Les élections américaines approchent et bien entendu nous reviendrons tant en cours que sur le blog sur leurs résultats et sur les perspectives qu'elles ouvrent pour comprendre la puissance de ce pays.
Je vous renvoie au passage à un article, composé par mes TS de l'année dernière, sur le fonctionnement des élections américaines et qui a visiblement beaucoup de succès en terme de fréquentation puisqu'il est le plus lu du blog à l'heure actuelle. Bien que posté en janvier dernier, il reçoit encore de nombreux commentaires ces derniers temps.
On pourra avec profit suivre les passionnants articles de Bruno Sentier sur l'élection américaine au jour le jour. sur son blog "les échos d'une heure"
Au passage, si vous avez des questions sur le déroulement ou le fonctionnement de cette élection, n'hésitez pas à les laisser dans les commentaires pour que je puisse essayer d'y repondre.
Une des grandes particularité du système américain est le fait qu'on élise le président indirectement au travers des grands électeurs. En effet, même s'il met un bulletin avec le nom de son candidat dans l'urne (à moins qu'il n'appuie sur la manette correspondante face à une machine electronique ou qu'il ne troue la bonne case sur une fiche perforée, selon le mode de vote en vigueur dans son comté), le citoyen américain n'élit que le grand électeur de son état. Le candidat arrivé en tête même de quelques voix seulement remporte tous les grands électeurs de l'état.
Or le nombre de ceux-ci est proportionnel à la population de chaque état : mieux vaut faire 50,1% en Californie (55 grands électeurs) que 99 % au Nouveau Mexique (5 grands électeurs).
Ce système ne laisse rigoureusement aucune chance aux "petits candidats". Vous pouvez faire 15 % dans tous les états, vous n'aurez toujours que 0 grands électeurs. C'est même à tel point qu'on oublie qu'à côté des deux mastodontes républicains et démocrates existent 7 autres candidats dont on ne parle quasiment jamais.
Alors présentons les, car si nous les aurons oublié dès le 4 novembre (Comment ça pour les oublier, il faudrait déjà les connaître ? Vous êtes dur quand même !), ils donnent un bon aperçu de l'éventail politique existant aux States et illustrent parfois des modes de pensée assez déroutants de notre point de vue européen...
Je les ai classé pour simplifier en deux familles assez floues. A gauche (et donc plutôt aptes à piquer des voix aux démocrates) ou à droite (cette fois-ci plutôt aux républicains). Le nom du candidat renvoie à son site de campagne (en anglais)
Plutôt "à gauche"
Ralph Nader : Indépendant
L'éternel 3ème homme n'en est pas à sa première tentative mais à sa cinquiéme candidature. C'est le "petit candidat" le plus connu et le plus médiatique. Son 0,3% aux élections de 2000 est même rendu coupable par les démocrates d'avoir fait échouer Al Gore face à George Bush. Avocat de formation, il se présente comme un candidat des petits, ouvriers, commerçants, paysans face au puissances de la politiques et de l'argent. Il est proche de l'altermondialisme, et se présente comme une alternative aux grands partis traditionnels accusé d'étouffer la pluralité démocratique.
Cynthia McKinley: Parti Vert américain
Ancienne représentante démocrate de Georgie, elle défend les couleurs (vertes) du parti écologiste. Un rôle qu'elle a ravi au passage à Ralph Nader. Le Green Party est un parti vert relativement bien organisé et implanté dans le pays qui ne se préoccupe pas que d'écologie mais qui se place résolument à gauche avec une volonté de renforcer l'aide sociale et de lutter pour les droits des minorités .Très critique envers le parti républicain, elle veut le retrait immédiat des troupes d'Irak et reproche aux démocrates leur molesse face à George Bush.
Brian Moore : Parti Socialiste
Brian Moore, militant syndical et associatif se revendique comme un marxiste militant ce qui n'est pas évident dans un pays où, souvenir de la guerre froide oblige, le terme de socialiste est aussi injurieux que fachiste. Moore, altermondialiste, partisan d'un état entre les mains des travailleurs est plus proche politiquement d'un Besancenot en France que de notre parti socialiste. Son parti est vraiment groupusculaire aux Etats-Unis.
Roger Colero : Parti Socialiste des Travailleurs
Autre candidat marxiste (en chemise bleue sur la photo), ce journaliste né au Nicaragua (ce qui au passage l'empéche en théorie d'être élu puisqu'il faut pour cela être né américain) dénonce l'oppression capitaliste et se présente clairement comme l'héritier du parti communiste américain. Là encore un parti minuscule (7000 voix environs aux elections de 2004) qui se réclame ouvertement de Trotsky et ne serait pas contre la dictature du prolétariat sur le modèle cubain. Il est d'ailleurs très proche de Castro ou Chavez.
Plutôt "à droite" :
Bob Barr : Parti Libertarien
Ce procureur et ancien representant républicain est le leader d'un courant bien implanté qui se méfie de l'état comme de la peste et prône un ultralibéralisme dans tous les domaines. Economique et social bien sûr mais aussi dans la vie de tous les jours et dans les moeurs. Ils sont pour le mariage homosexuel, le droit de port d'arme et contre la sécurité sociale et l'existence d'une police fédérale. Liberté personnelle et responsabilité individuelle d'abord. A chacun de se débrouiller sans compter sur un état trop écrasant. Son électorat est plutôt proche des républicains mais il séduit aussi des démocrates.
Chuck Baldwin : Parti Constitutionnaliste
Conservateur et fier de l'être, ce pasteur baptiste se reclame d'une tendance très réactionnaire qui milite pour que les Etats-Unis ferment leurs frontières et sortent des institutions internationales comme l'ONU (mais aussi l'OTAN) pour se replier sur elle même et ses "vraies valeurs" du temps des pionniers : religion, famille, peine de mort ,droit de porter des armes à feu. Ils sont aussi très méfiant envers les multinationales et l'économie libérale, révant d'une Amérique de petits propriétaires. Leur nom vient du fait qu'il prétendent vouloir appliquer la Constitution de 1787 à la lettre, comme si nous étions toujours au XVIIIème siècle.
Alan Keyes : Indépendant
Ancien ambassadeur auprès de l'ONU sous Reagan, ce candidat malheureux à l'investiture républicaine est connu pour être un néoconservateur militant qui trouve McCain trop progressiste à son goût. Partisan d'un retour aux valeurs morales et ultra religieuses (condamnation de l'avortement, recommendation de l'abstinence avant le mariage, suppression de discrimation positive) et partisan d'une politique internationale agressive et d'une guerre radicale contre le terrorisme calqué sur les positions de l'extrême droite israélienne dont il est un lobbyiste acharné.