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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 17:07

Nous avons vu au travers du film "Bataille à Seattle", la naissance de l'altermondialisme moderne, en réaction à la tenue dans cette ville du Nord-Ouest des Etats-Unis de la troisième grande conférence internationale de l'Organisation Mondiale du Commerce (World Trade Organisation en anglais), née en 1995.

Mais qu'est précisement cette organisation contestée et quel est son rôle exact ?

L'OMC est la continuation d'un grand projet de l'ONU, lancé après la seconde guerre mondiale visant à ouvrir tous les pays au commerce mondial et à limiter le retour au protectionnisme et à la fermeture des frontières.

En effet après la crise de 29 et la seconde guerre mondiale, beaucoup d'économistes ont développé l'idée que le protectionnisme et la nationalisme économique n'ont fait que renforcer les incompréhensions entre les peuples, et favorisé la montée des totalitarismes puisque personne ne dialoguait pour fixer des règles de protection communes contre les crises économiques..

D'où l'équation suivante : commerce mondial = paix mondiale. On ne fait pas la guerre avec ses partenaires économiques. Un idée qui s'inscrit d'ailleurs parfaitement dans la vision occidentale de la guerre froide et qui aboutira au passage aussi à la création de la future Union Européenne.


C'est ce qui explique la création en 1947 de "l Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce", rapidement connu sous son nom anglais GATT : General Agreement on Tariffs and Trade est signée par 23 pays du camp pro-américain et reçu avec méfiance par l'Union Soviétique.

Il repose en gros sur les principes suivants : baisse des droits de douanes en vue de leur suppression définitive, interdiction de subventionner ses exportations ou de favoriser un pays au détriment des autres. Le commerce mondial peut ainsi se developper extraordinairement pendant ce dernier demi-siècle.

Les pays signataires de ces accords, rejoints progressivement par d'autres, négocient dans des accords-marathons ( les "rounds" qui prennent le nom de la ville qui accueille ces tractations) où chacun essaye de défendre ses avantages tout en ouvrant le commerce au maximum. Au milieu des années 90, la plupart des grands pays du monde ont fini par rejoindre cet ensemble, mais les négociations restent souvent à l'avantage des pays du Nord plus puissants et plus organisés.



Mais le caractère long et épisodique du GATT n'est plus suffisant, il faut une véritable organisation qui serve d'arbitre et qui permette à chaque pays d'être mieux representé. La dernière discussion du temps, l'Uruguay Round, a duré 8 ans et la négociation a été acharnée pour gerer la question de l'agriculture ou de la propriété intellectuelle.

Ce sera l'OMC, crée en 94 où chaque pays a une voix et qui permet de gérer les conflits commerciaux. Elle dispose d'une organisation fixe basée à Genève et de réunions dont la plus importante est celle des ministres de l'économie tous les deux ans. Elle dispose de "l'Organe de Règlement des Différends", une sorte de "pouvoir juridique" qui peut régler les conflits commerciaux entre les pays.

C'est là que repose l'une des principale difficulté du système:  en effet les conflits sont fréquents entre les pays car les conceptions mêmes de la liberté du commerce varient d'un pays à l'autre. Beaucoup de pays du Sud ne veulent pas qu'on remettent en cause leurs bas salaires ou les délocalisations. Les pays du Nord ne sont pas prêts à abandonner la subvention de leur agriculture qui leur permet de garantir les emplois de leurs paysans.

De même de nombreuses compagnies pharmaceutiques du Nord ont poussé leurs ministres à freiner la mise en place de copies de médicaments bon marché pour traiter les malades des pays pauvres au nom du respect des brevets commerciaux. On peut encore citer  les Etats-Unis qui ont dénoncé le refus par la plupart des pays européens des produits à base d'OGM ou du boeuf élevé aux hormones de croissance au nom de la santé publique ,comme une façon de faire du protectionnisme déguisé.

C'est pourquoi l'OMC est souvent dénoncée par les mouvements altermondialistes comme la représentation de la mondialisation commerciale aveugle qui broye les petits, favorise les multinationales et sacrifie tout, nature, condition de vie des ouvriers, santé, démocratie locale au nom du commerce. Les réunions de cette organisation sont devenus comme à Seattle l'occasion pour les groupes defendant l'altermondialisme de manifester régulièrement, parfois avec violence.

L'OMC est à l'heure actuelle en discussion : Les petits pays du Sud qui n'ont pas toujours les moyens de maintenir des délégués en permanence, se plaignent d'être souvent laissées de côté. De même il faudrait faire des efforts pour mieux associer les Organisations Non Gouvernementales qui permettraient de mettre davantage en avant la question du respect des droits humains et de ne pas réduire l'économie qu'à des bilans comptables.



Néanmoins malgré ses défauts et sa lourdeur, l'OMC, dirigé par le français Pascal Lamy, et son ancêtre le GATT (qui n'a pas disparu car les négociations existent toujours et dépendent désormais de l'OMC), est un des acteurs majeurs de la mondialisation de l'économie. toujours fidèle à sa vision de l'économie ouverte, elle 
cherche à s'affirmer comme un pôle de stabilité en cette période de crise financière mondialisée où la tentation d'un retour au protectionnisme et à la fermeture des frontière se fait jour chez nos politiques.

Sources et pistes de recherche:
Un dossier très complet mais un peu aride
de la Documentation Française.

Le site de l'OMC

Un dossier très critique du Monde Diplomatique, journal proche des mouvement altermondialistes.

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commentaires

M
bonjour, vous oubliez que les US pratiquent^eux mêmes le protectionisme sans que personne ne leur dictent leur conduite, l'OMC n'est qu'une institution américaine qui ne profite qu'aux pays dominants, si les US ne pratiquaient pas le protectionisme agricole par exemple, les agricultueurs des pays du Sud auraient largement pu optimiser leur production et du coup leur vente !
Répondre
M
<br /> L'OMC est toujours contestée, toutefois, cela fait un bout de temps que les producteurs du Sud se sont organisés pour peser sur l'agriculture mondiale au sein de l'OMC et peuvent peser face<br /> aux Etats-Unis ou à l'Europe qui eux subventionnent largement leur propre agriculture. Depuis les années 2000, les géants agricoles du sud comme le Brésil ou l'Inde ont justement utilisé l'OMC pour<br /> faire valoir leur volonté de profiter de leur puissance et de la faiblesse du coût de leur main d'oeuvre.<br /> <br /> <br />