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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 22:06

Petit ralentissement du blog cette semaine en raison de l’afflux de copies à corriger qui s’entassent sur mon bureau.

 

Cela étant, suite au travail que nous avons lancé avec les TL sur Berlin, lieu de tension extrême de la guerre froide, approfondissons un peu la création de ce qui devint la matérialisation même du rideau de fer prédit par Churchill dans son célèbre discours de Fulton de 1946 : le "Mur de Berlin" vite surnommé le "mur de la honte".

 

 Le Mur dans les années 80 ( sens Est-Ouest)


Berlin a déjà été l’enjeu de l’affrontement entre les deux blocs comme nous avons pu le voir avec le blocus de Berlin dont l’une des conséquences a été la naissance de 2 Allemagne, la République Fédérale Allemande pro-occidentale et la République Démocratique Allemande, alignée sur le modèle soviétique.

 

Malgré la séparation en deux pays, il n’est guère difficile de passer d’une Allemagne à l’autre, tout particulièrement à Berlin où de nombreuses rues et deux lignes de tramway et de métro assurent la jonction entre les deux parties de la capitale.

 

En ce début des années 60, la RDA doit faire face à un problème de plus en plus préoccupant : l’exode massif de sa population vers l’Allemagne de l’Ouest. Ce sont 2,7 millions de citoyens  (sur un total d’environ une quinzaine de millions d’habitants) qui, de 47 à 61, passent la frontière, mollement surveillée et "choisissent la liberté" comme on le dit à l’époque. Et pas les plus inutiles : médecins, ingénieurs, professeurs, ouvriers qualifiés, tout ceux qui ont des compétences qui leur permettront de réussir à l’Ouest  tentent leur chance de l’autre côté. Pour le chef du gouvernement est-allemand, Walter Ulbricht, cette situation est devenue intenable. Il obtient de Nikita Khrouchtchev, dirigeant de l’URSS, l’autorisation de régler ce problème par la force.

 Khrouchtchev (avec le chapeau) et Walter Ulbricht



C’est l’opération "Muraille de Chine" qui prend le monde par surprise. Le 12 août 1961, la RDA mobilise 25 000 membres de l’armée et des Vopos (Volkspolizei, la police du peuple) pour construire en urgence un mur de 43 km qui barre l’accès entre les deux parties de la ville. Les Berlinois éberlués découvrent en se réveillant le mur qui a poussé pendant la nuit, doublé d’un réseau de fils de fer barbelés.

 


Le long de la frontière avec la RFA, 155 km de grillages et barbelés poussent presque aussi vite et viennent compléter l’encerclement de la capitale et la fermeture entre les deux Allemagnes. Le tout lourdement gardé. Restent 25 points de passages disséminés le long du mur et de la frontière entre les deux pays, dont les plus connus seront "Checkpoint Charlie" principale ouverture avec le secteur américain de Berlin ou bien le pont de Glinieke où, dans la brume du petit matin, soviétiques et américain échangent leurs espions capturés. (Une image fantasmée qui restera longtemps dans l’imaginaire des films d'espionnage de la guerre froide). Ces points de passages sont sévèrement contrôlés par les Vopos qui ont l’ordre de tirer à vue sur tous fuyards.

 




La propagande est-allemande présente le mur comme une protection contre la menace impérialiste et fasciste. Pourtant personne n'est dupe. Le mur est une coupure entre les deux blocs. Kennedy vient à Berlin-Ouest en 1963 pour rassurer les berlinois de l'Ouest, venus en masse, sur le soutien du camp occidental aux Allemands dans son célèbre discours "Ich bin ein Berliner" ("je suis un berlinois"). Pour le président américain, le mur est le symbole même de l’echec du modèle communiste contraint d’enfernmer ses propres habitants pour survivre. Mais face à l'URSS, la détente commence, il ne peut pas intervenir militairement dans ce qui est à la base une affaire purement est-allemande. (Le mur est intégralement construit sur la partie est-allemande de la frontière)

Kennedy à Berlin


Désormais l’accès entre les deux Allemagne est extrêmement difficile. Les familles se retrouvent séparées et ne pourront parfois se revoir que 30 ans plus tard.

De nombreux allemands tenteront de passer cette nouvelle muraille. Tunnels, montgolfières, camions qui défoncent le mur, faux uniformes de soldat ou autorisation de sortie trafiquées, plus de 5000 allemands réussiront à tromper la vigilance des Vopos.

 

 

Mais beaucoup seront arrêtés et jetés en prison lors de ces tentatives. De 61 à 89, date de sa destruction, 421 personnes y laisseront la vie (certains parlent de plus de 1000 personnes, les archives est-allemandes ne sont pas complètes à ce sujet.). De chaque côté du mur deux sociétés différentes se développent, séparées par ce voile de parpaings et de béton. La capitale allemande devient le symbole vivant d'un monde déchiré entre les deux blocs et de la séparation entre deux visions du monde totalement inconciliables.

 

Sources et approfondissements :

Une visite du mur sur le site (en français) de la ville de Berlin.

"Au pied du Mur " : Une exposition en ligne sur le site du mémorial de Caen

L'extrait d'un documentaire : "La guerre froide" qui présente la réaction des berlinois à la construction du mur et la visite triomphale de Kennedy dans la ville en 63.


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commentaires

M
Approuvé
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M
sujet très bien traité ... merci
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