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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 22:06

Petit ralentissement du blog cette semaine en raison de l’afflux de copies à corriger qui s’entassent sur mon bureau.

 

Cela étant, suite au travail que nous avons lancé avec les TL sur Berlin, lieu de tension extrême de la guerre froide, approfondissons un peu la création de ce qui devint la matérialisation même du rideau de fer prédit par Churchill dans son célèbre discours de Fulton de 1946 : le "Mur de Berlin" vite surnommé le "mur de la honte".

 

 Le Mur dans les années 80 ( sens Est-Ouest)


Berlin a déjà été l’enjeu de l’affrontement entre les deux blocs comme nous avons pu le voir avec le blocus de Berlin dont l’une des conséquences a été la naissance de 2 Allemagne, la République Fédérale Allemande pro-occidentale et la République Démocratique Allemande, alignée sur le modèle soviétique.

 

Malgré la séparation en deux pays, il n’est guère difficile de passer d’une Allemagne à l’autre, tout particulièrement à Berlin où de nombreuses rues et deux lignes de tramway et de métro assurent la jonction entre les deux parties de la capitale.

 

En ce début des années 60, la RDA doit faire face à un problème de plus en plus préoccupant : l’exode massif de sa population vers l’Allemagne de l’Ouest. Ce sont 2,7 millions de citoyens  (sur un total d’environ une quinzaine de millions d’habitants) qui, de 47 à 61, passent la frontière, mollement surveillée et "choisissent la liberté" comme on le dit à l’époque. Et pas les plus inutiles : médecins, ingénieurs, professeurs, ouvriers qualifiés, tout ceux qui ont des compétences qui leur permettront de réussir à l’Ouest  tentent leur chance de l’autre côté. Pour le chef du gouvernement est-allemand, Walter Ulbricht, cette situation est devenue intenable. Il obtient de Nikita Khrouchtchev, dirigeant de l’URSS, l’autorisation de régler ce problème par la force.

 Khrouchtchev (avec le chapeau) et Walter Ulbricht



C’est l’opération "Muraille de Chine" qui prend le monde par surprise. Le 12 août 1961, la RDA mobilise 25 000 membres de l’armée et des Vopos (Volkspolizei, la police du peuple) pour construire en urgence un mur de 43 km qui barre l’accès entre les deux parties de la ville. Les Berlinois éberlués découvrent en se réveillant le mur qui a poussé pendant la nuit, doublé d’un réseau de fils de fer barbelés.

 


Le long de la frontière avec la RFA, 155 km de grillages et barbelés poussent presque aussi vite et viennent compléter l’encerclement de la capitale et la fermeture entre les deux Allemagnes. Le tout lourdement gardé. Restent 25 points de passages disséminés le long du mur et de la frontière entre les deux pays, dont les plus connus seront "Checkpoint Charlie" principale ouverture avec le secteur américain de Berlin ou bien le pont de Glinieke où, dans la brume du petit matin, soviétiques et américain échangent leurs espions capturés. (Une image fantasmée qui restera longtemps dans l’imaginaire des films d'espionnage de la guerre froide). Ces points de passages sont sévèrement contrôlés par les Vopos qui ont l’ordre de tirer à vue sur tous fuyards.

 




La propagande est-allemande présente le mur comme une protection contre la menace impérialiste et fasciste. Pourtant personne n'est dupe. Le mur est une coupure entre les deux blocs. Kennedy vient à Berlin-Ouest en 1963 pour rassurer les berlinois de l'Ouest, venus en masse, sur le soutien du camp occidental aux Allemands dans son célèbre discours "Ich bin ein Berliner" ("je suis un berlinois"). Pour le président américain, le mur est le symbole même de l’echec du modèle communiste contraint d’enfernmer ses propres habitants pour survivre. Mais face à l'URSS, la détente commence, il ne peut pas intervenir militairement dans ce qui est à la base une affaire purement est-allemande. (Le mur est intégralement construit sur la partie est-allemande de la frontière)

Kennedy à Berlin


Désormais l’accès entre les deux Allemagne est extrêmement difficile. Les familles se retrouvent séparées et ne pourront parfois se revoir que 30 ans plus tard.

De nombreux allemands tenteront de passer cette nouvelle muraille. Tunnels, montgolfières, camions qui défoncent le mur, faux uniformes de soldat ou autorisation de sortie trafiquées, plus de 5000 allemands réussiront à tromper la vigilance des Vopos.

 

 

Mais beaucoup seront arrêtés et jetés en prison lors de ces tentatives. De 61 à 89, date de sa destruction, 421 personnes y laisseront la vie (certains parlent de plus de 1000 personnes, les archives est-allemandes ne sont pas complètes à ce sujet.). De chaque côté du mur deux sociétés différentes se développent, séparées par ce voile de parpaings et de béton. La capitale allemande devient le symbole vivant d'un monde déchiré entre les deux blocs et de la séparation entre deux visions du monde totalement inconciliables.

 

Sources et approfondissements :

Une visite du mur sur le site (en français) de la ville de Berlin.

"Au pied du Mur " : Une exposition en ligne sur le site du mémorial de Caen

L'extrait d'un documentaire : "La guerre froide" qui présente la réaction des berlinois à la construction du mur et la visite triomphale de Kennedy dans la ville en 63.


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2 octobre 2008 4 02 /10 /octobre /2008 17:59
Café scientifique de Vizille

 

Mercredi 15 octobre 20h30 Lycée « Portes de l’Oisans »

 

« Cancer et environnement »

 

On sait depuis longtemps que beaucoup de cancers sont dûs à des facteurs à risques extérieurs. De ce fait, nombre d’entre eux pourraient sans doute être évités.

Probablement incomplète, une longue liste de substances cancérigènes a cependant été établie rendant ainsi la prévention plus efficace ; le tabac en première place, l’alcool, l’amiante, les radiations et beaucoup de produits polluants.

Entre le contact répété avec les facteurs cancérigènes et  la détection clinique de la maladie, plusieurs années peuvent éventuellement s’écouler……..

Venez en discuter avec :
 -Dr Christian Brambilla :
pneumologue, professeur CHU, Directeur de l’Institut Albert Bonniot (Grenoble)


-Dr Gabriel-Claude Girona
 :

secrétaire général de la Ligue contre le Cancer (Grenoble)


-Roland Masse :

biologiste, chercheur CEA,  membre de l’Académie de Médecine (Paris)

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1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 22:34

Nous avons déjà évoqué ici la déconfiture du marché de l’immobilier américain lors de la crise des subprimes et les conséquences économiques et sociales qui en ont suivi aux Etats-Unis : expulsion en masse des petits propriétaires ne pouvant plus rembourser leurs dettes, faillites en cascade des banques, des assurances et des organismes de crédit et retour précipité de l’investissement de l'état pour sauver ce qui pouvait encore l’être et éviter la faillite du système.

 

Tout ça se passe aux Etats-Unis.

 

Sauf que grâce à notre économie mondialisée, c’est toute la planète financière qui s’apprête à boire la tasse.

 Une allégorie superbe de l'économie globalisée par le journal économique "The Financial Times" où les immeubles des plus grands centres d'affaires du monde (l'Arche de la Défense à Paris, la Tour 101 de Taipei,  le "Concombre" de Londres etc...) semblent  ne plus faire qu'une seule ville mondiale.

En effet cela fait maintenant des siècles que l’argent circule bien plus vite que les êtres humains. On pourrait revenir aux banquiers italiens finançant les cours d’Europe à coup de lettres de crédits ou aux investisseurs espagnols organisant l’exploitation des plantations et des mines du Nouveau Monde et l’affrètement de bateaux pour aller chercher les esclaves pour aller y travailler (un variante du concept de délocalisation si on y réfléchit bien). Mais sans aller si loin il faut bien se rappeler que le formidable essor des moyens de communication a permis d’envisager le commerce et surtout les échanges d’argent de façon mondiale.

 

Le télégraphe, puis le téléphone, le satellite, l’ordinateur ont rendu le transport d’informations universel et instantané. Les financiers ne raisonnent plus dans le cadre étroit de leurs marchés nationaux mais peuvent désormais jouer en bourse à Paris, New York, Singapour ou Tokyo sans quitter le confort de leur bureau. Le long des fuseaux horaires, on pourra toujours trouver une bourse ouverte quelque part dans le monde et passer ses ordres bancaires d’un simple clic de souris.

 

Les banques du monde entier ont ainsi investi ou emprunté de l’argent un peu partout au gré des opportunités financières. Et les plus importantes d’entre elles se trouvent tout naturellement dans la première économie mondiale : les Etats-Unis.

 

C’est pourquoi toutes les grandes banques ou assurances européennes ou asiatiques ont investi massivement sur le marché américain. Eblouies par les profits escomptés sur ce marché prometteur elles n’ont pas toujours vu l’état de dégradation du marché et la multiplications des crédits « pourris » qui commençaient à s’accumuler. Et pourtant les indices du surendettement et de la difficulté de se faire rembourser pour les banques américaines étaient de plus en plus visibles. Mais la culture des sociétés financières est au profit rapide et immédiat, de manière à générer de grosses marges bénéficiaires qui vont contenter les actionnaires sans trop se soucier des conséquences à long terme. De toute façon, ces dernières années, les patrons des grandes banques ou sociétés qui ont fait plonger leurs firmes par incompétence ont toujours pu quitter leur poste avec des primes se chiffrant en milliers d’euros. C’est ce qu’on appelle familièrement les "parachutes dorés" votés par les représentants des actionnaires, qui sont pour la plupart issus des mêmes milieux patronaux et qui permettent aux dirigeants des grosses entreprises de toucher des primes de départ conséquentes même quand ils ont eu des mauvais résultats. On préfère ensuite se rattraper en licenciant des employés ou en fermant des succursales ou des usines.

 

Toujours est-il que la dégringolade des organismes de prêts américains commence à se répercuter en Europe et en Asie. La crise immobilière s’est transformée en crise financière Nos groupes européens ne peuvent plus récupérer leur argent investi dans des banques qui font faillites ou dont les caisses sont vides. Lundi 29 septembre, c’est l’équivalent du PIB de l’Espagne qui est partie en fumée à Wall Street.

                                                                                               Dessin de Lasserpe


D’où une panique qui met à mal tous les marchés financiers surtout avec les faillites spectaculaires de grandes banques américaines comme Lehman Brothers, un mastodonte de la finance vieux d’un siècle. Ce genre de société tellement implantée dans la vie des américains qu’on avait fini par les croire des institutions indestructibles comme pourraient l’être chez nous des marques de confiance comme le Crédit agricole ou la Caisse d’Epargne. La peur s’est donc emparée des places boursières. Plus personne ne veut prendre le risque d’investir, tout le monde demande à récupérer son argent déposé dans des banques mettant le couteau sous la gorge de ces sociétés qui se retrouvent à cours de fonds.

 

Un grand nombre de grosse firmes européennes se trouve en difficulté: Un exemple : Dexia, géant franco-belge de la banque et de l’assurance dont les filiales américaines sont ruinées par la crise se retrouve au bord de la faillite. Tant pis pour elle pourrait-on se dire. C’est la loi de l’économie normalement… Sauf que Dexia est le leader des prêts aux mairies, pour leurs projets et leurs travaux. Si on la laisse tomber, elle va logiquement se retourner vers ses créanciers et donc ce sont toutes les mairies qui vont devoir rembourser leurs emprunts en catastrophe. Ruine des municipalités en perspective…

Source : Libération.fr 



D’où sa recapitalisation.
C'est-à-dire donner de l’argent public à ces sociétés pour apurer leurs comptes et restaurer la confiance du marché financier. Les états belges, français et luxembourgeois réinjectent 5 milliards d’euros pour éviter la faillite de Dexia. En échange, les états se retrouvent partiellement propriétaires de la firme. C’est une forme de nationalisation : reprise en main par les états des sociétés privées. Ce n’est pas de gaité de cœur pour les gouvernements européens plutôt portés vers le modèle libéral. Depuis les années 80, la tendance était plutôt à la privatisation : vendre au marché privé les entreprises de service public : TF1, les autoroutes, Air France, France Télécom bientôt la Poste. Changement de cap, l'état redevient propriétaire d'entreprises malades pour les sauver.

 

Est-ce au contribuable de renflouer des sociétés qui ont joué en bourse comme dans un grand casino. Privatiser les gains, nationaliser les pertes ? Logiquement non. Sauf que si les banques coulent, ce sont toutes les économies de leurs petits clients qui disparaissent. Toutes vos économies ! Quand aux pays en voie de développement qui doivent énormément d’argent aux banques internationales, elle risquent encore de se voir pressurer davantage pour rembourser leurs dettes.

 

Devinez qui va trinquer si le système financier s’effondre…

Sur le modèle de ce qui s’est passé avec Freddie Mac et Fannie Mae aux Etats-Unis, les états européens et asiatiques renflouent leurs sociétés. Mardi la Banque du Japon  a remis 3.000 milliards de yens (19,5 milliards d'euros) dans son système bancaire, intervenant pour la 10e journée ouvrable consécutive. Au Royaume-Uni, le gouvernement a été contraint lundi de nationaliser la banque Bradford & Bingley. Après avoir longtemps dénoncé le poids de l’état dans l’économie, le patronat européen tourne sa veste et vient quémander l’aide du pouvoir politique. Aux Etats-Unis le secrétaire au Trésor Henry Paulson a proposé un plan d’aide de 700 milliards de dollars pour renflouer l’ensemble des banques américaines et restaurer ainsi la confiance financière. Plan refusé par une majorité de membres de la chambre des représentants accrochés à l’idée que l’état n’a pas à se mêler des affaires économiques privées même si les dégâts risquent d’être important pour les bas de laines du citoyen lambda.

 Le système financier sera probablement sauvé par la puissance publique, seule capable de restaurer ce qui fait la valeur des monnaies et des actions : la confiance. Bref cette crise sans avoir encore l’ampleur de celle de 1929 risque de marquer le retour au premier plan des états comme acteurs majeurs de l’économie mondiale.

Il faudrait aussi esperer que cette crise serve de leçon à nos chers banquiers et traders si sûrs de leur clairvoyance. Mais il ne faut pas se faire d'illusions, ce n'est pas la première crise de grande ampleur. Une fois que le contribuble aura payé pour leurs bévues, tout va redemarrer comme avant. Ce n'est pas la première crise grave du système financier et à chaque fois, malgré les régulations, la bourse a recommencé à flamber de façon totalement irrationnelle jusqu'à la crise de panique suivante...

La crise au jour le jour vu par le journal économique : « les Echos »
L'avis de Jean-Christophe Diedrich accompagné d'explications économiques qui éclairent cette crise.
L'excellent article sur le sujet de Bruno Sentier

 Source :Le Monde.fr

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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 23:53

Le 12 avril 1961,  pour la première fois dans l’histoire, un homme s’aventurait au-delà des limites de notre atmosphère. Au delà du simple exploit technique et de l'extraordinaire effet psychologique de promotion du modèle  soviétique, ce premier vol habité est l'un des moments essentiel de l'histoire du XXème siècle.

 

Quatre ans auparavant les soviétiques ont surpris le monde entier et semé la consternation à Washington en lançant le premier satellite artificiel dans l’espace : le Spoutnik une grosse boule métallique bardée de quatre antennes dont le bip bip  s’entend sur toutes les radios. Et puis un mois plus tard c’est la chienne Laïka le premier animal envoyé dans l’espace. Malgré la mort de Laïka pendant la mission, les soviétiques ont prouvé qu’on pouvait envoyer un être vivant dans l’espace.

 

Voulant conforter leur avance par rapport aux américains, les soviétiques décident de mettre les bouchées doubles pour envoyer un homme dans l’espace. Pour cela il leur faut un héros, un véritable fils du peuple. Ce sera Youri Alexeievitch Gagarine. Né en 1934, ce fils de paysan, a vu sa famille payer un lourd tribut à la guerre. Avec son 1,59m, qui lui permet de rentrer plus facilement dans la capsule spatiale, et son visage séduisant, il est préféré pour des raisons de propagande à Guerman Titov, le premier pilote à s’être entraîné pour un vol spatial. Titov est fils d’instituteur ce n’était pas assez "populaire" pour la propagande officielle. C’est décidé: Gagarine sera le premier cosmonaute de l’histoire humaine. Titov ne sera que doublure et seulement le second cosmonaute à partir dans l’espace.


Il n’empêche que Gagarine, s’embarquant dans la capsule Vostok (Orient en russe) prend un sacré risque. La technologie spatiale est balbutiante et malgré deux essais préalables concluants avec un module automatisé vide, le succès de la mission loin d’être garantie.  A tel point que les images de l’embarquement dans la fusée sont soigneusement tournées à l’avance au cas où quelque chose se passerait mal. Une fois la mission réussie elles seront présentées dans les médias comme filmées en direct. Au moment de ce départ, Gagarine enregistre cette déclaration : « Chers amis, connus et inconnus pour moi, mes chers compatriotes et toutes les personnes du monde ! Dans quelques instants, une puissante fusée soviétique va propulser mon vaisseau dans l'étendue de l'espace. Ce que je veux vous dire est cela. Toute ma vie est désormais devant moi comme une simple inspiration. Je sens que je peux accroître ma force pour faire avec succès ce que l'on attend de moi. »
 


Le module Vostok : faut quand même être sacrément courageux
pour accepter d'être envoyé dans l'espace là dedans...
 


La fusée décolle de Baïkonour au Kazakhstan. Le vol est relativement court 108 minutes, le temps d’une révolution autour de la Terre. Sanglé dans son étroite capsule de 2,3 m de diamètre, il est en liaison constante avec le sol et décrit la Terre vue de l’espace. Si la première partie du voyage se passe bien, la suite à de quoi donner quelques sueurs froides à Youri :  il perd la communication avec Baïkonour au bout de 30 mn et au moment d’aborder la descente, la séparation avec le reste du module met 10 mn de plus que prévu à survenir. Néanmoins la capsule déploie finalement son parachute se pose en plein cœur de la Russie rurale dans la région de la Volga à la grande surprise des villageois locaux. Il ne lui reste plus qu’à trouver un téléphone pour prévenir sa base que tout s’est bien passé.

Pour un récit plus détaillé du vol.



Devenu un héros, Gagarine sillonne le pays et le monde entier obtenant un succès international. Il fera trois voyages en France où il est accueilli comme un héros et comme le symbole vivant de la puissance soviétique. On ne compte plus les écoles, lycées, gymnases ou squares nommées Youri Gagarine dans notre pays (généralement dans des municipalités communistes).  



Un 45 tours et un buvard pour écolier, deux exemples de la "Gagarinemania" qui touche la France après l'exploit du cosmonaute.

Il obtient un accueil triomphal y compris aux Etats-Unis et est même reçu à la Maison Blanche.  Après tout, même soviétique, c’est le premier être humain a être allé dans l’espace.
Le président Kennedy tout en recevant le héros du peuple de l’URSS fixe désormais une consigne aux savants américains tout en créant la NASA. Il faut que ce soit un américain qui pose le premier le pied sur la Lune avant la fin de la décennie 60.

 

Gagarine veut continuer a participer au programme spatial. Mais son statut de héros le rend trop précieux pour qu’on lui permette de repartir dans l’espace. C’est en tant que consultant qu’il participe au programme spatial soviétique, notamment sur le projet d’envoi d’un homme sur la Lune qui n’arrive pas à se concrétiser techniquement. Mais invité partout dans le monde, il ne suit pas toujours  la ligne officielle du parti, n'hésitant pas à critiquer les lourdeurs du système soviétique dans la réalisation de projets spatiaux, rencontrant et sympathisant devant la caméra avec des astronautes américains. En 1967, la capsule "Soyouz I" qui doit tester l'équipement pour la mission lunaire s'écrase à son retour sur Terre, tuant Komarov son cosmonaute. Cet échec sonne le glas de tout le projet lunaire soviétique. Gagarine ne sera pas le premier homme sur la Lune. Il est progressivement écarté du programme spatial suite à des intrigues de couloirs au sein du parti et poussé vers des postes honorifiques mais sans pouvoir. 

Gagarine, aux balcons du Kremlin avec le
Premier Secrétaire du Parti : Nikita Khrouchtchev
 


Le 27 mars 1968, il meurt lors d’un entraînement à bord d'un avion de chasse.
Une mort qui reste encore mystérieuse, Gagarine, héros un peu trop populaire, au franc parler un peu trop prononcé,  n’avait pas que des amis au bureau central du parti. La rumeur veut qu’il ait même jeté sa coupe de champagne au visage du premier secrétaire Leonid Brejnev lors d'une cérémonie officielle.

En tout cas sa mort est un choc pour toute l’Union Soviétique. Pour les soviétiques c’est un héros national, le symbole de la grandeur du pays qui disparaît. Selon leur grande habitude, la ville de Gjatsk où il avait passé sa jeunesse fut rebaptisée Gagarine. Un an plus tard les américains posent le pied sur la Lune, ce que les soviétiques n’arriveront jamais à faire. Le leadership dans la course spatiale a changé de camp.



                                                                          Monument à la gloire de Gagarine à Moscou

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25 septembre 2008 4 25 /09 /septembre /2008 21:13
De manière à compléter notre étude des 2 modèles idéologiques (n'oubliez pas de reprendre le parcours thématique pour vous y retrouver mieux) ...


Pour mieux comprendre cette opposition voici l'excellent schéma de Bricabraque et la mise au point de François Saillard. on trouvera aussi des analyses sur deux sites aux noms évocateurs guerrefroide.net et guerrefroide.iquebec.com

L'histgeobox, dont nous nous sommes servi en cours pour illustrer la lutte des Noirs pour leurs droits dans l'Amérique des années 50-60 est toujours une mine :

Sur l'attraction du modèle :
- 95. West Side Story :"America"

Les limites du modèle américain et notamment la lutte pour les droits civiques ont été largement analysées par Julien Blottière grand exégéte de la musique noire américaine.

- 2 J.B. Lenoir:"Alabama blues".
- 3 Billie Holiday:"Strange fruit".
- 15. Bob Dylan:"Oxford town".
- 17 Betty Fikes:"Back of the bus".
- 23. John Coltrane:"Alabama".
- 27. The temptations: "Message from a black man".
- 37. Bob Dylan:"Blowin' in the wind".
- 39. George Perkins & The Silver Stars - Cryin' in ...
- 40: Earl Sixteen: "Malcom X".
- 41. Phil Ochs:"Freedom riders". (1962) 
- 42. Bob Dylan:"The time they're A-Changin'".
- 48. Gil Scott Heron:"Klan".
- 65. Nina Simone:"Backlash blues".
- 69. J.B. Lenoir:"Vietnam blues (1966).
- 70. Freedom singers: "In the Mississippi river".
- 73. Marlena Shaw:"Woman of the ghetto"
- 76. Pete Seeger: "Where have all the flowers gone?

Le modèle soviétique inspire un peu moins les musiciens:
-
5. Fatals Picards:"Mon père était tellement de gauche".


Sur les grands concerts qui marquèrent l'émergeance du mouvement hippie et le flower power (par G. Iacono) dans les années 60. "Lire-Ecouter Voir" revient sur Woodstock. et François Saillard sur l'influence du Rock. De même Etienne Augris revient sur les fondements et les limites de ce système.


Concernant l'URSS, on pourra lire avec profit l'article de J.C. Diedrich sur l'un des plus grands dissidents qui s'est éteint cet été 2008 : Alexandre Soljenitsyne. De même que ceux de Julien Blottière sur le même thème, sur l'art officiel ou sur l'évolution du modèle avec Khrouchtchev puis Brejnev.

On pourra retrouver cet affrontement dans le sport (Louis Brun) ainsi que dans la course à l'espace
à laquelle les deux pays se livrent.
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21 septembre 2008 7 21 /09 /septembre /2008 21:29

J’ai évoqué en cours avec mes TL, la figure d’Alexeï Grigorievitch Stakhanov, symbole de l’ouvrier soviétique repoussant au nom du communisme les limites du travail humain.

Dans les années 30, Alexeï travaille dans les mines de charbon de Kadiyivka dans le bassin du Donbass en Ukraine. Le 31 août 1935, muni de son perforateur (marteau piqueur portatif), il extrait 102 tonnes de combustible lors d’un concours de productivité organisé par les jeunesses communistes ("Komsomols"). Les objectifs à remplir sont alors de 7 tonnes. Et le 9 septembre il double son record extrayant 227 tonnes de houille à la pointe de son perforateur.

 

Le pouvoir stalinien qui cherche à galvaniser l’enthousiasme des ouvriers dans une période où l’économie va mal, s’empare aussitôt du personnage et entame une gigantesque campagne de promotion où la figure joviale de ce simple ouvrier qui explose littéralement les normes du plan quinquennal est citée comme exemple du nouveau modèle à suivre. Alexeï devient la vedette d’une propagande effrénée. Le pouvoir s’en sert parfaitement dans les années 40-50 en lançant le programme "stakhanovets" ("stakhanoviste"  en français) qui doit faire refleurir l’enthousiasme au labeur des travailleurs.

 

Personnage sympathique, dont le sourire franc est éminemment photogénique, Stakhanov devient l’emblème de l’homme nouveau soviétique tel que le pouvoir l’idéalise. Grand travailleur, mais pas seulement. C’est aussi quelqu’un de cultivé qui lit Dostoievski et qui profite de sa notoriété pour reprendre des études d’ingénieur à l’académie de Moscou dans les années 40. Il devient l’ambassadeur des programmes d’amélioration du cadre de vie des soviétiques, jouant les promoteurs de la modernité avec son perforateur. On le voit exalter les bienfaits de l’hygiène ou de l’électricité dans les régions les plus reculées du pays.

 

Il fait des tournées d’explication de ses méthodes dans le pays. Des tableaux et des affiches à sa gloire fleurissent dans toutes les usines, les journaux étrangers s’intéressent à lui comme le montre la couverture du magazine américain Times en 1936. L’ouvrier modèle devenu ingénieur, largement décoré, en profite pour faire carrière en devenant directeur des mines où il travaillait et député du soviet suprême. Le 31 août devient officiellement "le jour du mineur soviétique".

 

Travaillant toujours dans le domaine des mines, il va jouer un rôle réel dans l’amélioration de la productivité en URSS en mettant en avant une rationalisation et un meilleur partage des taches entre les mineurs dans les galeries.

 

Lorsqu’il meurt en 1977,  c’est une légende. La ville de Kadiyivka où s’étaient déroulés ses exploits est rebaptisée Stakhanov (nom qu’elle garde toujours).

 

En 1985, alors que l'on fête, comme ce timbre le prouve, le cinquantenaire de l'exploit mais que parrallelement l’URSS commence à se lézarder, des témoignages commence à remettre en cause la véracité du record. Stakhanov n’était pas tout seul pour extraire ses 102 tonnes de charbon mais il était accompagné d’une équipe. Les faits auraient été réarrangés, la productivité record aurait été largement enjolivée par une propagande qui se cherchait un héros apte à enthousiasmer la foule des ouvriers soviétiques qui commençaient à être démoralisés par la dureté et le peu de récompense du système économique communiste.

 

Stakhanov et ses prodigieux résultats ont été longtemps mis en avant par la propagande communiste vers l'Occident pour prouver que son système était le meilleur. Même en France, le terme est resté jusqu’à nos jours et l’on dit fréquemment de quelqu’un qui abat de grosses  quantités de travail que c’est un "stakhanoviste". (Un peu comme vous mes chers élèves n’est ce pas ?)


Peinture officielle idéalisant l'exploit de Stakhanov

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20 septembre 2008 6 20 /09 /septembre /2008 19:36

Bon, un petit peu de retard s’est accumulé avec tous les travaux de redémarrage de ce début d’année mais qu’importe, voici les réponses aux questions posées à partir des documents sur les modèles américains et soviétiques. Réponses que nous avons vues ensemble mercredi en détail avec les TL.

 

Régime politique :

 

Etats-Unis

Un système DEMOCRATIQUE basé sur des élections libres et des partis multiples. (doc 1 : "Toutes les fois qu’une forme devient destructrice (…)le peuple à le droit de la changer ou de l’abolir et d’établir un nouveau gouvernement "). Il est à noter que les textes présentés, déclaration d’indépendance et constitution sont des documents quasi sacrés pour les américains et bien que datés respectivement de 1776 et 1787, ils représentent toujours les références immuables sur lesquelles s’appuient le système politique de ce pays.

 

URSS

Un système COMMUNISTE (appelé aussi SOCIALISTE mais à ne pas confondre avec les partis socialistes d’Europe de l’Ouest plus démocratiques) où un parti unique qui représente la totalité des travailleurs. Toutes les forces du pays se concentrant dans ce parti, celui-ci représente forcément le meilleur moyen de faire fonctionner une société autogérée. C’est un système qui se veut universel et qui repose sur l’idée très rousseauiste d’un homme bon par principe et qui accepte de mettre ses capacités au service de la collectivité. Ce qui explique qu’il n y’ait pas besoin d’autres partis dans cette idéologie. Dans les faits ce régime qui n’admet aucune forme d’opposition va très vite devenir TOTALITAIRE faisant interdire tout ce qui pourrait détourner le citoyen de l’idéal communiste (autres partis, syndicats non officiels, religions, mouvements nationalistes). Attention comme il demeure toujours des élections au sein de ce parti unique, les régimes communistes s’intituleront d’eux-mêmes démocraties populaires. C’est aussi un régime qui a une vocation universelle et cherche à se rependre dans le monde entier.

 

Système économique :

 

Etats-Unis

CAPITALISME, c'est-à-dire propriété privée personnelle et commerce libre. Ce pays met en avant la réussite personnelle comme le montre la biographie de Rockfeller (doc 3). L’état, traditionnellement, se doit d’intervenir le moins possible dans la vie économique (LIBERALISME)

 

URSS

COLLECTIVISATION, suppression de la propriété privée des moyens de production (usines, fermes, commerces mais aussi immobiler). On peut parler de CENTRALISATION de l’économie qui est gérée toute entière par l’administration de Moscou au moyen de PLANS QUINQUENAUX, établis comme leur nom l'indique pour cinq ans qui fixent les objectifs à atteindre. Les travailleurs remplissent leur devoir dans leurs fermes ou leur usines pour le bien commun et reçoivent en retour un salaire et des avantages proportionnels à leur engagement dans l’effort économique.

 

 

 

Modèle social :


Etats-Unis

Les deux images nous présentent des familles avec tous les symboles de la prospérité économique : maison individuelle, voiture neuve. C’est l’AMERICAN WAY OF LIFE, une société de consommation où le citoyen construit sa réussite personnelle par lui-même, grâce aux fruits de son travail.

 

URSS

Nous avons eu une société parfaitement encadrée qui met en avant non pas la famille symbole du passé mais le groupe en marche comme dans le timbre sur les jeunesses communistes en uniforme. C'est une soviété hierarchisée comme le montre le doc 8 qui nous présente des travailleurs hongrois (l’ouvrier, la paysanne et l’ingénieur) sous la direction du leader communiste qui montre la bonne direction à suivre. Nous le verrons comme toute société totalitaire, le régime communiste mettra en place un système de surveillance et de répression extrêmement efficace.

 

Valeurs :


Etats-Unis


La valeur centrale est ici la LIBERTE. Liberté de religion, d’expression, de commercer. Les Etats-Unis avancent cette liberté pour mettre en valeur l’effort, l’initiative et la réussite personnelle. On retrouve l’esprit pionnier de la conquête de l’ouest dans cette famille qui bâtit elle-même sa maison (doc 4). C’est à chaque personne de se débrouiller par elle-même sans tout attendre de l’état.


URSS


La valeur centrale est l’EGALITE. Le citoyen communiste fait partie d’une société parfaitement encadrée et organisée où il n’est qu’un rouage pour arriver à un système utopique théorique. Le groupe prévaut sur l’individu. Le travail est lui aussi très mis en avant  (" l’amour du travail et de la discipline" (doc 5))  car c’est ainsi que chaque citoyen justifie sa place et son statut dans la société. C’est un système rassurant pour qui ne se rebelle pas car il s’occupe de tous les aspects de la vie du citoyen. Santé, école, emploi, loisirs, tout est organisé par l’état ce qui laisse très peu de marge de manœuvre à l’initiative personnelle.



Pour teminer deux vidéos présentant la grandeur des 2 modèles.

Tout d'abord ce film de pure propagande des années 80 où sur fond du magnifique hymne soviétique, défilent les symboles de la grandeur de l'URSS : progrès technologiques, écoles, industries aux ouvriers rayonnants, armée rouge écrasant le nazisme etc...




Et un dessin animé américain des années 50 qui démontre (en anglais) pourquoi les Etats-Unis sont le meilleur endroit de la terre... Méfiez vous des idéologies en -isme....

 

 

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14 septembre 2008 7 14 /09 /septembre /2008 22:11

Comme promis à mes élèves de TL voici sur le blog les documents de la fiche sur les deux modèles américains et soviétiques à l'orée de la guerre froide. Cela permet au passage d'avoir les images en couleur, ce qui n'est jamais inutile.

Je rappelle les questions posées :

A partir de documents, faites une comparaison entre les Etats-Unis et l'URSS dans les domaines suivants :

1) Le système politique
2) Le système économique
3) Le modèle social
4) Les valeurs mises en avant


Documents : I) Le modèle américain

doc 1
 


doc 2

 

L'American Way of Life : famille américaine posant davant sa nouvelle Ford Sedan, 1950


doc. 3


doc 4:


II) Le modèle soviétique


doc 5

 

doc 6
Timbre célébrant les "Pionniers" de la jeunesse communiste en 1982



doc 7


doc 8



Les réponses mardi en cours (le matin) et sur le blog (le soir)...


Les documents sont issus des manuels suivants : Magnard 1ère STI et Hatier Terminales

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13 septembre 2008 6 13 /09 /septembre /2008 11:34


Pour terminer cette partie introductive que nous venons de traiter, quelques pistes sur d'autres blogs pour compléter. N'oubliez pas tout d'abord sur le blog par lui même d'aller voir les ressources ES/L (lien dans la rubrique "les indispensables" sur le coté de la page d'accueil).

Des propositions de plans de cours bien illustrés sur deux très bons blogs qui vont rejoindre la liste sur le côté
Carl du lycée Dessaignes de Blois
G. Hoibian au lycée Van Dongen de Lagny sur Marne.

Un autre plan sur le toujours incontournable:
Jardin des Retour d'Hugo Billard

Pour approfondir sur certains points l'histgeobox revient sur les bombardements atomiques au travers d'une chanson de
Claude Nougaro: "Il y avait une ville"

Deux articles excellents sur le Bricabraque

La conférence de Yalta.

La conférence de Potsdam.


J'en profite pour vous remettre les 2 cartes vues en cours et qui illustre les bouleversement de l'Europe après 45, issues du site de l'académie de Reims :



Et enfin pour réviser vos connaissances avec un quizz : Le Monde en 45
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11 septembre 2008 4 11 /09 /septembre /2008 18:01

Contrairement à ce que l’on dit souvent sur l’économie américaine, l’Etat fédéral continue à y jouer un rôle majeur de régulation. Libéraux oui, mais pragmatiques. La loi du marché c’est bien, mais quand il y a un gros problème l’état américain est là pour le régler.

 

L’affaire de la nationalisation des deux sociétés de créances hypothécaires Freddie Mac et Fannie Mae est là pour le prouver.

 

La "Federal Home Loan Mortgage Corporation" ("FHLMC", surnommée pour simplifier “Freddie Mac”) et la "Federal National Mortgage Association" ("FNMA" alias “Fannie Mae”) sont deux énormes sociétés de crédit hypothécaires.

 

 

En gros, lorsqu’un américain veut acheter une maison, il contracte un prêt à la banque garanti sur la valeur de sa demeure.   Celle-ci sera confisquée s’il ne peux pas rembourser (c’est ce qu’on appelle une hypothèque). Ces deux sociétés privées mais garanties par l’état américain, ont pour mission de racheter ces prêts hypothécaires aux banques pour que celles-ci donnent plus facilement leur accord financier aux projets d’achats de maisons et donc en même temps pour faciliter l'essor du marché immobilier aux Etats-Unis.

 

Freddie et Fannie, institutions financières anciennes et prestigieuses financent ces rachats de prêts en empruntant à leur tour de l’argent aux banques internationales et aux fonds de pensions privés, c'est-à-dire aux sociétés qui jouent en bourse l’argent qui sert à payer les retraites des travailleurs américains.

 

Tant que les américains remboursent les traites de leurs maisons, tout va bien, les bénéfices sont juteux.

 

Sauf que depuis quelques années les banques américaines ont proposé des prêts très particuliers, dits évolutifs, aux gens voulant acquérir leurs maisons. Notamment pour ceux qui ont des revenus très bas. Pour simplifier, c’est un prêt dont le taux évolue selon la conjoncture du marché immobilier. S’il va bien, les taux d’intérêt sont bas, s’il va mal, les taux remontent. Ce sont les "subprimes" ou "primes de risques". C’est risqué mais le marché immobilier était florissant depuis de nombreuses années et ce moyen était souvent le seul pour les américains pauvres d’acquérir une maison et eventuellement de partir des quartiers insalubres et dangereux du centre-ville pour aller s’installer dans une petite banlieue tranquille où leurs enfants ne seraient pas à la merci des dealers de crack du coin de la rue. Ces subprimes, les banques les ont vendu à grands renforts d’argumentaires publicitaires séduisants, sachant que Freddie et Fannie allaient garantir ces prêts.

 

Or le problème c’est que depuis 2001  le marché de l’immobilier n’a cessé de s’effondrer et les emprunteurs se sont retrouvés pris à la gorge, ne pouvant rembourser leurs dettes au risque de se voir expulser de chez eux. Ce qui n’arrange pas non plus les banques, car derrière, plus personne n’a les moyens de racheter les maisons saisies qui leur restent sur les bras.

 

 (source : le journal des finances)

 

Résultat Freddie Mac et Fannie Mae qui couvrent tout de même la bagatelle de 2000 milliards de dollars de prêts hypothécaires se retrouvent avec 223 milliards de dettes et plus personne ne veut leur prêter de l’argent.

 

C’est tout le système bancaire américain qui se retrouve ruiné entraînant au passage les banques européennes et asiatiques qui leur ont prêté de l’argent. C’est toute la Triade (mais aussi la Chine, l’Australie et les monarchies pétrolières du Golfe Persique qui investissent énormément aux Etats-Unis) qui risque la faillite en cascade. Tous ceux qui ont prêté de l’argent aux banques américaines perdent gros. La mondialisation des échanges financiers a aussi ses dangers.

 

D’un autre côté les organismes de crédits américains ont vu leur valeur boursière s’effondrer risquant de les rendre vulnérables à des rachats massifs par des entreprises étrangères (chinoises notamment).

 

Sans compter bien sûr les millions d’américains qui risquent de se trouver à la rue. Les expulsions se sont multipliées depuis 2007 (jusqu'à plus de 200 000 par mois.)  Le spectre de la crise de 1929 est bien là et 80 ans après, cela reste toujours un traumatisme majeur dans l’esprit des américains.


 (Un très bon dossier sur cette crise dans  le Journal du Net economie)

Le gouvernement Bush, portant réputé ultralibéral a donc fait quelque chose d’exceptionnel pour les Etats-Unis. La nationalisation (provisoire) de Freddie et Fannie avec un apport de 200 milliards de dollars du contribuable pour renflouer les caisses, relancer la confiance du marché, empécher l’expulsion de centaines de milliers d’américains pauvres et éviter que ce soit des fonds étrangers qui s’en emparent et ne prennent le contrôle du marché financier américain.

 

Les patrons ont été contraints à la démission pour incompétence (vont-ils comme chez nous toucher des primes et des parachutes dorés pour avoir réussi à couler leur boîte ?) et des administrateurs fédéraux vont gérer les deux sociétés. Quand aux actionnaires, on ne leur a pas demandé leur avis. De toute façon  vu l’état de la valeur de leurs actions, ils ont plutôt intérêt à ce que l’argent public sauve leurs investissements.

  "Il apparait que des gens pauvres avec de mauvais crédits n'ont pas les moyens de s'acheter une maison. Qui pouvait le savoir ?"


Cela montre que comme en Europe, l’Etat américain garde un rôle extrêmement important dans l’économie. Le réalisme avant tout, on ne laisse pas couler un secteur vital d'activité. Ce n’est pas la première fois. Dans les années 70, des grosses sociétés comme Lockeed (aviation) ou Chrysler (automobile) se sont vues renfloué par l’état. Après le 11 septembre 2001 (7 ans déjà...) et l’effondrement du secteur du transport aérien, le gouvernement a soutenu financièrement les compagnies aériennes pour éviter une faillite générale.

   

De même grâce à l’armée ou à des programme d’investissement comme la NASA, les Etats-Unis savent passer des commandes massives qui vont soutenir les entreprises américaines et aider l’emploi. Ils n’ont jamais non plus hésité à subventionner les exportations de leurs agriculteurs ou à mettre des quotas sur des produits étrangers comme ce fut le cas il y a en 2002 sur les aciers pour protéger leur sidérurgie ou en 2005 sur les textiles pour contrer la Chine.

 

C’est l’une des forces de l’économie américaine : libéralisme certes, mais avec un état qui sait aussi jouer son rôle de régulateur et qui se donne les moyens de le faire, parce que dégager 200 milliards de dollars de crédit d’un coup, ce n’est pas rien !


                                 "Je croyais qu'on était juste en train d'acheter une maison !"
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