Régime contesté et longtemps mal aimée, la 4ème république souffre encore de la réputation d'avoir été un régime empêtré dans les querelles politiciennes, où les présidents du conseils valsent et sont remplacés au gré des alliances partisanes du moment. Sa fin brutale en mai 58, en pleine tourmente algérienne ne doit pas cacher que malgré ses défauts, ce régime a aussi été celui qui a permis la reconstruction de la France après la guerre et la création de la Communauté Européenne.
Ce nouveau régime nait dans des conditions particulière à la Libération. Le Gouvernement Provisoire de la République Française dirigé par le Général de Gaulle est chargé d'établir les bases d'une république nouvelle qui puisse s'appuyer sur une véritable assise démocratique. Mais au sein de cette alliance qui comprend tous les partis ayant participé à la résistance, de la droite aux communistes, l'entente est difficile. A tel point qu'incapable de faire valoir ses vues sur un pouvoir exécutif fort. De Gaulle préfère démissioner en janvier 46.
Les discussions continuent et un premier projet de constitution inspirés par les communistes est soumis au vote des français mais est recalée dans les urnes. La deuxième version, finalement acceptée à une faible majorité, est le fruit des tractations entre les communistes, les socialistes de la SFIO et les radicaux du MRP. Elle n'enthousiasme personne, s'avére être une copie de la IIIème République, mais est est acceptée faute de mieux en octobre 46.
Le texte complet de la constitution de la 4ème république
Elle prévoie la primauté du législatif (qui vote les lois) au travers de l'Assemblée Nationale, la seule à être élue au suffrage universel et donc à avoir une véritable légitimité pour représenter la nation. La seconde assemblée, le Conseil de la République (ancêtre du Sénat) est purement consultative et finalement secondaire.
Le pouvoir exécutif (qui fait appliquer les lois) est lui très affaibli. Le souvenir du régime de Vichy fait qu'on se méfie des pouvoirs personnels. Le Président de la République élu indirectement pour 7 ans n'a que très peu de pouvoir et a essentiellement un rôle honorifique de gardien des institutions. Les deux présidents élus, Vincent Auriol en 1946, puis René Coty en 1954 sont des hommes politiques secondaires qui se garderont bien de vouloir remettre en cause la prééminence du législatif.
Les présidents Auriol et Coty
A noter pour l'anecdote, que le château de Vizille étant à l'époque résidence de vacances présidentielles, nous les avons réguliérement accueillis dans notre quiétude alpine...
Pour diriger le gouvernement, le Président du Conseil (ancêtre du Premier Ministre) est choisi par le Président de la République mais peut à n'importe quel moment être contraint à la démission par un vote majoritaire contre lui de l'Assemblée Nationale : la motion de censure.
Un système aussitôt dénoncé par De Gaulle et ses partisans qui réclament un régime présidentiel, puis par les communistes écarté du pouvoir par les autres partis à partir du début de la guerre froide en 1947.
Ce régime aurait pu fonctionner mais le choix du scrutin proportionnel pour l'Assemblée Nationale (le nombre de siéges correspond au pourcentage de voix de chaque parti) va avoir un effet désastreux. En effet comme on le voit ici aucune majorité claire ne se dessine :