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1 septembre 2010 3 01 /09 /septembre /2010 10:58

fin.jpgVous avez pu le constater, je n'ai pas remis à jour le blog depuis un bon bout de temps. Pour des raisons personnelles mais aussi d'emploi du temps il m'était devenu de plus en plus difficile de continuer à tenir celui-ci. Le temps est une denrée précieuse et avec l'accroissement de nos charges de travail au lycée, il devenait de plus en plus difficile pour moi de pouvoir tenir de front ce blog sans que mon investissement dans mes cours n'en patisse (et je ne parle même pas de ma vie privée et sociale !). Et puis après deux ans, la lassitude aussi s'était mise à poindre...

Je m'étais dit que peut-être avec la rentrée, l'envie et le temps de m'y remettre reprendraient... Mais, joie des reformes ministérielles, le lycée de Vizille a perdu un poste en histoire-géo et je me retrouve avec quatre heures supplémentaires non demandées et une classe en plus de celles prévues...

 

Je reviendrai surement sur le net un peu plus tard, mais avec un projet moins "encyclopédique" et davantage tourné vers les investissements d'élèves.

 

Merci à tous pour avoir suivi ce blog, à mes collègues (notamment Etienne, Julien et Jean-Christophe qui continuent à animer Samarra et l'Histgeobox) qui avez le courage de poursuivre cette expérience. Je vais laisser le site en ligne, il se fera doucement gangrener par la publicité (merci Overblog) mais pourra encore vous servir.

 

A bientôt

Richard

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25 janvier 2010 1 25 /01 /janvier /2010 12:01

0601_Les_traites_Paris01_Ar.jpgLe 18 avril 1951 la Belgique, l'Allemagne, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas, signent le traité de Paris instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA). Un traité qui est généralement considéré comme l'acte fondateur et le premier véritable ancêtre de l'Union Européenne.


Comme le dit l'article 2 de cet accord  : "La Communauté européenne du charbon et de l'acier a pour mission de contribuer, en harmonie avec l'économie générale des États membres et grâce à l'établissement d'un marché commun (…) à l'expansion économique, au développement de l'emploi et au relèvement du niveau de vie dans les États membres."

Ses principes : libre circulation des marchandise, surveillance des marchés pour éviter la flambée des prix et la concurrence déloyale et enfin financer en commun la reconstruction et la modernbisation de ce secteur vital de l'économie.

schuman-monnet2p.jpgPréparé par Jean Monnet (à gauche sur la photo) et initié par le ministre des affaires étrangères français Robert Schuman (à droite), il obéit à plusieurs logiques complémentaires : Permettre d'accélérer la reconstruction de l'Europe après la guerre, mais aussi ancrer l'Allemagne de l'Ouest dans le camp des démocraties libérales pour rendre "non seulement impensable mais aussi matériellement impossible" une nouvelle guerre franco allemande. C'est ainsi que Schuman le présente le 9 mai 1950 dans un discours qui marque la naissance du projet de traité et qui est devenu la journée de l'Europe.

Et surtout la menace soviétique est bien présente : Le souvenir de l'épisode
du blocus de Berlin est dans les esprits.


Le projet remporte l'enthousiasme de la plupart des mouvements politiques européens mais  soulève aussi l'opposition des communistes qui y voient une attaque contre l'Union Soviétique et un renforcement du capitalisme en Europe. En France, les gaullistes, eux, craignent de voir la France associée à ce qui ressemble à une autorité qui échappe au contrôle du gouvernement et se prononcent contre. En Allemagne, les conservateurs craignent une mainmise étrangère sur les mines et les acieries du pays.

Le traité rentre en vigueur pour 50 ans le 25 juillet 1952 et se met en place progressivement :  le marché commun est ouvert le 10 février 1953 pour le charbon, le minerai de fer et la ferraille, le 1er mai 1953 pour l'acier. Elle est surveillée par une Haute autorité de 9 membres, présidée par jean Monnet et installé à Luxembourg.

D'autres institutions plus larges comme une assemblée de 78 députés issus des parlements nationaux, un conseil des ministres ou une cour de justice pour régler les litiges sont mises en place progressivement pour faire fonctionner cet ensemble, préfigurant les institutions de l'U.E.

Rapidement d'autres pays s'associent au projet sans en faire partie officiellement. Ainsi le Royaume-Uni qui reste méfiante face à l'idée d'un gouvernement supranational et refuse de rentrer dans cette communauté, envoie néanmoins des representants négocier avec la C.E.C.A.

La réussite de ce traité va permettre la mise en place d'un ensemble plus large qui va officiellement donner naissance à l'Europe : ce sera le traité de Rome et la création de la Communauté Economique Européenne en 1957


Premier pas de la construction européenne, la C.E.C.A. fut aussi le modèle qui inspira le projet européen.
Le 23 juillet 2002, le traité est arrivé à expiration, la C.E.C.A. (qui ne s'était pas limité à 6 mais avait inclus les nouveaux entrants au fur et à mesure de leur entrée dans l'Europe) a été officiellement intégrée à l'ensemble de l'Union.


Le détail du traité

Un article de "Toute l'Europe" détaillant la C.E.C.A.

Un article du Figaro en ligne sur l'histoire de l'U.E. qui contient des vidéos reprenant cette création.

Bricabraque détaille le
discours fondateur de Robert Schuman du 9 mai 1950
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21 janvier 2010 4 21 /01 /janvier /2010 22:50

Vous avez pu constater un net ralentissement du blog ces dernières semaines. manque de temps autres activités qui m'ont pris du temps, petite lassitude passagère, pas de panique, le blog va reprendre du service très bientôt.

photo_1263125014753-1-0.jpgL'association des Cafés Scientifiques du Pays Vizillois, le Club CNRS du Dauphiné, la Ville de Vizille, "Pour et Avec les Vizillois" vous invitent à  la conférence du Professeur Jean Paul Stahl chef du service des Maladies Infectieuses et Tropicales du CHU de Grenoble.




"Vaccins et Vaccination"

Comment sont fabriqués les vaccins, à  quoi servent les adjuvants, comment, pourquoi se faire vacciner?

Le Pr. Jean Paul Stahl répondra à ces questions et à d'autres que vous vous posez.



Au Lycée des Portes de l'Oisans

Le Vendredi 22 janvier à 20h30

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29 décembre 2009 2 29 /12 /décembre /2009 11:19

Pour retrouver la troisième partie de cette étude...

La menace nucléaire est devenue telle à la fin des années 50 que la nécessité de dialoguer pour éviter le pire s'impose de plus en plus comme une évidence pour les dirigeants des deux grands blocs. Les temps ont changé. Avec l'arrivée de Nikita Khrouchtchev au pouvoir en Union Soviétique en 1956, les relations avec les Etats-Unis se sont progressivement améliorées. C'est
le temps de la coexistence pacifique.

silo.jpg
                                Un missile Titan américain sur son pas de tir

Pourtant, une nouvelle inquiétude apparait au tournant des années 60 : la prolifération de l'arme nucléaire. Tant que seules les deux grandes puissances détiennent la bombe atomique, le risque de son emploi demeure limité. Mais un certain nombre de pays veulent à leur tour accéder à ce qui semble être à la fois un symbole de puissance et la meilleure garantie de dissuader un ennemi plus puissant de les envahir. Après la Grande Bretagne qui a réussi créer sa bombe en 1952, d'autres nations commencent à developper plus ou moins secrétement des recherches nucléaires militaires. La France, la Chine mais aussi la Suède, le Canada où Israël se lancent dans la foulée, dans de tels projets.

En 1957 les Nations Unies mettent en place une organisation spéciale l'Agence Internationale de l'Energie Atomique qui doit promouvoir l'énergie nucléaire mais en limiter les usages militaires. Cependant, malgré les bonnes intentions de façade, cette AIEA reste totalement inefficace en ces temps de guerre froide, même si elle tente de pousser les nations du monde vers la voie du désarmement.

En 1960, la France devient la quatrième nation atomique lorsqu'elle fait exploser "gerboise bleue", sa bombe A dans le désert algérien. Nous consacrerons un chapitre spécial de cette série à la bombe française.

W020090907565182760879.jpgPuis, le 16 octobre 1964, c'est la Chine qui expérimente à son tour la bombe atomique. Elle veut cette arme car elle se méfie tout particulièrement des Etats-Unis qui ont menacé de recourir à des frappes atomiques contre elle lors de la guerre de Corée ou lorsque la question de la souveraineté de Taïwan était évoquée. Au départ, lorsqu'en 1956, la Chine communiste s'était lancée dans l'aventure nucléaire elle avait pu bénéficier de l'aide de l'allié soviétique qui lui avait fourni spécialistes et matières premières.  Mais les relations avec Moscou se dégradent rapidement. Mao Ze Dong tient à ce que la Chine ne soit pas qu'un simple satelitte de l'URSS et reproche à Khrouchtchev sa politique de coexistance pacifique. A partir de 1959, la rupture est consommée et les Chinois doivent se débrouiller seuls. Leurs savants se mettent au travail dans le plus grand secret. L'essai, dont le nom de code est "596", à lieu à Lop Nor, une zone isolée au Nord Est du pays et surprend tout le monde par sa rapidité. On ne croyait pas les Chinois capables d'une telle efficacité technologique. D'autant qu'il est suivi en 1967 par une bombe H. Désormais les 5 membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU sont des puissances nucléaires.

Pendant ce temps d'autres pays s'arment plus ou moins discrétement, c'est ainsi que les Suédois, pourtant neutres, mais très inquiets de la proximité soviétique, fabriquent une bombe atomique dans le plus grand secret. Le Canada développe lui aussi des centres de recherche très performants, L'Inde lance des projets nucléaires militaires à son tour après une défaite face à la Chine sur sa frontière himalayenne. Au Proche Orient, l'Egypte et Israël, en conflit déclaré, veulent aussi la bombe et commencent à travailler sur la question.

Désormais tout le monde veut sa bombe et le risque de voir celle-ci utilisée augmente proportionnellement. D'autant que tous ces pays ne sont pas particulièrement stables politiquement.  Qui sait entre les mains de qui l'arme atomique peut tomber. Il n'y aura pas toujours un James Bond pour arrêter, comme au cinéma, le compte à rebours fatidique ! 

palomares_recuperacion.jpgUn autre danger guette aussi les puissances nucléaires:  l'accident. Plusieurs réacteurs,  tant civils que militaires, ont eu des problèmes de fuites radioactives, vite camouflés aux yeux de l'opinion publique au nom du secret défense . A plusieurs reprises, les américains perdent des bombes atomiques ! En 61 un bombardier en exercice s'écrase en Caroline du Nord avec deux bombes H à bord. Heureusement, les mécanismes empêchant l'explosion des bombes fonctionnent. L'incident le plus spectaculaire médiatiquement à lieu en janvier 66 à Palomares en Espagne où un bombardier transportant deux bombes H percute un avion ravitailleur et explose. Une bombe retombe dans la campagne espagnole, l'autre dans la Méditerrannée. Il faudra presque trois mois pour récupérer l'engin immergé. Sous l'oeil des caméras du monde entier comme le montre cette photo.

fraga.jpg

            L'incident de Palomares vue par un caricaturiste espagnol dans la presse de l'époque...

Puis en janvier 68 c'est un bombardier équipé de 4 bombes qui s'écrase dans la mer de Thulé près du  Groenland. Les conditions météo catastrophiques de l'hiver arctique gènent la récupération des engins et la décontamination du site. Depuis, des actions en justice ont été intentées contre l'armée américaine par les habitants, dénoncant l'augmentation anormale des cas de cancers dans la région. Et ce n'est là, secret militaire oblige, que la partie émergée de l'iceberg. Si du côté occidental, la presse révèle parfois les accidents, du côté soviétique, on ne communique pas sur les problèmes survenus même quand ce sont des sous-marins nucléaires qui sombrent corps et biens. Des associations anti-nucléaires ont essayé de recencer les cas d'accidents depuis les années 50, le total fait froid dans le dos.
 
CanadaAtomicSymbol-20--20Copy.jpgToutes ces menaces nouvelles poussent les responsables politiques à envisager de rationaliser le nucléaire militaire.  De nombreux pays appelent à l'interdiction de ce type d'armement et cherchent à établir des zones sanctuaires où l'on ne construit ni ne stocke plus de bombes. L'exemple vient d'un premier accord passé en 1958 entre toutes les grandes puissances pour protéger le pôle Sud: l
e Traité sur l'Antarctique. Etablissant cet espace comme un sanctuaire préservé des appétits commerciaux et guerriers et comme un patrimoine commun de l'Humanité, Etats-Unis et Union Soviétique ainsi que leurs alliés se mettent d'accord pour ne pas militariser cette zone.

C'est aussi la raison qui pousse les puissances nucléaires à abandonner les essais aériens dont on mesure enfin la dangerosité radioactive pour leur préférer des essais souterrains plus sûrs (et plus discrets).

Dans la foulée, des pays du Sud s'associent pour renoncer officiellement au nucléaire militaire. C'est en 1967
le Traité de Tlateloco qui fait de l'Amérique Latine et des Antilles une zone non nucléarisée. (Même si le Brésil et l'Argentine ne le signeront que dans les années 90). Un modèle qui sera repris plus tard en Océanie (1985), en Asie du Sud Est (1995), Afrique (1996)...

NWFZ_Map_small.gif

                         Les différentes régions dénucléarisées (cliquer pour agrandir)

Cette volonté aboutit en 1968 a un texte fondamental rédigé sous l'égide de l'ONU et de l'AIEA : le
Traité sur la Non-Prolifération des armes nucléaires (TNP). Les puissances possédant déjà l'arme nucléaire s'engagent à garder secrète cette technologie et les états qui n'ont pas la bombe atomique renoncent à la développer. Ce traité reçoit la signature de 188 pays et emporte l'adhésion de la plupart des nations du monde, inquiètes de la prolifération nucléaire. Même si la France, la Chine, l'Inde, le Pakistan ou Israël qui continuent à développer leurs programmes refusent dans un premier temps de le parapher. En fait la plupart de ces pays en dehors d'Israël qui l'a toujours dénoncé, le signeront... une fois leur programme nucléaire terminé. C'est ainsi que la France ne l'acceptera officiellement qu'en 1992.

Il y a toutefois une volonté réelle de faire retomber la menace. La Suède et le Canada en profitent pour abandonner officiellement leur programme nucléaire. C'est l'AIEA qui est chargée de surveiller le bon respect de ce traité de par le monde, donnant à l'ONU un vrai rôle de contrôle sur les affaires nucléaires de la planète. Mais un rôle que l'AIEA, ne pouvant sanctionner ceux qui refusent de se soumettre à sa surveillance, aura souvent du mal à remplir tant ses pouvoirs sont limités.

img3bC'est ainsi qu'en 1974, l'Inde parvient à faire son premier essai nucléaire grace à des technologies achetées au Canada, mais aussi en France et aux Etats-Unis, aussitôt le Pakistan avec l'aide discrète de la Chine intensifie ses recherches pour obtenir à son tour l'arme nucléaire.

Avec la réduction des tensions entre les deux superpuissances et la volonté de mieux contrôler la prolifération nucléaire, la possibilité de réguler l'arsenal de missiles qui peut anéantir la planète semble désormais possible. D'autant qu'avec l'inflation budgétaire des programmes nuclaires,  la course aux armements coûte de plus en plus cher. Dans les années 70, on envisage donc un désarmement des grandes puissances. Celles-ci s'engagent par des traités à ne pas installer de missiles sous la mer, dans l'espace ou sur la Lune et surtout commencent à négocier leur limitation.

En 1972, après quatre années de pourparlers, a lieu la signature à Moscou des accords SALT 1: Stategic Arms Limitations Talks. Pour la première fois, Américains et Soviétiques dont les relations se sont améliorées acceptent de limiter leur arsenal ballistique. C'est encore un accord prudent qui n'envisage que le gel de l'installation de nouveaux missiles. Mais cette première, est vécue dans le monde entier comme la promesse de voir s'éloigner l'épée de Damoclès de la menace nuclaire qui pèse sur l'Humanité. Dans la réalité c'est surtout un accord symbolique qui limite le nombre de missiles mais qui n'interdit pas de remplacer les plus anciens par des modèles récents plus efficaces.


salt1.jpg
                         Les accords SALT I signés par les présidents Nixon et Brejnev

C'est une première étape, car de nouveaux pourparlers s'engagent et aboutissent aux accords SALT 2 en 1979 où cette fois-ci non seulement on limite le nombre de bombardiers et de missiles mais on envisage même de détruire ceux en surnombre. Mais ces accords arrivent aussi la fin de la détente et ne seront jamais appliqués. En effet, la donne internationale à changé avec
l'entrée des Soviétiques en Afghanistan et les relations entre les deux grands se sont durcies.

 

 

C'est désormais le retour à l'escalade nucléaire, ce que l'on appelera la guerre fraîche qui menera à la chute du système soviétique. Ce que nous verrons dans la prochaine partie de cette étude.

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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 22:57

L'Accord de Libre Echange Nord Américain (ou North American Free Trade Exchange) a marqué la naissance d'une zone de libre échange commerciale entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique. Ce traité, signé en 1992 et rentré en vigueur le 1er janvier 1994 devait être le début d'un projet plus vaste visant à créer un large espace commercial sur l' ensemble du continent américain pour concurrencer l'Union Européenne qui à cette époque s'affirmait avec le traité de Maastricht. 



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Ce traité de libre échange s'inspire d'un accord déjà existant depuis 1989 entre le Canada et les Etats-Unis. Par contre, contrairement aux institutions européennes, il est purement commercial et ne vise aucunement à créer un pouvoir politique  ou des lois communes en dehors d'accords marchands. Il s'agit en fait ici de faciliter les échanges et d'éviter les litiges économiques entre les trois pays.

L'article 102 de l'ALENA pose les principes suivants entre les Parties c'est à dire les pays concernés:

" Les objectifs du présent accord,(...) sont les suivants :

a) éliminer les obstacles au commerce des produits et des services entre les territoires des Parties et faciliter le mouvement transfrontalier de ces produits et services;

b) favoriser la concurrence loyale dans la zone de libre-échange;

c) augmenter substantiellement les possibilités d'investissement sur les territoires des Parties;

d) assurer de façon efficace et suffisante la protection et le respect des droits de propriété intellectuelle sur le territoire de chacune des Parties;

e) établir des procédures efficaces pour la mise en oeuvre et l'application du présent accord, pour son administration conjointe et pour le règlement des différends; et

f) créer le cadre d'une coopération trilatérale, régionale et multilatérale plus poussée afin d'accroître et d'élargir les avantages découlant du présent accord. "

Les trois pays membres ont ainsi demantelé leurs barrières économiques au nom du libre échange en supprimant les droits de douanes et en clarifiant et harmonisant leur droit commercial. Par contre, contrairement à l'Europe, la libre circulation ne s'applique qu'aux marchandises, pas aux personnes. S'il n'y a plus de séparation physique entre le Canada et les Etats-Unis qui ont le même niveau de vie, la frontière n'a cessée de se renforcer avec le Mexique, pays du Sud, pour empécher une immigration massive.

De nombreuses entreprises américaines ou canadiennes se sont délocalisées à la frontière mexicaine pour profiter d'une main d'oeuvre bon marché dans ce qu'on appelle les usines "maquiladoras". Des usines de montage destinées au marché des pays riches mais profitant d'ouvriers "latinos" en moyenne sept fois moins chers que leurs homologues "gringos".

TopTradingPartners.gifLa croissance économique a été forte pour toute la région et les trois pays en ont largement profité pour doper leurs échanges. Des échanges qui atteignent 946 milliards de dollars en 2008 soit un triplement depuis 1994. Comme on le voit sur ce graphique des partenaires économiques des Etats-Unis en 2004, le Canada et le Mexique représentent 30% du commerce. Le Mexique lui même a globalement profité de ces emplois nouveaux et de l'afflux d'investissements venus du Nord et a vu son économie s'accroître considérablement. Face à la constitution de grands ensembles économiques, comme l' Union Européenne ou l' ASEAN, c'est aussi le moyen pour les pays américains de ne pas se retrouver isolés dans la compétition économique internationale.

Mais de nombreuses critiques sont aussi venues remettre en cause ce projet. D'abord il n'est qu'économique. On est encore loin de voir la frontière Sud des Etats-Unis s'ouvrir aux flots de migrants qui rêvent de tenter leur chance au delà du Rio Grande (ou Rio Bravo comme on dit au Mexique). On a même vu le mur de séparation à la frontière et les "border patrols" se renforcer. Les camions passent, pas les hommes (en tout cas dans le sens Sud-Nord) comme le
chante Lila Downs.

laborday.gifL'enrichissement n'a pas profité à tout le monde que ce soit au Mexique ou aux Etats-Unis et a surtout été bénéfique pour les dirigeants et les actionnaires. On a même vu se créer une compétition aux bas salaires entre les villes mexicaines pour attirer les sociétés du Nord. Les petits paysans et artisans mexicains n'ont pas pu résister à l'arrivée à bas prix des produits agricoles étatsuniens et canadiens et ont été ruinés. Aux Etats-Unis et au Canada, les pertes ont été grandes pour l'emploi industriel, en effet de nombreuses entreprises en ont profité pour se délocaliser au Mexique mettant du monde au chômage. Une question qui revient régulièrement lors des campagnes électorales. L'un des paradoxes de ce système fait qu'au final les Etats-Unis importent plus qu'ils n'exportent du Canada et du Mexique aggravant leur déficit commercial. Mais un déficit apparent car si les produits sont fabriqués au Mexique, ils appartiennent à des entreprises américaines. Dernier reproche majeur de nombreuses entreprises polluantes ont profité d'une législation beaucoup moins contraignante sur les normes anti pollution au Mexique et s'y sont installées pour polluer tranquillement. (image :"Usine américaine. Sur l'affiche : Fête du travail : cette année le pique-nique aura lieu au Mexique où votre boulot est parti")

En fait si globalement l'ALENA a été très positif économiquement, il a aussi amplifié les inégalités sociales au Mexique ainsi que sa dépendance notamment financière auprès des Etats-Unis. Les heurts de la crise de 2008 ont touché par contrecoup l'économie du Mexique qui a vu son chômage bondir. 

Carte1mDans la foulée, les Etats-Unis ont essayé d'initier la ZLEA (Zone de Libre Echange des Amériques), cette fois ci étendu sur tout le continent de "l'Alaska à la Terre de Feu" selon l'expression du président George H. Bush (le père) au début des années 90.  Malgré les appels du pied des Etats-Unis, les autres pays d'Amérique Latine ne sont pas très enthousiastes à l'idée de rejoindre un hypothétique marché commun américain sur le modèle de l'ALENA. Il existe déjà d'autres accords de ce type en Amérique dont le principal,  initié par le Brésil et l'Argentine, s'appelle le MERCOSUR, qui vise à une plus grande coopération sur le modèle européen et se méfie des ambitions américaines. La ZLEA qui devait démarrer en 2005 est restée au point mort et se heurte à la méfiance des grands pays d'Amérique du Sud. Un projet mort et enterré a même déclaré le premier ministre canadien Stephen Harper en mai 2009.



Pour compléter :

Le site officiel Alenaaujourd'hui.org produit par les trois pays signataires vante les réussites de cet accord. 

Le site officiel du secrétariat de l'ALENA (en trois langues, anglais, espagnol et, Canada oblige, en français.). Intéressant avec notamment de nombreux textes expliquant le fonctionnement de cette association mais un peu aride à parcourir.

Un article du journal proche des altermondialistes "Le Monde Diplomatique" qui dénonce
les effets destructeurs de l'ALENA sur les petits paysans mexicains.

Un dossier très riche d'Etienne Augris sur la frontière américano-méxicaine

Sur le Mercosur, le très riche Atlas du Mercosur en ligne qui détaille ce projet dont nous reparlerons ici bientôt.

nafta cartoon
(Caricature anti ALENA :
Au centre: société américaine qui tient dans ses mains l'ALENA et l'
OMC (WTO): "Enfin le libre échange, enfin le libre échange, merci Dieu tout puissant nous avons le libre échange"
A gauche : travailleurs américains : licenciement massifs, disparition des droits des travailleurs"
A droite: travailleurs étrangers: "payes d'esclaves, pas de droits du travail")

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 13:05


Avec le bombardement d'Hiroshima et de Nagasaki, la seconde guerre mondiale s'achève et donne aux Américains l'impression trompeuse qu'ils sont pour longtemps les seuls détenteurs de la puissance atomique. Le sentiment qui domine est résumé par cette déclaration du président Truman lorsqu'il annonce le 7 août 1945 l'emploi de la bombe. "Nous avons mis au point la bombe et nous nous en sommes servis. Nous nous en sommes servis contre ceux qui nous ont attaqués sans avertissement à Pearl Harbor, contre ceux qui ont affamé, battu et exécuté des prisonniers de guerre américains, contre ceux qui ont renoncé à obéir aux lois de la guerre. Nous avons utilisé [l'arme atomique] pour raccourcir l'agonie de la guerre, pour sauver des milliers et des milliers de vies de jeunes Américains."


Désormais la bombe atomique devient une pièce maîtresse de l'arsenal de guerre américain. Mais il faut encore l'améliorer pour la rendre plus facile à produire et plus efficace. C'est pourquoi malgré la fin de la guerre, les recherches reprennent très vite. Dans les déserts de l'Ouest américain mais aussi sur l'île de Bikini dans le Pacifique.

 763px-Crossroads_baker_explosion.jpg

 

Sur cete photo nous pouvons voir une explosion sous marine en 1946, sur l'île de Bikini, une possession américaine dans les îles Marshall.  De vieux bateaux de guerre sont disposés pour mesurer son efficacité. Pour pouvoir procéder aux tests, la population de l'île avait été évacuée à 200 km de là.  Le nom Bikini qui fait alors l'actualité sera repris par un fabriquant français pour lancer un maillot de bain minuscule qui fera scandale et aura par là même un succés énorme... Mais ces essais auront des conséquences à long terme, la radioactivité est telle que l'atoll sera, après deux tests, iradié pour toujours et ses habitants ne pourront jamais s'y réinstaller.  Une vingtaine d'essais y seront menés jusqu'en 1958. Les retombées radioactives de certains d'entre-eux iront même contaminer les archipels avoisinants.

Au passage, il faudra attendre les années 60 pour que l'on prenne conscience du danger radioactif des essais à répétition et que l'on arrête les tirs aériens. De nombreux soldats et techniciens sont ainsi contaminés dans les centres nucléaires du monde entier. Des "points zéro" pas toujours si isolés que cela : c'est ainsi que des touristes viennent dans les années 50 à Las Vegas pour admirer les champignons atomiques du centre de Yucca Flats à une centaine de kilométres de la ville du jeu. Les cancers de la thyroïde parmi les personnels ayant travaillé sur ces sites et liés aux radiations se chiffrent probablement en dizaines de milliers. L'administration américaine n'a reconnu sa responsabilité dans ces maladies que très récemment et avec réticence.


 



L'arme nucléaire est aussi une arme diplomatique, un moyen de faire pression sur l'Union Soviétique, l'ancien allié devenu désormais un concurrent puis à partir de 1947 un ennemi. Les experts américains sont à peu près tous persuadés que les Soviétiques, ruinés par la guerre et souvent caricaturés dans l'opinion occidentale comme étant des paysans incultes, sont incapables d'accéder au feu nucléaire rapidement. 

 

Ils se trompent lourdement, d'abord parce que l'URSS dispose aussi de physiciens et de mathématiciens de premier ordre. Mais aussi parce que les services d'espionnage soviétiques ont depuis la guerre infiltré les centres de recherches américains et n'ignorent rien des travaux sur l'arme atomique. Staline était au courant du projet Manhattan avant le vice-président Truman tenu dans le secret du temps du président Roosevelt.
 

Les Soviétiques partent cependant avec un certain retard dans la course atomique, en effet la physique, trop théorique, n'était pas une priorité dans l'URSS des années 30 qui cherchait d'abord à se moderniser et l'a longtemps délaissée face à l'agronomie, la chimie ou l'électricité. Mais avec la guerre et la naissance de la bombe américaine, Staline change son fusil d'épaule et débloque d'énormes moyens pour la recherche nucléaire  qui devient la priorité des priorités. Les physiciens Igor Koutchatov et Andrei Sakharov mettent au point un programme de recherche en un temps record. Des villes secrétes sont construites pour abriter les recherches et exploiter l'uranium. Il faut faire vite pour combler ce retard qui met l'URSS sous la menace américaine. Heureusement pour eux, les services secrets militaires vont leur donner un bon coup de pouce.
 

B54.jpg

Les Soviétiques disposent notamment d'un personnage méconnu mais qui a probablement été l'un des plus grands espions du XXème siècle: Klaus Fuchs. Ce physicien allemand a fuit le nazisme dans les années 30 et s'est réfugié en Grande Bretagne puis aux Etats-Unis où il est intégré au programme Manhattan. Mais c'est aussi un communiste fervent qui est recruté par les services secrets soviétiques en 1941. Fuchs, s'il n'a accès au départ qu'à des informations secondaires sur le programme atomique, ne tarde pas à développer un réseau d'amis qui lui fournit des renseignements importants sur l'état des recherches. En effet, beaucoup de physiciens recrutés pour le projet n'ont jamais caché leur sympathies à gauche, voir même pour le communisme. Mais dans l'urgence de la guerre et face à l'ennemi commun nazi, les autorités américaines ont recruté sans trop se soucier de ce problème.
 

Fuchs joue sur ces sympathies pour rallier des savants à sa cause. Même s'ils ne sont pas forcément communistes, de nombreux physiciens sont sensibles à l'argumentaire développé par les pro-soviétiques: si les Américains sont les seuls à posséder la bombe, ils peuvent être tentés de l'utiliser. Si l'URSS  l'a aussi, c'est l'équilibre et l'assurance de ne plus voir de nouvelle guerre éclater. Fuchs n'est d'ailleurs pas le seul espion infiltré dans le programme nucléaire, d'autres réseaux ont existé et certains n'ont jamais été découverts. Mais c'est celui qui obtiendra les résultats les plus importants. C'est ainsi que l'Union Soviétique abreuvée aux meilleures sources peut piller une partie de la technologie atomique américaine. 

Le 23 septembre 1949, les Soviétiques procédent à leur premier essai atomique "Pervaya Molniya/ Premier éclair"  à Semipalatinsk dans le Kazhakstan.

Aux Etats-Unis c'est le choc, d'autant que les services secrets mettent à jour l'existence du réseau Fuchs qui est arrété en Angleterre et fera neuf ans de prison avant d'être expulsé pour l'Allemagne de l'Est. Il a été confondu grace à des transfuges qui ont fuit l'Union Soviétique. Dans la foulée les Américains arrêtent un certain nombre de savants atomistes qui ont fourni des informations à l'ennemi. C'est l'affaire Rosenberg, un couple de savants américains accusés d'avoir trahi pour l'Union Soviétique, jugés et condamnés à mort et, dans le même temps la montée d'un anti communisme déchaîné autour du maccarthisme. La presse se déchaîne notamment contre Oppenheimer, l'ancien directeur scientifique qui les avait embauché pendant la guerre, qui voit sa carrière brisée nette.

Si dans les années 40, la bombe atomique restait aux yeux de l'opinion publique occidentale un objet de curiosité scientifique dont l'aspect menaçant demeurait vague, devenant même un sujet de plaisanterie ou de publicité, l'accès de l'URSS à la bombe change la donne.loomis-dean-a-model-atomic-bomb-shelter-for-personal-use
Les années 50 voient désormais apparaître l'idée d'une vraie menace nucléaire pour le monde car les deux adversaires de la guerre froide se sont équipés de l'arme atomique. L'Europe ici  est en première ligne, les Soviétiques ne disposant pas encore d'avions ou de missiles capables de toucher les Etats-Unis en cas de guerre globale. De toute façon ,avec la bombe atomique soviétique, il n'est plus question d'utiliser celle-ci sur le terrain pour les Américains. Le général MacArthur qui avait demandé l'emploi de la bombe contre la Chine pendant la guerre de Corée est limogé par le président Truman qui ne veut pas risquer une riposte soviétique.

O
n voit commencer à fleurir un peu partout les abris anti atomiques. Des caches enterrées où on stocke vivres et équipements pour s'y réfugier en cas d'attaque nucléaire. En Europe, certains états craignant le pire s'équipent en masse.  La Suisse, par exemple, dépense des millions pour faire creuser de quoi abriter toute sa population là où, pendant ce temps, la France ne fait quasiment rien, à part prévoir des replis pour protéger ses dirigeants. Aux Etats-Unis ce sont surtout les particuliers qui se font construire un abri dans le jardin ou sous la maison.

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                     Construisez votre abri anti atomique vous même ! Le manuel d'époque...

La littérature et le cinéma, notamment de science fiction, s'emballent et prophétisent déjà la fin du monde. Le nucléaire fait peur et les monstres issus de l'atome comme Godzilla, dinosaure géant né des radiations atomiques qui vient ravager le Japon, font s'échauffer les imaginations. Le gouvernement américain lance des campagnes d'informations et des programmes d'entraînement à destination des enfants des écoles qui apprennent le "duck and cover" (litteralement plonger sous la table comme un canard sous l'eau et se couvrir), comme le montre ce film éducatif d'époque.


 




Des scientifiques et des intellectuels commencent à demander l'interdiction mondiale de cette arme. A l'initiative de quelques uns des savants ayant participé aux recherches atomiques dont Robert Oppenheimer ou Frédéric Jolliot-Curie, est lancé "l'appel de Stockholm", un mouvement international pour la paix qui recueille les signatures de 150 millions de personnes dans le monde, dont 3 millions en France, parmi lesquelles on retrouve les noms de Picasso, Aragon, Chagall, Simone Signoret, Yves Montant ou encore les tous jeunes et encore inconnus Jacques Chirac et Lionel Jospin. L'URSS par l'intermédiaire des partis communistes  européens soutient ce mouvement car elle sait que malgré sa bombe, elle est en retard  face aux Américains qu'elle ne peut pour l'instant pas encore atteindre par ses avions ou ses missiles en l'état actuel de la technologie. 
" APPEL
Nous exigeons l'interdiction absolue de l'arme atomique, arme d'épouvante et d'extermination massive des populations.
Nous exigeons l'établissement d'un rigoureux contrôle international pour assurer l'application de cette mesure d'interdiction.
Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait, contre n'importe quel pays, l'arme atomique, commettrait un crime contre l'humanité et serait à traiter comme criminel de guerre.
Nous appelons tous les hommes de bonne volonté dans le monde à signer cet appel.
Stockholm, 19 mars 1950."
 
Pour les Américains, il n'est plus question de désarmer. Du fait de l'impossibilité pour les Soviétiques de toucher le sol américain, l'atome est la meilleure garantie de défense contre l'immense armée rouge, d'autant qu'ils disposent de bases en Europe et en Asie qui menacent les grandes villes soviétiques. La bombe A (comme Atomique) a été une réussite, mais les savants pensent pouvoir décupler sa puissance. Edward Teller conçoit une bombe thermonucléaire dite bombe H (comme Hydrogène) 1000 fois plus puissante que sa petite soeur qui est expérimentée le 1er novembre 1952. Elle vaporise littérallement l'île d'Eniwetok où elle est testée.
 
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 Mais l'écart entre les deux pays ne reste pas très longtemps ouvert et les Soviétiques sautent le pas de cette technologie à peine un an plus tard, ce qui semble confirmer que leurs services d'espionnages sont toujours aussi bien implantés dans les labos de l'Ouest. On peut voir sur la photo une réplique de "Vanya" alias "Tsar Bomba/la reine des bombes" le plus gros engin jamais testé : 27 tonnes, 8 mètres, 57 mégatonnes. Lors de l'essai en octobre 61 le champignon de 40 km de diamètre monta jusqu'à 60 km dans le ciel ; la chaleur fut ressentie sur 300 km et la lumière a pu être vue dans un rayon de 1000 km. 
 
Les recherches américaines sont bien évidemment marquées du sceau du secret pour contrer les Soviétiques... mais aussi leurs propres alliés: en 1946, le gouvernement vote l'"Atomic Energy Act"qui interdit de révéler à quiconque la diffusion de secrets nucléaires. Fureur de la Grande Bretagne qui avait mis toutes ses recherches à disposition des Américains pendant la guerre. Le premier ministre Atlee, celui-là même qui avait succédé à Churchill à la conférence de Potsdam, décide que même sans les Américains, le Royaume Uni aura sa bombe. Dans le plus grand secret est lancé l'opération "Hurricane" qui aboutit à un premier essai le 3 octobre 1952 sur la petite île de Monte Bello, à 80 km de l'Australie (alliée de la Grande Bretagne dans le Commonwealth). La Grande Bretagne devient le 3 ème pays à rejoindre le "club nucléaire".  Les Américains voyant qu'ils ne pourront pas empêcher leur allié de développer son arsenal indépendant décident de changer de politique et commencent à échanger des technologies, ce qui permet à Londres d'avoir sa bombe H en 1957. Mais la prolifération nucléaire commence à inquiéter alors que d'autres pays comme la France ou la Chine manifestent aussi  leur volonté de se doter de l'arme atomique.
 
A partir du milieu des années 50, l'Est et l'Ouest accumulent les charges nucléaires. Chacun dispose théoriquement de quoi réduire l'autre en cendres. C'est l'ère de l'équilibre de la terreur. Le nombre de bombes augmente de chaque côté, tout comme leur puissance ainsi que les moyens de les transporter. Les bombardiers gagnent en autonomie et en rayon d'action, des missiles sont mis au point pour frapper une cible à des milliers de kilomètres. Si l'un des deux camps déclenche les hostilités ouvertement, on peut commencer à craindre la destruction de l'humanité.
 
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Caricature américaine des années 50 sur l'équilibre de la terreur. Sur les missiles est inscrit : "Ne doivent en aucun cas être utilisé, l'ennemi pourrait répliquer."





C'est pourquoi lorsqu'en 1961, les Américains découvrent que les Soviétiques sont en train d'installer des rampes de lancement à Cuba, capables de toucher le sol américain, le président Kennedy considère que c'est une atteinte intolérable à la sécurité du pays et menace le président soviétique Khrouchtchev de déclarer la guerre à l'URSS. C'est l'affaire des missiles de Cuba. Une crise qui dure 13 jours et où le monde craint soudain de voir l'holocauste nucléaire débuter. Finalement personne n'ayant rien à gagner d'une confrontation directe, les dirigeants négocient de manière à retirer les missiles sans qu'aucun des deux pays ne perde la face. Le monde passe à deux doigts de la guerre nucléaire tant redoutée. A la Maison Blanche et au Kremlin, on commence à se dire qu'il serait peut-être temps de faire retomber la tension d'un cran. Ce sera le temps du désarmement, la quatrième partie de cette série...  
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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 15:19

Pour retrouver la première partie de ce dossier.

Le 2 août 1939, le président Roosevelt reçoit
une lettre signée du prestigieux physicien Albert Einstein qui le met en garde contre les recherches effectuées par les Allemands dans le domaine de la recherche atomique et l'enjoint de lancer l'Amérique à son tour dans l'aventure nucléaire. Cette lettre est en fait écrite par un autre physicien, le juif hongrois Léo Szilard qui cherche à mobiliser les alliés contre la menace nazie et convainc Einstein, dont la célébrité est immense, de signer cet appel au président américain. Une lettre qu'Einstein regrettera quelques années plus tard, lorsqu'il verra la bombe atomique utilisée.


La première page de la lettre envoyée par Einstein à Roosevelt

Les Etats-Unis, rappelons le, se tiennent alors à l'écart des troubles qui agitent le vieux continent et sont plus inquiets de la grande dépression née de la crise de 29 que des bruits de bottes en Europe ou en Asie. Lenteurs administratives oblige, cette lettre ne parvient au président Roosevelt qu'en septembre 39, alors que les troupes allemandes déferlent en Pologne. Il concède d'abord une aide financière plutôt timide aux travaux d'Enrico Fermi, prix Nobel italien réfugié à Chicago, pour concevoir une pile atomique. Mais c'est l'attaque japonaise sur la base de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941 qui jette les Etats-Unis dans la guerre et va décider le président américain à agir.

Le 16 décembre 1941, à la demande de celui-ci, le conseiller scientifique de Roosevelt, Vennevar Bush (qui sera plus tard l'un des inventeurs d'internet) met en place un programme de recherche nucléaire colossal : le projet Manhattan. Et pour rattraper le retard on met les moyens. On débloque d'énormes crédits : le projet global coûtera la somme de 2 milliards de dollars de l'époque (on pourrait multiplier par huit pour avoir un équivalent actuel). 130 000 personnes sont affectées aux recherches dont des milliers de chercheurs et d'ingénieurs (20 Prix Nobel ou futurs Prix Nobel en font partie), la fine fleur des physiciens européens qui ont fuit le nazisme. A partir de 1942, les Britanniques qui avaient repris les recherches françaises, mettent celles-ci au service du projet américain. Le tout est confié pour la partie militaire au bouillant Général Leslie Groves ( à gauche sur la photo) et pour la partie scientifique à Julius Robert Oppenheimer (à droite), physicien capable de coordonner les efforts des nombreux savants liés au projet.

4 villes vont jaillir de terre pour accueillir dans le plus grand secret les différents centres de recherches. Un énorme réacteur est bâti à Oak Ridge au Tennessee pour produire l'uranium 235 nécessaire mais le site principal de recherche, appelé "site Y", se trouve dans le désert du Nouveau Mexique, à Los Alamos. C'est aussi dans le désert du Nouveau Mexique, à Almogordo que vont être effectués les premiers essais d'explosion atomique.

Les recherches, même avec les énormes moyens déployés sont longues et le projet n'abouti véritablement qu'au printemps 1945. La situation militaire a changé.  En Europe, la certitude de la capitulation allemande est réelle. Par contre le Japon est loin d'être tombé. Après les accords de Yalta, Roosevelt a négocié avec Staline la participation soviétique à l'effort militaire contre Tokyo dès que la guerre s'achève en Europe. Le 12 avril 1945, Franklin Roosevelt meurt et laisse la place à son vice-président
Harry S. Truman. Celui-ci se méfie beaucoup plus des Soviétiques et aimerait accélérer les choses dans le Pacifique pour éviter de voir les soldats de l'armée rouge se répandre en Asie comme ils le font en Europe Orientale. Mais, même s'il n'est plus en état de gagner la guerre, le Japon reste encore dangereux. L'archipel proprement dit est une forteresse bien défendue. Les américains ont beau déverser 40000 tonnes de bombes par mois sur les villes japonaises, la détermination nippone reste forte. Désespérés, les Japonais ont mis en place des escadrilles d'avions suicides, les "kamikazes" (vent divin) qui, chargés d'explosifs, se jetent sur les bateaux de guerre américains. De même lorsque les G.I. ont débarqués sur l'archipel d'Okinawa, le seul territoire japonais dont ils ont pu s'emparer, ils se sont heurtés à une résistance acharnée et meurtrière qui a duré trois mois. Les populations civiles endoctrinées par la propagande préférant parfois se jeter depuis les falaises plutôt que de tomber entre les mains de l'ennemi. Pour les experts américains, si pour défendre leur sol national les japonais affichent la même opiniâtreté qu'à Okinawa, le projet "Downfall" de débarquement et d'invasion du Japon sur le modèle du débarquement en Normandie pourrait coûter la vie à 500 000, peut-être un million de soldats alliés. Des chiffres catastrophistes probablement exagérés volontairement par un état-major désireux de voir la bombe utilisée.

Devenu par la force des choses président, Truman découvre l'existence du projet secret "Manhattan" dont il ignorait tout jusqu'alors. Cette arme nouvelle l'enthousiasme. D'autant qu'elle pourrait permettre de gagner la guerre rapidement, sans avoir besoin des Soviétiques.

Le 16 juillet 1945, à 5 heures du matin le premier essai atomique "Trinity" à lieu à Amogordo sous le regard des responsables de l'opération, militaires et scientifiques, réunis dans un bunker à 8 km du "point zéro", le centre de l'explosion.

 

"La région entière s’illumina sous une lumière éblouissante bien des fois supérieure en intensité à celle du soleil en plein midi. C’était une lumière dorée, pourpre, violette, grise, bleue. Elle éclairait chacune des crevasses, chacune des crêtes des montagnes voisines… Trente secondes plus tard, on entendit l’explosion. Le déplacement d’air frappa violemment les gens et puis, presque immédiatement, un coup de tonnerre assourdissant, terrifiant, interminable suivit, qui nous révéla que nous étions de petits êtres blasphémateurs qui avaient osé toucher aux forces jusqu’alors réservées au Tout-Puissant" Témoignage du général Farrell , témoin de l'explosion



Beaucoup d'entre eux réalisent à ce moment l'ampleur de l'arme qu'il ont créé
dont Oppenheimer, passionné de culture hindoue qui murmure "Maintenant je suis Shiva le destructeur des mondes"  ou son adjoint Bainbridge qui annonce plus simplement " A partir de maintenant, nous sommes tous des fils de putes… ".

L'explosion a été doublée par  celle de 100 tonnes de dynamite de manière à comparer l'arme atomique aux armes traditionnelles. "Trinity " équivaut à 20 000 tonnes de dynamite soit 20 kilotonnes. On calculera ainsi la force des armes nucléaires.

Truman, lui, est déjà en Europe où il doit rencontrer Churchill et surtout Staline pour la conférence de Potsdam qui doit avoir lieu le 17 juillet. Il reçoit la confirmation de la réussite du test. Cela va lui permettre de négocier avec les Soviétiques en position de force car il peut désormais gagner sans eux contre le Japon. Ce qu'il ignore c'est que Staline est déjà largement au courant du projet Manhattan et que les services secrets soviétiques ont noués des contacts avec de nombreux savants atomistes impliqués dans l'affaire. Nous en reparlerons d'ailleurs dans la troisième partie.

Maintenant que la bombe est une réalité, reste à l'utiliser... ou pas pour faire plier le Japon. De nombreux scientifiques ayant participé au projet mettent en garde contre l'emploi d'une arme d'une telle puissance, la menace est en elle même suffisante, pas besoin de passer à l'acte. Mais d'autres, dont le general Groves sont impatients de voir la bombe à l'oeuvre sur le champ de bataille et pressent Roosevelt de passer à l'acte. On ne peut pas avoir dépensé deux milliards de dollars pour créer l'arme ultime et ne pas l'utiliser. L'opinion publique américaine chauffée par la propagande antijaponaise pendant la guerre ("Remember Pearl Harbor" comme le rappelle cette affiche pour les emprunts de guerre) veut voir ses boys rentrer au pays au plus vite et le Japon vaincu par tous les moyens. L'emploi de la bombe finit par avoir gain de cause.

A l'initiative de Churchill, un ultimatum est envoyé au Japon le 26 juillet : s'il ne capitule pas sans condition, il risque "la destruction inévitable et complète des forces japonaises, et, aussi inévitablement, une terrible dévastation de la métropole nippone". Si les Japonais capitulent l'intégrité de l'archipel sera respecté et le gouvernement (dont l'empereur) simplement désarmé et non destitué. Sous la pression des militaires les plus jusqu'au boutiste, le gouvernement impérial refuse.

Le Japon est alors sous un déluge constant de bombes "classiques" et non moins meurtrières. Du 9 au 10 mars des raids massifs sur Tokyo ont fait 100 000 morts soit plus qu'Hiroshima. A Washington, on s'interroge et plusieurs options sont envisagées. Faire un tir de démonstration sur une île déserte ? Pas assez menaçant. Prévenir les Japonais du choix de l'objectif pour leur permettre d'évacuer les lieux ? C'est aussi risquer que les Japonais puissent se defendre et abattre l'avion transportant la bombe, voir puisse placer des prisonniers sur le site. Larguer la bombe sur Tokyo ? Trop extrême et comment négocier une capitulation si on tue tout le gouvernement nippon... Reste alors à choisir  des villes secondaires pour montrer aux Japonais la détermination américaine et les faire céder. 5 villes sont choisies : Kokuro, Hiroshima, Niigata, Nagasaki (qui remplace Yokohama d'abord envisagée mais trop proche de Tokyo) et Kyoto (cette dernière sera vite abandonnée car c'est une capitale religieuse au patrimoine unique). Il vaudrait d'ailleurs mieux que les japonais cèdent rapidement, car il n'y a en fait que deux bombes opérationnelles. Ordre est donné : on ne les bombarde plus, elle doivent rester vierges de toutes destructions pour mieux tester l'efficacité de l'arme nouvelle. 

La première bombe surnommée "Little Boy" est amenée sur la base de Tinian  et est chargée dans un bombardier "super forteresse' B-29 : "Enola Gay" en fin d'après midi du 5 août. Les avions de reconnaissance qui surveillent les conditions météo sur le Japon annoncent que parmi les villes objectifs seule Hiroshima ne sera pas sous les nuages. Le feu vert est donné, la cité devient dès lors la cible du bombardier qui décolle à 2 h 45 du matin accompagné de deux autres avions chargés d'appareils de mesure et de caméras. L'escadrille ne rencontre aucune résistance et à 8h15, le 6 août, larguent la bombe de 3 m de long et de 4,4 tonnes qui explose à 600 métres au dessus du centre d'Hiroshima.
 (photo de l'explosion prise par les avions d'escorte d'Enola Gay)

La bombe est de 15 kilotonnes. Une bulle de gaz de 300 m. d'une température de 4000° rase la ville. 60% de celle-ci est détruite. 80 000 morts, 70 000 blessés. Le souffle est terrible et enflamme tout sur son passage dans un rayon de 2km. Il est suivi par la radiation qui va venir empoisonner le site et provoquer dans les mois et les années qui suivent de dizaines de milliers de victimes supplémentaires.


Le 7 août les Soviétiques réagissent après avoir fait traîné les choses et déclarent la guerre au Japon. Ils attaquent par le Nord en juillet et envahissent la Mandchourie, une partie de la Corée et l'île de Sakhaline

Le 9 août, second bombardement, sur Nagasaki avec cette fois-ci "Fat Man" une bombe au plutonium similaire à celle de "Trinity". 20 000 morts immédiats, 50 000 dans les mois qui suivent. Les mêmes spectacles de désolation. Le Japon capitule sans condition, le 15 août.

L'utilisation de la bombe était elle nécéssaire ? Avec le recul, la réalité de la puissance militaire japonaise a été largement surévaluée et la capitulation de l'archipel était inévitable. Mais la volonté de terminer la guerre au plus vite et la peur de voir les soviétiques s'emparer de l'Asie ont poussé Truman à agir. Ce président non élu, devait aussi montrer sa détermination au peuple américain avant les nouvelles élections.

Mais l'emploi de cette arme marque aussi l'entrée dans une nouvelle ère. Celle où l'Homme peut se détruire lui même avec la bombe. Le fantôme des deux villes détruites va demeurer jusqu'à nos jours une marque indélébile. Les victimes brûlées ou irradiées resteront marquées à vie et vont traumatiser le Japon et frapper l'opinion publique. Parmi les nombreuses oeuvres qui parleront de cette tragédie, l'histgeobox évoque 2 chansons : "Enola Gay" d'Orchestral Manoeuvre in the Dark ou  "Il était une ville" de Claude Nougaro qui rappellent le souvenir des bombements atomiques.

Les Américains ne resteront pas longtemps seuls détenteurs de ce nouveau pouvoir. La donne a changé à la fin de la guerre et les anciens alliés se regardent désormais avec méfiance. Les Soviétiques vont vouloir à leur tour obtenir rapidement la maîtrise de l'atome, ce sera l'objet de la troisième partie de cette étude : l'équilibre de la terreur.

En plus des sources déjà citées dans la première partie, on pourra pour en savoir plus visiter le site en ligne du mémorial de Caen sur les bombardements atomiques, toujours extrêmement riche et documenté. On peut aussi aller voir  ce site historique sur l'aviation qui revient en détail sur les bombardements atomiques.

Et pour terminer une émission de M6 résumant (de façon un peu schématique) le projet Manhattan.

 

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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 16:38

 

L'Union Européenne vient cette semaine de se doter d'un président et d'un haut représentant aux affaires étrangères. Le belge Herman von Rompuy et la britannique Catherine Ashton  ont été élus respectivement à ces deux postes par les 27 chefs d'états réunis en Conseil européen à Stockholm.

Une bonne nouvelle pour la construction européenne, mais le choix de deux quasi inconnus plus appréciés pour leurs capacités de conciliateur que pour leur vision politique est aussi le symbole de la paralysie actuelle du projet d'Union Européenne.

C'est la suite logique de la mise en place du traité de Lisbonne en cours de ratification à l'heure actuelle. Même s'il n'a pas encore été totalement signé par les 27, il doit commencer à fonctionner le 1er décembre 2009. Il faut donc conformément à celui-ci désigner un président et un ministre des affaires étrangères capables de représenter l'Union.

Quel sont leurs rôles ? le président est élu pour un mandat de deux ans et demi renouvelable une seule fois, et doit donner un visage à l'Europe sur la scène internationale. Il n'a pas de véritable pouvoir de décision mais sera surtout un médiateur chargé de trouver des compromis entre les nombreux membres de l’UE et de servir d'arbitre dans leurs querelles. Problème, c'est déjà un peu le rôle du Président de la Commission européenne (à l'heure actuelle José Manuel Barroso) qui dirige cette institution au centre de l'Union.

La charge de haut représentant aux affaires étrangères (une fonction qui existe déjà sous une forme un peu différente) est, elle, mise en place pour une durée de cinq ans. Celui-ci doit s'occuper des négociations diplomatiques de l'U.E. avec le reste du monde. 

Les tractations politiques ont été importantes, il fallait à la fois ménager les susceptibilités de tous les pays et trouver des personnalités suffisamment consensuelles pour plaire à tout le monde . C'est ainsi que Tony Blair, l'ancien premier ministre britannique longtemps favori pour le poste de président a été recalé du fait du souvenir de son soutien à l'engagement américain en Irak. 

Le choix d'Herman Von Rompuy, premier ministre belge, est celui d'un homme discret, peu connu internationalement mais qui a su se montrer capable de faire fonctionner une Belgique déchirée entre Wallons et Flamands. Un homme compétent et diplomate mais qui ne risque pas de chercher à faire de l'ombre aux grands dirigeants de chaque pays.

Celui de Catherine Ashton a été plus surprenant, cette commissaire européenne est peu connue, y compris dans son propre pays et s'est surtout occupé d'économie et d'affaires sociales. Beaucoup d'observateurs pensent qu'il s'agit là du moyen de mettre à la fois une femme à un poste majeur, de manière à introduire davantage de parité dans les instances européennes, et une Britannique pour contenter le Royaume-Uni qui s'estime sous-représenté dans les postes de décisions importants.

Il ne reste plus qu'à attendre de voir ce que vont faire réellement ces deux nouveaux responsables, même si la plupart des commentateurs restent sceptiques sur leur véritable importance face aux Etats qui n'ont pas vraiment envie de renoncer davantage à leur souveraineté politique et diplomatique au profit de l'Europe.

Le président européen vu par Martin Vidberg

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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 14:42

Après une petite absence due à de nombreuses copies à corriger, voici le début d'une série d'articles qui feront le lien entre les programmes de première et de terminale, autour de l'un des "objets" les plus symboliques de ses 60 dernières années : la bombe atomique.


Lorsque le 6 août 1945, la ville japonaise d'Hiroshima est reduite en cendres par une bombe atomique de 4 tonnes, "little boy", le monde découvre qu'il vient de basculer dans l'ère nucléaire. Le second conflit mondial s'achève avec cette arme nouvelle qui frappe l'opinion par son pouvoir de destruction.


Si le sentiment dominant est la joie de voir se terminer la guerre, certains, encore peu nombreux, réalisent que cette arme nouvelle marque un changement radical pour l'humanité. Voici ce qu'écrit Albert Camus au lendemain de Nagasaki. "Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous, nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques."


Mais qu'est ce qu'une bombe atomique ? Quelques données techniques pour comprendre ce que c'est et pourquoi il n'est (heureusement) pas si facile de fabriquer une arme nucléaire. Pour faire simple, le principe de cette arme  consiste à provoquer un choc dans une masse d'uranium ou de plutonium (les éléments parmi les plus lourds du tableau des éléments chimiques) pour en faire éclater la structure atomique. Un neutron cassant le noyau d'un atome qui projette à son tour des neutrons allant briser les atomes voisins et ainsi de suite dans une formidable réaction en chaîne libérant une énergie colossale. De quoi générer une gigantesque explosion. Si on sait contrôler cette réaction, on peut aussi l'utiliser pour produire de l'énergie dans les centrales.

Si le principe est simple en apparence, la technologie pour le mettre en oeuvre est, elle, extraordinairement complexe et a mobilisé d'énormes moyens en savants et en matériel. Des recherches tellement compliquées et sensibles que celles des premières bombes atomiques lancées en 1945 sont toujours "secret défense" aux Etats-Unis. Deuxième problème, cette arme nécessite des combustibles rares. De l'uranium, qui se trouve en faible quantité ou du plutonium, encore plus puissant, mais qui n'existe pas à l'état naturel et doit être fabriqué à partir d'uranium. Les gisements sont donc peu nombreux et étroitement surveillés. De plus, avant d'avoir un matériau utilisable, il faut le traiter et le raffiner, ce qui nécessite là encore des technologies très compliquées et d'énormes investissements financiers. Tout cela explique pourquoi il est non seulement difficile et très coûteux de fabriquer une bombe mais aussi pourquoi il n'est pas évident de cacher qu'on en fabrique une, dans un monde où les transferts d'uranium, de personnels qualifiés ou de technologies de raffinage sont étroitement surveillés.

                                        Little boy, la première bombe atomique

Les premiers projets concernant la fission nucléaire remontent aux années 30. Des scientifiques allemands dont Max Plank et Otto Hahn sont même précurseurs dans le domaine.  Avec l'arrivée du nazisme en Allemagne, la communauté scientifique s'inquiète : l'idée d'en faire une arme commence à se faire jour. Albert Einstein est le premier en 1933 à souligner le risque de laisser de telles recherches entre les mains des nazis. Il n'est d'ailleurs pas le seul à se rendre compte du danger car plusieurs savants juifs comme Otto Fritz ou Rudolph Peierls quittent précipitamment l'Allemagne après le début des persécutions. Les nazis réorganisent la science allemande pour l'aryaniser. La physique considérée comme particulièrement "enjuivée" est largement épurée par le nouveau régime. Même pour les savants non-juifs l'inquiétude grandit, la communauté scientifique allemande est alors divisée, certains restent en Allemagne et rentrent dans l'appareil d'état, d'autres partent vers la France, la Grande Bretagne ou les Etats-Unis. Même chose en Italie avec le prix Nobel Enrico Fermi (dont la femme est juive) qui préfère quitter son pays plutôt que de devoir collaborer avec l'effort de guerre allemand. Paradoxe, tous ces savants manqueront cruellement à la recherche nazie et aideront les alliés à mettre au point la bombe, là où les Allemands qui comptaient avant la guerre quelques uns des plus grands physiciens mondiaux échoueront... Si le nazisme n'avait pas été antisémite, aurait-il eu le premier la bombe atomique ?

Pour en terminer sur la bombe allemande, abordons une question qui n'est pas tout à fait tranchée : ceux-ci sont-ils arrivés à produire une bombe atomique les premiers ? Les scientifiques allemands enrôlés dans l'effort de guerre ont souvent prétendu après la guerre qu'ils avaient volontairement ralentis les travaux par antinazisme. Les luttes de pouvoir entre ceux-ci pour gagner les faveurs du Führer et les meilleurs budgets auraient aussi considérablement freiné les physiciens. Le projet atomique jugé coûteux et peu crédible, n'était pas prioritaire pour Hitler et Goering qui misaient davantage sur la création des missiles ou des avions à réaction et n'accordérent de crédit à ces recherches qu'à la toute fin de la guerre. D'autant que l'Allemagne ne disposait que de très peu d'uranium et que l'usine de production norvégienne d'eau lourde, modérateur indispensable pour contrôler la fission,  fut détruite par l'action conjointe des Britanniques et de la Résistance locale. Il n'empèche qu'après la capitulation, de nombreux savants nazis furent récupérés par les américains, les soviétiques (et parfois aussi les français) et furent intégrés aux programmes de recherche respectifs de ces pays. (photo : les américains inspectant un réacteur allemand non encore opérationnel à la fin de la guerre.) 

La question a été relancée en 2005 dans un livre passionnant et controversé de l'historien allemand Reiner Karlsch
"la bombe d'Hitler" qui avance l'existence d'une expérience menée en février 45 : une explosion radioactive dans une île du Nord de l'Allemagne avec des prisonniers russes comme cobayes. Les résultats auraient été jugés insuffisamment prometteurs pour aller plus loin, d'autant que l'uranium manquait. Une thèse semble t-il corroborée par une étrange radioactivité résiduelle sur le site supposé de l'explosion. Rumeur, vraie bombe atomique ou simple bombe classique garnie d'éléments radioactifs ? D'après Karlsch les Soviétiques auraient récupéré à la fin de la guerre tous les documents (dont un mystérieux film) concernant ce projet. Le mystère demeure.

Dernier point étonnant alors que Berlin tombait, les allemands tentérent d'envoyer à leurs alliés japonais leurs dernières réserves d'uranium, le Japon ayant commencé sans trop y croire des recherches nucléaires à la fin de la guerre. Mais l'équipage du sous-marin U-234 qui devait transporter le minerai (ainsi que les plans d'avions à réaction) apprenant en chemin la capitulation de l'Allemagne préféra se rendre aux américains...

Autre pays très avancé dans ces recherches : la France. Sans la guerre, elle avait tous les atouts pour créer la bombe la première.  Des scientifiques français menés par Frederic Joliot-Curie (que l'on voit à gauche sur la photo accompagné de ses deux collaborateurs Hans Von Halban et Lew Kowarski) et suivis de près par le ministère de la défense  imaginent de bombarder de l'uranium pour provoquer une réaction en chaîne. Surtout quand ils apprennent que de leur côté les Allemands ont lancé eux aussi un programme de recherche similaire. Pour contrôler ce processus, il faut un modérateur, qui maintient la stabilité de l'ensemble. A l'époque, on pense à l'eau lourde (une eau dont les atomes d'hydrogène contiennent un neutron de plus que la normale et sont donc des isotopes nommés deutèrium). Or la seule usine produisant de l'eau lourde se trouve en Norvége et ne peut  fabriquer que des quantités réduites de cet élément. La France achète prudemment toutes les réserves disponibles et se lance en 1939 dans des expériences pratiques qui progressent rapidement, obtenant les premières réactions en chaîne contrôlées...

L'invasion allemande de 1940 met brutalement un terme à ces recherches. Les stocks d'eau lourde sont expédiés en urgence à Londres accompagnés de plusieurs membres de l'équipe de Joliot-Curie. Les Britanniques jusqu'alors s'étaient peu intéressés à ce domaine de la physique. L'arrivée de savants exilés, notamment allemands et français, accompagnés de 187 litres d'eau lourde les pousse à mettre en place un projet de recherche secret à Cambridge chapeauté par l'australien Mark Olyphant. Malgré des réussites (la première synthèse du plutonium notamment), le Royaume-Uni asphyxié par les bombardement du blitz allemand n'a plus les moyens techniques et financiers de mener les énormes travaux de recherche sur la bombe. C'est pourquoi à partir de 1942, la Grande Bretagne offre tous ses moyens scientifiques aux Etats-Unis qui viennent de se lancer dans l'aventure .

Ce sera le projet Manhattan, lancé le 16 decembre 1941 par la président Roosevelt après l'attaque de Pearl Harbor que nous verrons dans la seconde partie de cette étude.

Sources : "Hiroshima -Nagasaki" R. Oberlé -S. Woelffel - N Aida
"La Bombe atomique" C. Demas

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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 15:41

C'est le retour du café scientifique vizillois:

L'association  ACSPV (Association des Cafés Scientifiques du Pays Vizillois) vous propose une conférence du Dr Anne PERRIN du Centre de recherche des Armées sur le thème


"Ondes électromagnétiques :  risques et société "

le mercredi 18 novembre à 19h30 à la Mairie de Vizille.

Cette présentation sera suivie à 20h45 de l'Assemblée générale de l'association.

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