23 février 2008
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18:48
Alors que des cohortes de vacanciers remontent en ce moment la vallée de la Romanche en direction des stations de l’Oisans, il convient de se souvenir que pour la plupart des français, notre région est devenue synonyme de vacances aux sports d’hiver lors des jeux olympiques de 1968 dont on fête en ce moment en grande pompe le quarantenaire.
Ce n’est donc pas un hasard si Grenoble vient, il y a une semaine, d’inaugurer son pharaonique et controversé stade des Alpes. C’est le rappel des ambitions de la 12ème agglomération de France qui, après avoir célébré en grande pompe les quarante ans de l’ouverture des jeux grâce à l’allumage d’une nouvelle flamme olympique et à un feu d’artifice géant entend bien redevenir capitale olympique en 2018.
Les jeux de 1968 furent l’occasion pour Grenoble de revendiquer son statut de capitale des Alpes et surtout de s’affirmer comme une véritable métropole régionale face à l’écrasant géant lyonnais. Pour notre région ce sera aussi le début de la démocratisation des sports d’hiver qui va permettre l’essor de l’Alpe d’Huez, de Chamrousse ou des Deux Alpes. Dans le même temps, pour la France gaullienne, ces jeux sont une vitrine de la modernité du pays qui profite du boum économique des trente glorieuses.
Cela faisait longtemps qu’on attendait le retour des jeux en France. Les derniers jeux olympiques d’hiver chez nous dataient de 1924 à Chamonix. Le choix de Grenoble et de l’Isère ne furent pas si évident que cela car en fait, à l'époque, les infrastructures faisaient défaut. Nous sommes d’abord dans une région industrielle et même dans la vallée de l’Oisans les activités principales tournent autour de l’hydroélectricité, de la pâte à papier et de l’agriculture pastorale. Le tourisme d’hiver est encore peu développé et s’adresse essentiellement à un public local. Dans les années 60, le ski est encore une activité réservée à une clientèle aisée qui se porte plutôt traditionnellement vers la Savoie voisine.
La ville à l’initiative de son maire de l’époque Albert Michallon a été sélectionnée en 1964 pour devenir le siège des Xème jeux d’hiver. On a donc 4 ans pour faire de la cité une ville capable d’accueillir l’événement. Il faut bâtir autoroutes et infrastructures, alors toute la banlieue Sud de la ville, qui était jusqu’alors une zone industrielle et un aérodrome va être urbanisée au pas de course pour l’occasion.
Et on voit grand. Et très moche car on construit dans le style typique des grands ensembles en béton très en vogue dans les années 60. L hôtel de ville de style stalinien du parc Paul Mistral, Alpexpo, la Maison de la Culture (devenu depuis le MC2, après une longue rénovation) et le Village Olympique censé accueillir les athlètes du monde entier. Au passage on crée à Saint Martin d’Hères le premier campus universitaire de France sur le modèle américain en regroupant toutes les facs jusqu’alors éparpillées en ville.
L'entrée Ouest de Grenoble depuis le Pont de Catane, rebâti pour l'occasion.
La ville va se moderniser très vite, même si certaines de ces infrastructures faites à la va-vite, dont le Village Olympique vont mal vieillir et se transformer rapidement après les jeux en un quartier HLM parmi les plus décrépis de Grenoble.
Evidemment, encaissée à une altitude 200 mètres au fond de sa vallée, la ville ne peut organiser une bonne partie des épreuves. Elle se garde la glace : patinages et hockey. Les stations locales en profitent largement : le ski alpin a lieu sur le massif de Belledonne à la station de Chamrousse, les disciplines de fond sur le plateau du Vercors, à Autrans, le saut à skis à Saint Nizier, le bobsleigh à l'Alpe d'Huez, et la luge à Villars de Lans.
La cérémonie d’ouverture se veut monumentale et moderne. Elle marque bien l’évolution technique et économique de la France dans les années 60 .C’est le président en personne, le général De Gaulle, qui vient inaugurer les jeux dans le parc Paul Mistral. Ceux -ci sont pour la première fois retransmis en couleur à la télévision en mondovision. Le patineur Alain Calmat grimpe le long d’un gigantesque escalier pour porter la flamme vers la vasque olympique. Les battements de son cœur sont retransmis par haut-parleurs. Puis le parc est noyé sous une pluie de pétales de roses lancés par hélicoptère.
Les jeux provoquent un véritable engouement auprès du public français qui peut les voir en couleur à la télé, d’autant que les athlètes français, pour une fois, brillent devant leur public. La France se classe 3ème après la Norvège et l’URSS avec 4 médailles d’or et 9 au total. (Il y a beaucoup moins d’épreuves que de nos jours). Un homme devient l’idole nouvelle du sport français : Jean-Claude Killy qui rafle 3 médailles d’or dans les épreuves de ski alpin.
Jean-Claude Killy, la vedette de ces jeux.
Pour l’anecdote, ces jeux sont aussi marqués par la disqualification de trois patineuses Est-allemandes qui avaient chauffé leurs patins pour aller plus vite et par l’introduction de test de féminité pour détecter si les sportives ne s’injecteraient pas des hormones masculines pour améliorer leurs résultats. En effet une skieuse autrichienne est contrôlée positive. Et pour cause, celle-ci est en fait une transsexuelle qui deviendra définitivement un homme après la compétition et devra rendre ses médailles.
Grenoble cherche à l’heure actuelle à devenir la candidate française pour les JO d’hiver de 2018. C’est un enjeu électoral qui explique pourquoi la commémoration des Xème olympiades fut aussi importante. Elle s’est rapprochée de l’autre candidate dauphinoise, Gap (qui n’est pas en Provence mais bien historiquement en Dauphiné !) pour envisager une candidature commune et faire face à Annecy qui est partie la première dans la compétition. Pour l’instant les 3 villes se sont réunies pour déjà défendre l’idée d’une candidature française pour 2018. Car le principal obstacle reste Paris. En effet la capitale qui a été recalée pour les JO d’été en 2012 face à Londres et qui sait qu’une ville européenne ne sera dès lors pas prise en 2016, caresse l’espoir de se représenter en 2020. Le comité olympique français craignant que des J.O. d’hiver en France ne bloque la candidature parisienne risque de donner la priorité à celle-ci…
Grenoble cherche à l’heure actuelle à devenir la candidate française pour les JO d’hiver de 2018. C’est un enjeu électoral qui explique pourquoi la commémoration des Xème olympiades fut aussi importante. Elle s’est rapprochée de l’autre candidate dauphinoise, Gap (qui n’est pas en Provence mais bien historiquement en Dauphiné !) pour envisager une candidature commune et faire face à Annecy qui est partie la première dans la compétition. Pour l’instant les 3 villes se sont réunies pour déjà défendre l’idée d’une candidature française pour 2018. Car le principal obstacle reste Paris. En effet la capitale qui a été recalée pour les JO d’été en 2012 face à Londres et qui sait qu’une ville européenne ne sera dès lors pas prise en 2016, caresse l’espoir de se représenter en 2020. Le comité olympique français craignant que des J.O. d’hiver en France ne bloque la candidature parisienne risque de donner la priorité à celle-ci…
Sources : Dauphiné Libéré / Eurosport / Le site du mouvement olympique
Deux sites de passionnés des Jeux qui offrent une belle iconographie: Un sur les jeux d'hiver et un autre qui retrace les J.O. par les cartes postales