui n’hésite pas à les ravitailler en armes.

La politique nationaliste de Nasser met l'accent sur la lutte contre l'état hébreu pour soutenir les palestiniens et comme  l'Egypte achète massivement des armes, notamment auprès de la Tchécoslovaquie communiste, l'idée d'une frappe préventive fait son chemin à Tel Aviv. Le Premier Ministre David Ben Gourion, (le vieux lion israélien comme on le surnomme à l'époque) en a fait une doctrine: désormais le peuple juif "ne se laissera pas conduire au massacre comme du bétail". A Sèvres, dans la banlieue parisienne, une réunion secrète permet aux anglais, aux français et aux israéliens d’établir un plan visant à récupérer le Canal et à chasser Nasser du pouvoir.



La presse française plus modérée que ses confréres anglais mais qui n'hésite pas à lier Nasser aux neonazis allemands. 

Israël doit donc attaquer l'Egypte sur le canal. La France et la Grande Bretagne ordonneraient alors aux belligérants d'évacuer la zone et pour appuyer cette injonction expédieraient une  "force d'interposition" pour récupérer Suez et en profiter pour renverser le gouvernement.

 

L'affaire est rondement menée. Le 29 octobre 1956, l’armée israélienne traverse le désert du Sinaï et fond sur le Canal détruisant par surprise les infrastructures militaires égyptiennes. Aussitôt une escadre franco-britannique forte de 155 navires arrive sur place et somme les deux belligérants d’évacuer Suez. Comme Nasser refuse logiquement de partir, les troupes occidentales bombardent Port Saïd, débarquent et mettent en déroute ce qui reste de l’armée égyptienne avant de commencer à se diriger vers le Caire.

 

Si sur le terrain, l’offensive est une victoire, sur le plan diplomatique, l’affaire tourne vite à la catastrophe pour les franco-britanniques. L’ONU où les pays issus de la décolonisation ont un poids croissant appelle à la fin des combats et tape du poing sur la table. Elle crée même une armée multinationale spéciale la Force d’Urgence des Nations Unies pour séparer les combattants. Pour être reconnue plus facilement les casques de ce bataillon seront peints en bleus. C’est la création réelle de l’armée de l’ONU qui prendra logiquement le nom de " Casques bleus ".





 

 

L'armada française vers Suez (photo issue du site d'un militaire ayant participé à cette opération)


L’URSS logiquement soutient l’Egypte et menace même de recourir à l’arme nucléaire (un bluff car ils savent que l’OTAN riposterait). Pour elle, cette crise arrive à point nommé car elle permet d’occuper les caméras du monde entier pendant qu’elle écrase dans le même temps la révolte hongroise. Plus surprenant les Etats-Unis, décidé à ne pas apparaître comme soutenant trop ouvertement les puissances colonisatrices, ordonnent à la France et à la Grande Bretagne de se retirer et pour appuyer leur décision font chuter le cours de la Livre Sterling à la bourse de New York.

 

Isolés, déconsidérés, les occidentaux doivent partir et Nasser sort diplomatiquement grandi de ce conflit. Il apparaît comme le leader arabe capable de tenir tête à l’occident, favorisant la cause du Tiers Monde. Malgré la défaite militaire, il devient un modèle pour tout le monde arabe et peut construire son barrage avec l’aide des soviétiques.

 

Israël a durablement affaibli le potentiel militaire de l’Egypte et en a profité pour s’emparer de la bande de Gaza et du désert du Sinaï tout en développant un partenariat économique et militaire avec la France qui lui permettra de moderniser son armée et à terme de créer avec l’aide de notre pays sa propre bombe atomique. Mais cela amplifie les tensions entre juifs et arabes, l’importante communauté juive égyptienne, pourtant présente depuis l’antiquité est désormais vue comme un groupe de traître à la solde d’Israël par le pouvoir égyptien et doit fuir précipitamment le pays.

 Caricature soviétique montrant le lion britannique et le coq français ridiculisés par le sphynx égyptien. 

L’équilibre des forces au sein du camp occidental est profondément bouleversé. Les Etats-Unis ont bien fait comprendre aux européens qu’ils sont désormais les seuls vrais patrons du bloc occidental. Les anglais, qui du temps de Churchill pouvaient paraître les co-leaders de l’Ouest vont désormais se ranger aux ordres de Washington. De son côté, la France commence à vouloir développer sa propre défense autonome, politique amplifiée lors de l’arrivée de de Gaulle au pouvoir en 1958.

 

Au passage la fragilité du commerce mondial apparaît aussi à ce moment là car 40 bateaux ayant été coulés dans le Canal il faudra un an pour que les égyptiens puissent rouvrir celui-ci. Le commerce pétrolier s’en trouve désorganisé et les prix du carburant flambent.

 

               Les navires coulés par les égyptiens pour bloquer le passage du canal

Cette crise marque donc à la fois l’émergence des pays issus de la décolonisation dans la politique internationale, l’essor de l’ONU qui apparaît enfin légitime pour régler les conflits mondiaux mais aussi l’affaiblissement de l’Europe face aux deux grands qui contrôlent désormais la diplomatie mondiale.

            L'ONU s'installe durablement dans la région pour essayer de garantir la paix.

Sources : Wikipedia/  European Navigator/  Service historique de la Défense/ Hérodote.net 



Un intéréssant documentaire détaillant l'ensemble de cette crise.

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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 12:59



Bon comme je n'ai pas de S cette année, j'ai assez peu travaillé sur la colonisation mais la décolonisation, elle vient d'être mise au propre dans les parcours thématiques ES/L et S. ca devrait vous aider un peu pour les révisions.

Et bien sûr n'oubliez pas les quizz sur ces deux sujets que vous retrouverez dans la rubrique correspondante.

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25 janvier 2009 7 25 /01 /janvier /2009 23:17

 

"Nous sommes unis par la haine du colonialisme, sous quelque forme qu’il apparaisse ; nous sommes unis par la haine du racisme et par la détermination commune de préserver et de stabiliser la paix dans le monde." 
Soukarno dans son discours d’ouverture de la conférence de Bandung

 


Du 18 au 24 avril 1955 se tient à Bandung en Indonésie la première conférence internationale réunissant les pays d’Asie et d’Afrique nouvellement issus de la décolonisation. 29 pays qui viennent pour la plupart d’accéder à l’indépendance et qui comptent bien désormais peser dans la politique internationale. Des pays que l’économiste Alfred Sauvy, dans un article du Nouvel Observateur de 1952 venait de désigner sous le terme de Tiers Monde, en référence au Tiers Etat qui avait provoqué la Révolution française.
"(…) car enfin, ce tiers monde ignoré, exploité, méprisé comme le tiers état, veut lui aussi, être quelque chose "

 

L’idée d’une grande conférence des mouvements d’indépendance est apparue pendant la seconde guerre mondiale, mais n’a pu véritablement se concrétiser qu’à partir du moment où des pays accédent à la liberté dans les années 50.


                                         Le Hall de conférence de Bandung 


5 pays asiatiques nouvellement indépendants vont être à l’origine de ce projet. En 1954, les dirigeants de l’Inde, de Ceylan (devenue Sri Lanka), de la Birmanie, de l'Indonésie et du Pakistan se réunissent à Colombo (Sri Lanka) puis Bogor (Indonésie) afin d’accélérer la fin de la guerre d’Indochine en encourageant l’indépendance de celle-ci. L’idée commence à germer d’essayer de faire une union des pays du tiers monde pour faire front commun face à la colonisation et pour s’entraider économiquement

 

 Le 18 avril 1955, comme le montre la carte, vingt-trois pays d’Asie et six d’Afrique (les seuls à être indépendants à ce moment là, si on excepte l’Afrique du sud et la Rhodésie entre les mains des anciens colons blancs.) se rencontrent dans la ville Indonésienne de Bandung (écrit aussi Bandoeng) et appellent solennellement à une décolonisation générale de l’Afrique et à la création d’un espace d’entraide entre le pays en voie de développement.

 


C’est l’occasion d’une grande conférence très médiatisée qui, pour la première fois, permet aux pays d’Asie et d’Afrique de s’affirmer dans le débat international.

Parmi ces invités quatre d’entre eux se détachent comme figures charismatiques qui mènent les débats. Ahmed Soukarno, leader indonésien et puissance invitante. Il est clairement pro-occidental mais, après avoir obtenu l’indépendance face aux néerlandais il soutient les mouvements qui luttent contre la tutelle coloniale. Gamal Abdel Nasser pour l’Egypte, qui symbolise le nationalisme arabe, Jawarharlal Nehru qui a succédé à Gandhi en Inde et qui veut mettre en avant la nécessité d’une union et d’une lutte par des moyens pacifique. Enfin Zhou Enlai, premier ministre chinois fort du prestige et de la puissance numérique de la Chine populaire.


                     Nasser, Soukarno et Nehru trinquant au succés de la conférence


Une charte en 10 point largement inspirée par Nehru est signée au bout d’une semaine de débats.

"En vérité, toutes les Nations devraient avoir le droit de choisir librement leurs propres systèmes politique et économique et leur propre mode de vie, conformément aux principes et aux buts des Nations Unies.

Libérées de la méfiance, de la crainte, faisant preuve de bonne volonté mutuelle, les Nations devraient pratiquer la tolérance, vivre en paix dans un esprit de bon voisinage et développer une coopération amicale sur la base des principes suivants :

 

1) Respect des droits humains fondamentaux en conformité avec les buts et les principes de la Charte des Nations Unies ;

2) Respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de toutes les Nations ;

3) Reconnaissance de l'égalité de toutes les races et de l'égalité de toutes les Nations, petites et grandes ;

4) Non-intervention et non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays ;

5) Respect du droit de chaque Nation de se défendre individuellement ou collectivement conformément à la Charte des Nations Unies ;

6) Refus de recourir à des arrangements de défense collective destinés à servir les intérêts particuliers des grandes puissances quelles qu'elles soient ; refus par une puissance quelle qu'elle soit d'exercer une pression sur d'autres ;

7) Abstention d'actes ou de menaces d'agression ou de l'emploi de la force contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique d'un pays ;

8) Règlement de tous les conflits internationaux par des moyens pacifiques, tels que négociation ou conciliation, arbitrage ou règlement devant les tribunaux, conformément à la Charte des Nations Unies ;

9) Encouragement des intérêts mutuels et coopération ;

10) Respect de la justice et des obligations internationales. (...)"

(source Cliotexte : pour avoir le texte intégral


                                                                Zhu En Lai, Soukarno et Nasser


S’il fallait les résumer : c’est un pacte de non-agression entre les participants, en respectant les souverainetés de chacun. Au contraire on promeut le soutien et l’entraide notamment devant les Nations Unis qui peuvent permettre la garantie des droits de chacun.  Il est aussi décidé de se rencontrer régulièrement pour pouvoir poursuivre cet élan initié à Bandung.
 

Par contre, dès qu’il s’agit de trouver un accord sur une position commune entre l’URSS et les Etats-Unis, les choses sont plus difficiles : les pays communistes (Chine, Vietnam du Nord), les pro-occidentaux (Indonésie, Pakistan, Turquie) et ceux qu’on peut appeler les neutres (Inde, Égypte) qui ne veulent pas s’engager clairement dans un camp ou l’autre. Si elle n’apparaît pas encore clairement dans Bandung l’idée d’une troisième voie indépendante entre les deux blocs rivaux de la guerre froide fait son chemin.


C’est l’année suivante que le concept de non-alignement est évoqué dans la conférence de Brioni, en 56 entre Nasser, Nehru et le président Yougoslave Tito. Il faudra attendre la conférence de Belgrade en 1961 pour que le terme apparaisse officiellement et que soit ce mouvement qui entend se placer comme une alternative entre les deux blocs puisse réellement prendre forme.


Mais miné par les mésententes internes entre ses dirigeants et par la difficulté de résister aux sirènes notamment financières des deux grands, ce mouvement des non alignés fera vite long feu. Les dissensions vont rapidement prendre le dessus sur les belles théories. Si des réunions des non alignés continuent jusqu’à nos jours, la solidarité du tiers monde reste bien plus théorique que réelle.

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18 janvier 2009 7 18 /01 /janvier /2009 23:06

Guerre oubliée, l’Indochine, "l’Indo" pour ceux qui l’ont vécue, reste un exemple parfait de décolonisation ratée, sur laquelle se greffent les enjeux de la guerre froide.

 


Notre présence dans la région remonte à la conquête des territoires d’Extrême Orient vers la fin du XIXème siècle. Initiée par Napoléon III, poursuivie par la IIIème république de Jules Ferry, l'annexion de plusieurs royaumes du Sud-Est asiatique va permettre à l’empire français de constituer  l’Indochine. A l’Ouest les protectorats du  Cambodge et du Laos, à l’Est les trois provinces du Tonkin, de l’Annam et de la Cochinchine, au départ royaumes indépendants, qui formeront plus tard le Vietnam.

 

La France y exerce une politique d'association : c'est-à-dire en théorie une tutelle discrète et plutôt souple, qui garantit dans la plupart des provinces le maintien de rois et d’administrations locales. Dans la réalité, il s’agit d’une colonisation assez classique, surtout centrée sur l’exploitation économique : riz, poivre, thé, opium (dont la culture est à l'époque autorisée à but médicinal mais qui génére bien des trafics) et surtout l’hévéa, c'est-à-dire le caoutchouc naturel. Les propriétaires de plantations peuvent compter sur une main d’œuvre nombreuse et corvéable à merci, les coolies. Appréciés pour leur endurance et leur docilité, beaucoup de vietnamiens partent pendant la première guerre mondiale comme main d’oeuvre ou soldat pour la métropole .


Les français sont peu nombreux (à peine 30 000 personnes sur les 22 millions de la colonie en 1940) et sur place, les investissements, voies ferrées, ports, villes se concentrent là où il y a des plantations et des débouchés économiques (Le Laos, enclavé est ainsi nettement moins développé que la Cochinchine où se trouve le grand port de Saïgon). Malgré cela il faut relever aussi la mise en place d’une politique sanitaire et scolaire réelle avec la création de très nombreuses écoles franco indigènes qui permettent l’alphabétisation d’une bonne partie du pays sur un modèle original garantissant le respect de la culture traditionnelle et  l’émergence d’une petite minorité de médecins ou  d’ingénieurs indochinois. (Photo : jour de paye dans une plantation d'hévéa, années 30)

 

Dès les années 30, des mouvements nationalistes, notamment d’inspiration communiste contestent la présence française. La figure d'Ho Chi Minh ("celui qui éclaire") se dégage progressivement comme leader des indépendantistes. Nguyen Sinh Cung,  qui prend le surnom de Ho Chi Minh lors de ses années de clandestinité, est un fils de lettré ruiné qui a fait des études en autodidacte en France et en Angleterre où il travaille comme technicien photo pour subvenir à ces besoins. Il s’engage dans le parti communiste en 1920 et quand il revient en Indochine dans les années 30 c’est avec l’idée d’y imposer l’indépendance et le marxisme. C’est lui qui fonde en 1941 la ligue pour l'indépendance du Vietnam abrégé en Viet Minh.

 

Lors de la seconde guerre mondiale, les japonais balayent la présence française en Indochine. Celle-ci reçoit l’ordre du gouvernement de Vichy de collaborer avec le Japon, comme la métropole le fait avec son allié allemand. Pour la première fois, des "blancs" doivent obéir à des "jaunes" et ce sont les mouvements nationalistes et notamment communistes qui animent la Résistance face à l’envahisseur, avec l’aide financière et militaire des Etats-Unis. L’armée française qui entend maintenir son contrôle de l’Indochine après la libération de la métropole est même chassée du pays par les japonais suite à de violent combats en mars 45.

 

Lorsque les japonais sont battus en 1945, le gouvernement français de de Gaulle entend bien revenir à la situation d’avant guerre mais sur le terrain, l’administration et l’armée française sont affaiblies et décrédibilisées. D’autant que le Vietminh dirigés par Ho Chi Minh, très implanté au Nord du pays s’est emparé des grandes villes et proclame unilatéralement l’indépendance le 2 septembre 1945.

 

L’intervention de la Chine dans le Nord du pays permet brièvement un rapprochement entre Ho Chi Minh et les français. En 1946, des négociations commencent à Fontainebleau. Le négociateur Jean Sainteny et Hô Chi Minh signent les accords du 6 mars 1946 pour permettre une indépendance effective tout en maintenant des liens forts, notamment économiques avec la France au Sein de l’Union Française. Ce que les britanniques feront de leur côté en Thaïlande et en Birmanie.

Le Cambodge et le Laos obtiennent de leur côté leur autonomie dans ce cadre, se dotant de régimes monarchiques directement hérités des protectorats. La présence française y étant très réduite, cette indépendance se fait sans heurts en 1949.

Le temps des négociations, le 24 mars 1946 - De gauche à droite : Hô Chi Minh, Jean Sainteny, le Général Leclerc et l'amiral d'Argenlieu

En Annam, Tonkin et surtout en Cochinchine, qui formèrent longtemps des royaumes rivaux et où les divisions internes sont plus profondes, la perspective d’une unification en un seul Vietnam est plus difficile à faire passer pour la bourgeoisie indigéne, surtout sous l’égide d’un parti communiste. Ces accords inquiètent aussi les tenants d’un maintien colonial traditionnel qui craignent d’être chassés de leurs postes ou de leurs terres.  D'autant que Ho ne cache pas son projet d'unifier les 3 "ki" (provinces) sous sa seule autorité.

 

Ce "parti colonial" suscite la création d’une république indépendante de Cochinchine au Sud, là où se trouvent la plupart des européens. Pour Ho Chi Minh c’est une provocation. Les incidents se multiplient sur le terrain entre l’armée française et les partisans du Viet Minh. Après une fusillade où des marins français sont tués lors de l’arraisonnement d’une jonque du Viet Minh, le haut commissaire en Indochine,  Thierry d’Argenlieu qui considère l'idée de négocier avec des communistes comme une reculade inacceptable, fait tirer par la marine français sur Haïphong où a eu lieu l’incident. Il y a 6000 morts. En retour, les partisans du Vietminh massacrent les européens présents à Hanoï leur fief. On estime à 400 le nombre des victimes et des disparus.

 

L’engrenage amène à la guerre. Fin 46, Ho Chi Minh appelle à la guérilla contre la présence française alors que la France expédie un corps expéditionnaire rétablir l’ordre. Avec la division de la guerre froide qui commence, les français reçoivent le soutien des américains, le Viet Minh celui de l’URSS puis en 1949 de la Chine devenue communiste.

 

L’armée française est bien organisée mais trop peu nombreuse malgré l’aide en armement américaine et les renforts des troupes anticommunistes cochinchinoises. Elle tient le Sud et les grands axes. En face le Vietminh, dirigé par le général Giap pratique une guérilla très inventive et efficace. Elle tient le Nord du pays et recrute dans les campagnes en jouant sur la fibre patriotique. L'«oncle Hô», comme on le surnomme lance une déclaration sans équivoque : «Luttez par tous les moyens dont vous disposez. Luttez avec vos armes, vos pioches, vos pelles, vos bâtons. Sauvez l'indépendance et l'intégrité territoriale de la patrie. Vive le Vietnam indépendant et indivisible. Vive la démocratie ». Elle se montre aussi redoutablement inventive et combative quand il s’agit de se fondre dans la jungle ou de se cacher entre deux coups de main. Les vélos transportant le matériel militaire russe ou chinois vont devenir l'un des symboles de cette armée populaire.

 

En France la guerre se déroule dans une relative indifférence, voire une certaine hostilité. Le parti communiste français ouvertement anticolonial apporte son soutien aux indépendantistes  et organise des grèves sur le port de Marseille pour empêcher le ravitaillement des troupes. Cette guerre coûteuse et mal engagée est une épine dans le flanc de la IVème république qui cherche d’abord à reconstruire le pays. De plus l'instabilité politique constante entraine des changements constants de choix stratégiques qui paralyse l'efficacité de l'armée française.

 

C’est l’armée de métier qui se bat, à laquelle s’ajoutent des volontaires, des troupes coloniales (notamment des algériens qui ensuite rejoindront les mouvements indépendantistes de leur pays une fois démobilisé en ayant appris la technique de la guérilla en combattant le Vietminh), voir même de nombreux allemands de la Wermarcht qui, après la seconde guerre mondiale, n'arrivent pas à se réacclimater à la vie civile et ont rejoint la légion étrangère française. Le contingent français culminera à 250 000 hommes.

 

La guerre s’enlise et s’avère meurtrière pour les deux camps qui commencent à partir des années 50 à vouloir négocier. Mais chacun cherche à être en position de force à la table de négociation et veut remporter une victoire marquante sur le terrain.


 

En 1953, l’Etat-Major français décide de frapper un grand coup en s’emparant de la cuvette de Dien Bien Phu pour empêcher les Vietnamiens de pénétrer au Laos. C’est de plus le seul endroit plat pour installer un aérodrome dans la région. Mais c’est aussi une vallée entourée de collines qui peut se transformer en piège pour les soldats retranchés.  Des milliers de parachutistes s’emparent de l’endroit et s’y fortifient. Mais les Vietnamiens dans des conditions extraordinairement difficiles, à dos d’homme ou à travers de tunnels creusés dans la boue des collines installent au sommet de celles-ci une artillerie qui s’abat sur les français pris au piège et détruit le terrain d’aviation.

 

Malgré une résistance héroïque de 57 jours les troupes françaises finissent par être submergées. Les prisonniers seront traités abominablement par le parti communiste indochinois qui veut rééduquer ces "impérialistes". Une marche de 1200 km au travers de la jungle avant d’être parqué dans des conditions atroces dans des camps où le taux de mortalité dépasse 60% sous la surveillance de commissaires politiques qui tentent d’endoctriner les survivants au marxisme.

 Les paras français, largués sur Dien Bien Phu

La chute de Dien Bien Phu marque la fin des espoirs français. Le Président du Conseil nouvellement élu  Pierre Mendès-France qui mène les négociations avec les représentants vietnamiens cherche à négocier le moins mauvais compromis. Ce sont les accords de Genève. Le Vietnam est séparé en deux suivant la ligne de front de l’époque. Le Nord communiste, le Sud devient un régime nationaliste et prétendument démocratique sous l’autorité de l’empereur Bao Dai, bien vite renversé par des militaires plus énergiques dans leur lutte contre le communisme et qui ont le soutien des Etats-Unis.

 

La France quitte la région, son entêtement et ses maladresses lui ont empêché de voir l’aspect inéluctable de la décolonisation du Vietnam. Le caractère communiste du Viet Minh ayant ensuite transformé ce conflit en une lutte d’influence entre les deux blocs. On estime qu’au total 500 000 personnes ont trouvé la mort lors du conflit dont 49 000 soldats français.

 

A peine les français partis, les deux Vietnam rentrent en conflit. Quelques années plus tard, les américains voulant soutenir le Sud Vietnam contre les communistes du Nord s’enferreront à leur tour dans cette région. ce sera la guerre du Vietnam.

Compléments sur le net:
Sur l'Indochine coloniale :belleindochine.free.fr très richement illustré
Les mémoires d'un soldat engagé dans cette guerre.
Le site commémoratif sur Dien Bien Phu

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11 mai 2008 7 11 /05 /mai /2008 23:59

Nous avons rapidement évoqué en cours  le cas de l'Afrique du Sud, ancienne colonie britannique, qui mit en place au XXème siècle un régime de ségrégation raciale qui leva contre lui l'opinion mondiale à partir des années 80. De nombreux artistes dénoncerent en chanson ce régime raciste qui, malgré l'indépendance du pays dès 1910, semblait continuer l'héritage de la colonisation.

L'histgeobox, le juke box historique mis en place par Mr Blottiere est dès lors l'indispensable outil pour évoquer cette situation au travers de 2 chansons : "Biko" de Peter Gabriel (par votre serviteur) et "Free Nelson Mandela " des Specials (par Julien Blottiere)...

Biko

Le 18 aout 1977, Steve Bantu Biko, fondateur du premier syndicat étudiant noir d’Afrique du Sud et militant anti-apartheid est arrêté par la police pour terrorisme. Le 12 septembre, celle-ci annonce sa mort, officiellement des suites d’une grève de la faim.

Personne n’est dupe, Biko est mort à la suite des sévices courants dans les prisons sud-africaines. Le scandale va durement toucher la crédibilité du régime de Pretoria et symboliser les déchirements d'une société qui vit séparée par couleurs.
.

Le pays en effet est une mosaïque ethnique. Il fut colonisé par les portugais puis par des hollandais avant d’être conquis par la force au début du XXème siècle par les britanniques. L’Afrique du Sud vit sous un régime de séparation raciale stricte doublé d’une rivalité entre blancs eux mêmes... 
La suite sur Histgeobox







Free Nelson Mandela

En 1924, le parti national afrikaner, défenseur de la minorité blanche et partisan de la ségrégation raciale, arrive au pouvoir. Il met en place une politique appelée "apartheid". Il s'agit d'un ensemble de mesures visant à limiter les droits des noirs et à les séparer des blancs.

Après des études de droit à Johannesburg, Nelson Mandela rejoint le Parti du Congrès national africain (ANC) pour lutter contre la domination sans partage des blancs. Le parti dénonce la répression policière féroce qui atteint son point culminant avec le massacre de Sharpeville en 1960 (69 individus y sont tués).

L'ANC lance alors un appel à la lutte armée. Aussitôt le parti est interdit et ses dirigeants emprisonnés. Mandela est ainsi arrêté en 1962, condamné à 5 ans de prison en 1963, puis à la prison à perpétuité sur l'île Roben en 1964...

La suite sur Histgeobox

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2 mai 2008 5 02 /05 /mai /2008 18:04

" Œil pour œil rend le monde entier aveugle. "

 

Mohandas Gandhi, père spirituel de l’indépendance indienne et fondateur du concept de non-violence en politique. Il illustre à merveille les difficultés rencontrées par ceux qui vont essayer  de secouer le joug colonial pour finir assassiné, non par les britanniques, mais par un hindouiste.

Les Indes sont en effet la perle de l’empire britannique depuis sa conquête progressive tout au long au XIXème siècle. C’est un territoire immense morcelé en un tas de principautés en principe semi-indépendante sous l’autorité anglaise et c’est surtout une mosaïque de peuples, de langues et de religions.

Il naît dans une famille de la caste des marchands,  l'une plus haute de la très rigide et inégalitaire société indienne où votre naissance détermine souvent vos possibilités d’évolution sociale. Etant issu d’une famille très pieuse, la religion fera toujours partie de sa philosophie. Il est en effet élevé dans une foi hindouiste très forte et très traditionaliste (bien que très tolérante envers les autres formes religieuses indiennes), tournée vers le respect de toute forme de vie et l'obéissance à une morale religieuse très forte. Il est aussi marié par sa famille à 13 ans à Kasturba, fille de bonne famille du même âge…

Comme beaucoup de futurs leaders indépendantistes, il est issu d’une famille aisée qui travaille avec les britanniques. Ce qui lui permet d’avoir accès à un privilège fort rare pour les populations indienne : des études en Angleterre pour devenir avocat à l'University College de Londres. Il y fait de bonnes études, s’y occidentalise tout en fréquentant des cercles étudiants philosophiques qui lui font prendre conscience des différences entre les grands principes du droit qu’il apprend et la réalité de la vie dans son Inde natale. Il s’intéresse aussi aux autres religions, christianisme, islam et approfondi sa connaissance de l’hindouisme.

 

Reçu comme avocat, il part pour l’Afrique du Sud défendre les intérêts d’une entreprise indienne sur place. Là, choqué par la violence du racisme dans ce pays où la discrimination raciale est dans la loi, il prend fait et cause pour les travailleurs indiens exploités dans les champs et dans les mines d’Afrique australe. Il va y rester vingt ans, de 1894 à 1914 et réussir à obtenir la reconnaissance des droits des travailleurs indiens, non sans problème puisqu’il échappe de peu à un lynchage en 1904 et fait plusieurs séjours en prison.

C’est là qu’il va développer ses méthodes non violentes pour parvenir à ses fins. Abandonnant ses vêtements occidentaux, il va se raser la tête, porter le sari traditionnel et chose inouïe pour un membre d'une haute caste, travailler de ses mains et faire lui même les taches les plus dégradantes comme nettoyer ses toilettes ce qui était réservé aux basses castes considérées comme impures comme les intouchables, véritables parias de la société indienne.  Il va pouvoir essayer de les appliquer dans son pays une fois rentré en Inde. Il s’engage dans la vie politique au sein du parti du congrès et sa personnalité atypique va lui permettre de voir son audience et ses partisans grandir malgré la prison qui l’accueille régulièrement quand il s’oppose aux volontés britanniques. A ses côtés s’engage Jawaharlal Nehru est l'autre figure de l'indépendance de l'Inde. Très tôt engagé dans le Parti du Congrès aux côtés de Gandhi,  il restera un très proche collaborateur malgré les divergences profondes qui les séparaient.

Sa force c’est la désobéissance civile. Un refus systématique mais non-violent de se plier aux règles du colonisateur britannique par des grèves régulières, des manifestations de masse spectaculaires ou profitant du nombre croissant de ses sympathisants, il bloque les rues lorsque des milliers d’indiens se couchent par terre en signe de protestation.

 

Il sait parfaitement jouer de l’intérêt croissant que lui portent le médias du monde entier. La vision de cet homme frêle et souriant qui vit en ascète  dans son ashram (ferme collective) se révoltant pacifiquement contre l’autorité anglaise lui vaut l’écoute des journaux et la venue de partisans du monde entier. Il ne manque jamais de donner un écho médiatique à toutes ses actions accroissant leur effet. Il va ainsi faire un voyage à Londres en 1931, où devant tous les photographes, il rencontre le roi, toujours habillé en sari traditionnel et où il va voir les ouvriers des usines de textile anglaises pour leur expliquer que le boycott n’est pas dirigé contre eux.


La marche du sel.


Il appelle au boycott des produits anglais, encourageant par l’exemple chaque indien à produire ses aliments et ses vêtements lui même sans les acheter dans les boutiques du colonisateur.

En 1930, Gandhi lance une « Marche du sel », vers les marais salants de Jabalpur, en effet, le gouvernement britannique détient le monopole du sel qui lui rapporte une petite fortune utilisée pour l'entretien des troupes chargées de maintenir l'ordre en Inde. Malgré l’interdiction du pouvoir colonial, il récolte du sel sur la plage, puis s’empare pacifiquement des dépôts de sel du gouvernement anglais. Tout au long de la marche, Gandhi diffuse une liste de règles religieuses du comportement non-violent qui sont scrupuleusement respectées. Les manifestants sont frappés ou arrêtés, mais devant leur absence de réaction, la volonté répressive s’émousse et les gouverneurs anglais reculent.

 

"Je n'aime pas le mot tolérance, mais je n'en trouve pas de meilleur "

 

Il cherche à obtenir une unité de son pays, que ce soit la fin du système des castes, en prenant fait et cause pour les exclus du pays considérés comme des moins que rien. C’est ainsi qu’en 1932, il entame une grève de la faim à mort contre l'intouchabilité, "une tache honteuse" et obtient sa suppression dans leur mise à l’écart de la société… dans la loi en tout cas car les mentalités mettront beaucoup plus de temps à évoluer. Que ce soit aussi du point de vue des minorités. Il se heurte aussi aux rivalités ethniques et religieuses notamment avec Ali Jinnah qui représente les musulmans du pays inquiets de leurs droits face à une majorité hindouiste tentée par la violence.

 

Pendant la 2nde guerre mondiale, il annonce que  l'Inde ne peut pas participer à une guerre ayant pour but la liberté démocratique, alors que cette liberté lui est refusée et lance la campagne « Quit India » intensifiant les demandes d’indépendance. Il est encore jeté en prison mais les britanniques prennent conscience que l’indépendance est devenue inéluctable.
                                                                                                                         Jinnah et Gandhi

Préparée par le dernier vice-roi des Indes, Lord Mountbatten, l’indépendance se heurte vite au morcellement du pays. Notamment les revendications d’Ali Jinnah et des musulmans qui réclament un état indépendant. Les violences intercommunautaires éclatent et des populations commencent à être expulsées de chez elles pour « homogéneiser » ethniquement ou religieusement certaines provinces. Malgré les appels à la paix de Gandhi, la partition du pays entre régions musulmanes et hindouistes s’avère la seule solution.

Le 15 août 47, l’indépendance et la partition entre Inde et Pakistan est proclamée.


Aussitôt éclatent des affrontements et un exode des populations qui se prolonge en une terrible guerre civile où les victimes seraient entre un et deux millions. Gandhi tente d’arrêter le massacre en menaçant de jeûner à mort.


Il est assassiné en janvier 48 par Nathuram Godse,
un hindouiste qui lui reproche ses appels à la paix envers les « ennemis musulmans ». Sa mort est un choc international et ses obsèques dirigées par Nehru qui s’affirme comme son successeur,  seront suivies par 2 millions de personnes.

Après des années de lutte pour l’indépendance il est victime des vieilles rivalités au sein même de son pays une fois le colonisateur parti.  Des démons qui toucheront tant de pays nouvellement décolonisés…


Gandhi sera un inspirateur pour de nombreuses autres figures de la lutte progressiste tels que le Dalaï Lama au Tibet, Nelson Mandela en Afrique du Sud ou Martin Luther King qui conservait un portrait de Gandhi dans son bureau.

 

 "Quelle différence cela fait-il aux morts, aux orphelins et aux sans-abri, que la destruction aveugle ait été amenée au nom du totalitarisme ou au nom sacré de la liberté et de la démocratie ? "

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15 mars 2008 6 15 /03 /mars /2008 19:10
Evidemment quand un prof blogueur trouve un truc bien, tous ses collègues, tels un nuage de criquets pélérins sur une recolte au Sahel, s'empressent de lui piquer. C'est donc sur le toujours pertinent blog soissonais de Samuel Sautejeu que l'on découvre cette excellente émission autour de l'empire colonial français et de sa décolonisation. Un excellent resumé du cours que nous allons aborder.


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Pour vous y retrouver, une carte des grands empires coloniaux prise sur le site de l'académie de Grenoble que vous pouvez agrandir en cliquant dessus.

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