Après le primaire et le collège, Mr Xavier Darcos, notre ministre, continue son œuvre de démolit… euh de reforme du système scolaire en lançant quelques ballons d’essais autour de la future réforme des lycées qui doit être entamée dès la rentrée prochaine. Comme d’habitude, rien n’est officiel mais on laisse fuiter les informations de manière à tester les réactions sur ces projets.
Le mot d’ordre de cette reforme semble être "assouplissement". Moins d’heures, plus de choix dans les matières et les options, la possibilité pour l’élève de construire un enseignement à la carte.
Hélas, sous l’apparence de l’assouplissement se cache surtout une réduction des horaires et donc de postes (car les économies dans la fonction publique sont la priorité absolue de ce gouvernement et il y a fort à parier qu'avec la crise financière où l’on doit renflouer notre système bancaire ne va pas arranger les caisses) avec au passage forcément une simplification des programmes
La réforme du lycée, prétend donc permettre l'émergence d'un lycée plus souple et une plus grande autonomie des lycéens. Le volume horaire par semaine doit tomber à 27 heures mais par contre on ne touche pas au calendrier général parfaitement aberrant (notamment ces deux mois d’été) et davantage dictés par les impératifs du ministère du tourisme que par le bien être des élèves.
Autre nouveauté: l'année se divisera en semestres et non plus en trimestres. Comme en université, le lycéen devra choisir dix-huit modules par an. Un bien beau casse tête à mettre en place en moins d’un an. En seconde, les matières dureront trois heures chacune (soit donc pour l’histoire –géo 1h élève en moins et 2 heures profs en moins): les mathématiques, le français, deux langues vivantes, l'éducation sportive et l'histoire géographie resteront indispensables. Physique, SVT, Education civiques deviennent facultatives. L'élève devra compléter ce tronc commun par des modules "d'exploration" (matières artistiques, scientifiques ou technologiques) et d’accompagnement (soutien individualisée).
Puis en 2010 et 2011 ce sera la reforme des premières et les terminales avec là encore un tronc commun et des modules d’exploration et d’accompagnement. Surprise, l’histoire géo et les maths ne sont pas dans le premier projet de tronc commun. On parle par contre du droit et de la philo dès la première. Les filières actuelles (L/ES/S/STI/STT) jugées trop contraignantes sont remplacées par des dominantes humanité et arts, sciences de la société, sciences, technologies. Comment ça, on dirait les anciennes filières dont on aurait juste changé le nom. Mais puisqu’on vous dit que ça change !
Ce n’est pas que les professeurs soient hostiles par principe aux reformes, il y a pas mal de choses intéressantes dans ce projet notamment autour de l’accompagnement et de l’autonomie des élèves.
Mais annoncée dans une telle précipitation et dans un flou aussi artistique, cette réforme a de quoi faire peur. Certains syndicats ont déjà quittés la table de négociation. De plus, malgré les dénégations et les paroles bienveillantes, les postes de professeurs vont continuer à se réduire comme c’est déjà le cas à Vizille (notamment 1/2 poste en histoire) et comme dans toute la France. 11200 postes en moins l’année dernière, 13500 annoncés à la rentrée prochaine. Et puis on charge encore la barque pour les professeurs. Beaucoup de classes à petits horaires ou à la carte donc pleins de programmes différents et d’aides individualisées à préparer dans l’urgence (on ne les connaît pas encore) des tas de copies et d’heures de conseils de classe en plus. Surcharge de travail non payée bien entendu puisque ce n’est qu’un réaménagement de notre service.
Le Journal du dimanche rapporte cette phrase révélatrice d’un conseiller du ministre : "La réforme se veut au service des élèves, elle n'est pas motivée par des questions budgétaires, réplique un proche de Xavier Darcos. Cela dit, si l'on peut en même temps réformer et réduire les coûts..."
L'avis très drôle de Jean-Christophe Diedrich sur la question.
Pour ma part j’en profite au passage pour saluer et souhaiter un prompt rétablissement au proviseur du lycée Louise Michel de Grenoble, violemment frappé par une bande de jeunes imbéciles, extérieurs à l’établissement qui s’était lancé le pari idiot de le traverser en mobylette. En voulant empêcher cela, il a été roué de coup par une poignée d’individus et a du être conduit à l’hôpital. Mr Darcos a fait le déplacement ce matin pour apporter son soutien à la communauté scolaire de Louise Michel.
