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27 octobre 2007 6 27 /10 /octobre /2007 17:09

Dans le cadre de la « chasse aux sorcières » qui s'est déroulée aux Etats Unis au début de la guerre froide, la condamnation à mort de Julius et Ethel Rosenberg pour espionnage fut l'affaire la plus spectaculaire et la plus médiatique du temps.

image.jpgLes époux Rosenberg lors de leurs procès


Les Etats Unis étaient alors la proie d'une véritable paranoïa « anti-rouge » qui va culminer avec la fulgurante carrière de Joe Mc Carthy. En effet, dès 1946, une commission sur les affaires anti-américaines s'emploie à traquer tous ceux qui sont soupçonnés de sympathie pour l'URSS. Cette peur est renforcée lorsqu'en 1949 le leader communiste Mao Ze Dong prend le pouvoir en Chine et surtout lorsque les soviétiques réussissent leur premier essai de bombe atomique. Les Etats Unis n'ont plus le monopole de la bombe atomique. C'est d'autant plus préoccupant que plusieurs sources recueillies par les services secrets américains font état de fuites d'informations venus de savants américains eux même. Des infos exploitées par les services de renseignements soviétiques.

C'est dans cette atmosphère qu'en 1950 sont arrétés Julius et Ethel Rosenberg. Ce couple de savants new-yorkais a participé aux recherches nucléaires américaines. Ils ont été dénoncé par le propre frère d'Ethel, David Greengrass, lui même scientifique, pris par la police américaine pour espionnage dans une base de recherche. Il n'est d'ailleurs pas le seul et c'est tout une vague d'arrestation qui frappe des savants soupçonnés d'avoir transmis des informations à l'URSS.
Clamant leurs innocence, les deux savants sont condamnés à mort en 1951 au terme d'un procès où le dossier d'accusation apparaît assez maigre. Une dénonciation (celle de Greengrass), quelques croquis de bombes et surtout la participation à des pétitions ou collectes de fonds pour des associations de gauche pendant la guerre qui les classent comme suspects. En fait, la majeure partie du dossier est constituée d'écoutes téléphoniques et de déclarations d'espions ou de défecteurs soviétiques qui sont toutes classées secretes.
 
Si le procès par lui même n'a pas eu beaucoup de publicité, la condamnation à mort, si elle rejouit les partisans du mccarthysme, choque beaucoup de monde. C'est la première fois dans ces affaires d'espionnage qu'on condamne à la chaise électrique. Elle est aussi liée au fait que les Rosenberg n'ont jamais reconnu leur culpabilité et plaidant non coupable ont été donc, selon les termes de la loi américaine, condamnés plus lourdement.

reds-s3b.gifUne campagne demandant la grace des savants éclate en Europe et dans une moindre mesure aux Etats Unis eux même. Initiée par l'Union Soviétique qui voit là l'occasion de dénoncer la politique américaine, elle developpe notamment l'idée que Julius Rosenberg étant juif, la condamnation serait antisémite (même si le juge et le procureur du procès étaient juifs et qu'en Union Soviétique se déroulaient dans le même temps de véritables purges dans les milieux juifs). La campagne dépasse les simples partisans pro-soviétiques: les autorités catholiques et de nombreux intellectuels rejoignent le mouvement. Les attaques sont violentes, Jean-Paul Sartre parle de « meurtre rituel » et lance : Ne vous étonnez pas si nous crions d’un bout à l’autre de l’Europe : “Attention, l’Amérique a la rage.”

rosenberg-2-copie-1.JPGMalgré cela le président Eisenhower refuse toute grâce et les époux Rosenberg passent sur la chaise électrique le 19 juin 1953. Le récit détaillé de leur exécution secoue l'opinion. Pour la majorité du public de l'époque leur culpabilité est loin d'être évidente et les Rosenberg apparaîtront comme des victimes de l'hystérie anti communiste du temps. En France notamment sous l'influence des communistes, des rues ou des écoles vont être renommées « Julius et Ethel Rosenberg ». Des gens militent toujours aux Etats Unis pour la révision du procès et la réhabilitation du couple auprès de la Cour suprème.

Pourtant avec le temps et surtout l'ouverture des archives soviétiques, de nouveaux témoignages sont venus confirmer la thèse selon laquelle Julius Rosenberg était bien un communiste sincère et aurait transmis des renseignements à l'URSS et permis à ceux ci de gagner plusieures années sur leurs expérimentations.. Les soviétiques avaient bel et bien pillé les recherches américaines par le biais d'un formidable reseau de renseignement qui avait gagné les sympathies de nombreux savants atomistes sensibles aux idéaux progressistes de l'URSS. Aux yeux de la loi américaine ils étaient donc bien des traitres.

Mais quand on les regarde dans le détail, les renseignements réellement tranmis par les époux Rosenberg semblent bien dérisoires car ceux-ci n'avaient pas accés aux secrets de premier ordre et leur engagement a été surtout intellectuel. Dans les années 70, David Greengrass avoua à la télévision avoir menti en accusant sa soeur pour se dédouaner face à la police. Refusant d'avouer, continuant à se proclamer sympathisants communistes, ils ont ainsi fait davantage office « d'exemples » pour les autorités américaines de cette époque.rosenberg.gifLes époux Rosenberg vu par Picasso qui soutient la campagne contre leur exécution. Comme beaucoup, il a été touché par ce couple profondemment amoureux. La photo de leur dernier baiser au tribunal restera une image forte de cette affaire.

Source :Le Monde II (merci à Mr Haus)/  ordiecole.com/ Encyclopedia Britannica

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