" Œil pour œil rend le monde entier aveugle. "
Les Indes sont en effet la perle de l’empire britannique depuis sa conquête progressive tout au long au XIXème siècle. C’est un territoire immense morcelé en un tas de principautés en principe semi-indépendante sous l’autorité anglaise et c’est surtout une mosaïque de peuples, de langues et de religions.
Il naît dans une famille de la caste des marchands, l'une plus haute de la très rigide et inégalitaire société indienne où votre naissance détermine souvent vos possibilités d’évolution sociale. Etant issu d’une famille très pieuse, la religion fera toujours partie de sa philosophie. Il est en effet élevé dans une foi hindouiste très forte et très traditionaliste (bien que très tolérante envers les autres formes religieuses indiennes), tournée vers le respect de toute forme de vie et l'obéissance à une morale religieuse très forte. Il est aussi marié par sa famille à 13 ans à Kasturba, fille de bonne famille du même âge…
Reçu comme avocat, il part pour l’Afrique du Sud défendre les intérêts d’une entreprise indienne sur place. Là, choqué par la violence du racisme dans ce pays où la discrimination raciale est dans la loi, il prend fait et cause pour les travailleurs indiens exploités dans les champs et dans les mines d’Afrique australe. Il va y rester vingt ans, de 1894 à 1914 et réussir à obtenir la reconnaissance des droits des travailleurs indiens, non sans problème puisqu’il échappe de peu à un lynchage en 1904 et fait plusieurs séjours en prison.
C’est là qu’il va développer ses méthodes non violentes pour parvenir à ses fins. Abandonnant ses vêtements occidentaux, il va se raser la tête, porter le sari traditionnel et chose inouïe pour un membre d'une haute caste, travailler de ses mains et faire lui même les taches les plus dégradantes comme nettoyer ses toilettes ce qui était réservé aux basses castes considérées comme impures comme les intouchables, véritables parias de la société indienne. Il va pouvoir essayer de les appliquer dans son pays une fois rentré en Inde. Il s’engage dans la vie politique au sein du parti du congrès et sa personnalité atypique va lui permettre de voir son audience et ses partisans grandir malgré la prison qui l’accueille régulièrement quand il s’oppose aux volontés britanniques. A ses côtés s’engage Jawaharlal Nehru est l'autre figure de l'indépendance de l'Inde. Très tôt engagé dans le Parti du Congrès aux côtés de Gandhi, il restera un très proche collaborateur malgré les divergences profondes qui les séparaient.
Sa force c’est la désobéissance civile. Un refus systématique mais non-violent de se plier aux règles du colonisateur britannique par des grèves régulières, des manifestations de masse spectaculaires ou profitant du nombre croissant de ses sympathisants, il bloque les rues lorsque des milliers d’indiens se couchent par terre en signe de protestation.
La marche du sel.
Il appelle au boycott des produits anglais, encourageant par l’exemple chaque indien à produire ses aliments et ses vêtements lui même sans les acheter dans les boutiques du colonisateur.
En 1930, Gandhi lance une « Marche du sel », vers les marais salants de Jabalpur, en effet, le gouvernement britannique détient le monopole du sel qui lui rapporte une petite fortune utilisée pour l'entretien des troupes chargées de maintenir l'ordre en Inde. Malgré l’interdiction du pouvoir colonial, il récolte du sel sur la plage, puis s’empare pacifiquement des dépôts de sel du gouvernement anglais. Tout au long de la marche, Gandhi diffuse une liste de règles religieuses du comportement non-violent qui sont scrupuleusement respectées. Les manifestants sont frappés ou arrêtés, mais devant leur absence de réaction, la volonté répressive s’émousse et les gouverneurs anglais reculent.
"Je n'aime pas le mot tolérance, mais je n'en trouve pas de meilleur "
Pendant la 2nde guerre mondiale, il annonce que l'Inde ne peut pas participer à une guerre ayant pour but la liberté démocratique, alors que cette liberté lui est refusée et lance la campagne « Quit India » intensifiant les demandes d’indépendance. Il est encore jeté en prison mais les britanniques prennent conscience que l’indépendance est devenue inéluctable.
Jinnah et Gandhi
Le 15 août 47, l’indépendance et la partition entre Inde et Pakistan est proclamée.
Aussitôt éclatent des affrontements et un exode des populations qui se prolonge en une terrible guerre civile où les victimes seraient entre un et deux millions. Gandhi tente d’arrêter le massacre en menaçant de jeûner à mort.
Il est assassiné en janvier 48 par Nathuram Godse, un hindouiste qui lui reproche ses appels à la paix envers les « ennemis musulmans ». Sa mort est un choc international et ses obsèques dirigées par Nehru qui s’affirme comme son successeur, seront suivies par 2 millions de personnes.
Après des années de lutte pour l’indépendance il est victime des vieilles rivalités au sein même de son pays une fois le colonisateur parti. Des démons qui toucheront tant de pays nouvellement décolonisés…
Gandhi sera un inspirateur pour de nombreuses autres figures de la lutte progressiste tels que le Dalaï Lama au Tibet, Nelson Mandela en Afrique du Sud ou Martin Luther King qui conservait un portrait de Gandhi dans son bureau.
"Quelle différence cela fait-il aux morts, aux orphelins et aux sans-abri, que la destruction aveugle ait été amenée au nom du totalitarisme ou au nom sacré de la liberté et de la démocratie ? "