Dans le cadre de la « chasse aux sorcières » qui s'est déroulée aux Etats Unis au début de la guerre froide, la condamnation à mort de Julius et Ethel Rosenberg pour espionnage fut l'affaire la plus spectaculaire et la plus médiatique du temps.
Une campagne demandant la grace des savants éclate en Europe et dans une moindre mesure aux Etats Unis eux même. Initiée par l'Union Soviétique qui voit là l'occasion de dénoncer la politique américaine, elle developpe notamment l'idée que Julius Rosenberg étant juif, la condamnation serait antisémite (même si le juge et le procureur du procès étaient juifs et qu'en Union Soviétique se déroulaient dans le même temps de véritables purges dans les milieux juifs). La campagne dépasse les simples partisans pro-soviétiques: les autorités catholiques et de nombreux intellectuels rejoignent le mouvement. Les attaques sont violentes, Jean-Paul Sartre parle de « meurtre rituel » et lance : Ne vous étonnez pas si nous crions d’un bout à l’autre de l’Europe : “Attention, l’Amérique a la rage.”
Malgré cela le président Eisenhower refuse toute grâce et les époux Rosenberg passent sur la chaise électrique le 19 juin 1953. Le récit détaillé de leur exécution secoue l'opinion. Pour la majorité du public de l'époque leur culpabilité est loin d'être évidente et les Rosenberg apparaîtront comme des victimes de l'hystérie anti communiste du temps. En France notamment sous l'influence des communistes, des rues ou des écoles vont être renommées « Julius et Ethel Rosenberg ». Des gens militent toujours aux Etats Unis pour la révision du procès et la réhabilitation du couple auprès de la Cour suprème.
Pourtant avec le temps et surtout l'ouverture des archives soviétiques, de nouveaux témoignages sont venus confirmer la thèse selon laquelle Julius Rosenberg était bien un communiste sincère et aurait transmis des renseignements à l'URSS et permis à ceux ci de gagner plusieures années sur leurs expérimentations.. Les soviétiques avaient bel et bien pillé les recherches américaines par le biais d'un formidable reseau de renseignement qui avait gagné les sympathies de nombreux savants atomistes sensibles aux idéaux progressistes de l'URSS. Aux yeux de la loi américaine ils étaient donc bien des traitres.
Mais quand on les regarde dans le détail, les renseignements réellement tranmis par les époux Rosenberg semblent bien dérisoires car ceux-ci n'avaient pas accés aux secrets de premier ordre et leur engagement a été surtout intellectuel. Dans les années 70, David Greengrass avoua à la télévision avoir menti en accusant sa soeur pour se dédouaner face à la police. Refusant d'avouer, continuant à se proclamer sympathisants communistes, ils ont ainsi fait davantage office « d'exemples » pour les autorités américaines de cette époque.Les époux Rosenberg vu par Picasso qui soutient la campagne contre leur exécution. Comme beaucoup, il a été touché par ce couple profondemment amoureux. La photo de leur dernier baiser au tribunal restera une image forte de cette affaire.
Source :Le Monde II (merci à Mr Haus)/ ordiecole.com/ Encyclopedia Britannica