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25 août 2008 1 25 /08 /août /2008 21:34

Victoire quasi-totale pour la république populaire de Chine dans ces J.O. de Pékin. 51 médailles en or (les seules qui comptent vraiment pour la propagande) contre 36 pour les Etats-Unis qui arrivent seconds. Bien sûr ces derniers repassent premiers d’une courte tête si on fait le total de toutes les médailles (110 contre 100), mais qu’importe, aux yeux du régime de Pékin, c’est la preuve éclatante que le XXIème siècle sera le siècle de la Chine.




C’est du sport me direz vous, mais que voulez vous, les jeux sont aussi un enjeu politique de premier ordre et cela ne date pas que de ses olympiades seulement.

 

Pour voir le bilan des médailles.

Vitrine de la puissance d’un pays, ces jeux sont l’occasion pour chaque nation de tenir son rang sur l'echiquier mondial. De plus, même si quelques pays en voie de développement arrivent à tirer leur épingle du jeu dans certaines spécialités (la Jamaïque en athlétisme, le Kenya et l’Ethiopie en course de fond), il faut de sacrés moyens et investissements pour fabriquer un nageur, un gymnaste, un cavalier ou un véliplanchiste de compétition. Du temps, de l’argent, des infrastructures, les meilleurs équipements et matériels. La hiérarchie des puissances économiques se reflète ici, parfois tempérée par la volonté des états qui peuvent investir sur leurs sportifs pour des question de prestige.

 

Au passage, l’analyse des résultats aux Jeux Olympiques montre aussi un certain nombre de choses intéressantes. Devinez qui est 3ème ? La Russie, que tout le monde avait tendance à oublier et qui avec ses 23 breloques en or pour 72 au total montre qu’il ne faut la négliger. Quand à l’Europe, en ordre dispersée, elle ne s’en sort pas si mal. Dans les 10 premiers on retrouve la Grande Bretagne, l’Allemagne, l’Italie et la France (on est 10ème mais si on compte toutes les médailles on passe 7ème). La Corée du Sud et le Japon les deux autres grandes puissances asiatiques font jeu égal avec les Européens et sont dans le top 10 aux cotés des sportifs australiens.

 

Curieusement les géants démographiques et autres futures puissances supposées sont en perdition dans le classement. Le Brésil 23ème, L’Inde 50ème, l’Afrique du Sud 71ème Le renversement de la hierarchie mondiale et la domination du Sud qu'on nous promet depuis quelques années n'est pas encore à l'ordre du jour.

 

 

Mais il n’y a pas que les médailles qui comptent. En terme d’image ces J.O. ont été une formidable vitrine pour la Chine qui a pu se montrer comme le nouveau temple du commerce et de l’économie de marché triomphante. Il faut reconnaître qu’avec des infrastructures sportives de toute beauté (le cube d’eau notamment est somptueux) et une organisation millimétrée, toute la cérémonie n’est apparue que comme luxe, joie et sérénité aux yeux des visiteurs. Quitte parfois à cacher les pauvres en les expulsant de la ville le temps des jeux. Le tout grâce à une population solidement encadrée et constamment remotivée par une propagande qui a fait la part belle au nationalisme grâce à ses médiatiques athlètes, élevés au rang de demi-dieux.

 

Pas de violences ou de vagues terroristes  malgré les craintes au sujet des séparatistes tibétains ou Ouïgors. Pas de pollution non plus, les usines étaient fermées...

La Chine a pu faire oublier toutes les critiques qui l’ont assailli, face à des occidentaux divisés qui n’ont pas vraiment su quoi faire sur la question des droits de l’Homme. J.C. Diedrich revient sur ces hésitations au travers de la presse française. Et ce ne sont pas les quelques légers couacs tels que le contrôle très strict des accés internet disponibles pour la presse (une vieille habitude au pays du Grand Pare-Feu) ou les accusations d’avoir envoyé concourrir des gymnastes de 14 ans en mentant sur leurs âges, qui vont changer grand-chose. D’ailleurs Pékin n’a jamais hésité a hausser la voix contre les pays occidentaux qui voudraient être impolis au point d’évoquer les droits de l’Homme. Les menaces de boycott contre la France ont fait leur effet et conduit Nicolas Sarkozy à faire le voyage de la cérémonie d’ouverture pour calmer les durs du Parti Communiste.

 

Reste à gérer l’après jeu. Malgré leurs coûts, 42 milliards de dollars soit trois fois plus que la précédente édition à Athènes, (on se demande comment les londoniens vont pouvoir concurrencer ça en 2012), les économistes prévoient que l’opération sera absorbé par l’économie chinoise en pleine expansion et qu'elle sera très bénéfique en terme d’image, notamment auprès des pays en voie de développement qui regardent le modèle chinois avec envie. Libéralisme débridé fort rentable contrôlé étroitement par un parti unique. Voilà qui fait rêver dans certaines dictatures africaines qui accueillent de plus en plus de conseillers venus de Pékin. Bruno Sentier nous parle de ce nouveau "modèle" sur son blog.

Il est certain qu’après les jeux la répression contre les minorités et les dissidents va reprendre mais les caméras seront déjà reparties…


Pour terminer Bricabraque s'est lancé dans une très intéréssante série sur l'histoire de Jeux Olympiques qui montrent que sport et politique sont souvent liés. 
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commentaires

C
Je suis étonné que le nombre de médaille ne soit pas rapporté au nombre d'habitant pour les classement. Dans ce cas là je suis certain que la chine perdrait sa place.
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M
<br /> C'est vrai, les nations très peuplées ont mathématiquement davantage de chance d'avoir des gens très doués. Mais la place de l'Inde montre que le nombre ne fait pas tout.<br /> De plus le nombre d'athlétes qu'on a le droit d'envoyer n'est pas determiné par le nombre d'habitants. Chaque pays fait des préselection chez lui et les fédérations nationales décident (ou pas<br /> s'il n'y a personne au niveau des performances olympiques) d'envoyer ses d'athlétes. (le nombre maximum varie selon les épreuves). Résultat tous les pays sont un peu "à égalité"<br /> quand au nombre de sportifs à concourir.<br /> <br /> Quoique là encore ce n'est pas totalement vrai car expedier des équipes à l'autre bout du monde coute cher, certains pays pauvres n'envoient souvent qu'un nombre limité de sportifs pour des<br /> compétitions où ils ont une chance de réussir.<br /> <br /> <br />
A
Si on raisonne en terme de puissance, il peut être judicieux de noter que les le total des médailles des pays de l'UE dépasse les Etats-Unis et la Chine réunis.<br /> <br /> Bravo pour cet article (et le reste).
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M
<br /> Certes, toutefois les pays européens arrivant en ordre dispersé ont la possibilité d'aligner beaucoup plus d'athlétes avec 27 délégations que la Chine ou les Etats-Unis.<br /> <br /> Merci pour les encouragements et bravo aussi pour l'utilisation des ressources du net 2.0 dans le Spoutnik Illustré, blog aussi très intéréssant.<br /> Amicalement<br /> <br /> (P.S. d'ailleurs sur le spoutnik il y a une petite erreur orthographique. Mon nom exact c'est Tribouilloy, il est suffisamment bizarre pour que j'y<br /> tienne)<br /> <br /> <br />