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4 janvier 2008 5 04 /01 /janvier /2008 16:38
 

montage-photo-mike-huckabee-gauche-barack-obama-droite-2453500.jpg

Photomontage Huckabee et Obama :source LCI



Nous en avions discuté en cours, 2008 est une année électorale aux Etats-Unis. Georges W. Bush ne pouvant se représenter pour une troisième fois, ce sont donc deux nouveaux candidats qui vont s’affronter. Nous sommes à l'heure actuelle pour chaque parti  dans la phase du choix des candidats au poste suprème.


Or dans ce pays, l’élection présidentielle n’est pas au suffrage universel direct mais repose sur un système particulier, celui des grands électeurs. Les citoyens votent donc pour choisir des grands électeurs qui éliront à leur tour le président. Je n’entre pas encore trop dans les détails de ce système puisque certains d’entre vous planchent dessus et nous livreront bientôt les subtilités de cette élection.

Cette situation a surtout pour conséquence de ne laisser d’espace qu’à 2 partis qui se partagent le pouvoir depuis la création des Etats-Unis. Les républicains, plutôt conservateurs et ultralibéraux et les démocrates plus réformistes et davantage partisans d’une intervention de l’état dans l’économie. Mais il ne faut pas imaginer ces partis comme des organisations très hiérarchisées avec un chef unique qui est forcément le candidat automatique aux élections, comme en France.

Comme la vie politique ne se résume qu’à deux camps, il y a forcément à l’intérieur de chaque parti des ambitions personnelles diverses et des courants parfois contradictoires et il n’est donc pas toujours facile de se choisir un candidat final. C’est pourquoi avant chaque élection présidentielle a lieu dans les deux grands partis une première grande bataille auprès des militants pour désigner le candidat à l’élection. Ce sont les Primaires.



C’est un système extrêmement complexe, qui tient du rituel. Chacun des 50 états, qui veillent jalousement sur leur indépendance et sur leurs traditions, organisant selon leurs propres lois et habitudes ces primaires ou caucus (le nom change par état) dans un ordre très précis. Voici quelques explications plus détaillées, même les journalistes de Radio Canada ont du mal à s’en dépêtrer. Pour faire simple,  disons qu’on va, état par état, procéder pendant six mois à des votes simultanés dans chaque parti pour désigner le candidat à la présidence. Selon les résultats, les états-majors de chaque candidat rentrent dans des tractations pour négocier des désistements ou des alliances  (parfois le poste de vice-président à un concurrent qui pourrait apporter ses électeurs). 

 
Le coup d’envoi traditionnel c’est le caucus de l’Iowa, petit état rural du centre des Etats-Unis le 3 janvier puis le 8, les primaires du New Hampshire, état urbanisé de la Côte Est. Un mot sur cet état : l’Iowa est situé en plein centre des Etats-Unis, c’est un état peu peuplé, 3 millions d’habitants, sa capitale Des Moines a la taille de Grenoble ce qui est tout petit à l’échelle américaine. C’est un état rural calme et assez prospère, blanc à 97 %, traditionnellement tenu par les démocrates.


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L'éléphant, symbole du parti républicain et la mule, symbole du parti démocrate : (source site de la chaîne américaine  ABC)

 

Démocrates : La grande surprise c'est la victoire de Barack Obama (38 %) qui écrase Hillary Clinton (29 %) donnée pourtant comme favorite. A la deuxième place (30 %) arrive un outsider John Edwards. Les autres candidats font moins de 2 %


       - Barrack Obama : (son site) 

Sa victoire dans un état blanc et rural est une surprise pour le sénateur métis de l’Illinois symbole de l’Amérique multiraciale (père kenyan, mère WASP). Considéré comme le plus à gauche et le plus proche des droits des minorités. Charismatique, incarnant le renouveau de la gauche américaine, il s’est opposé à la peine de mort, au refus de l’avortement et à l’intervention en Irak et représente le rejet le plus fort de la politique de George Bush. C’est aussi sa principale faiblesse, beaucoup le considèrent comme trop faible internationalement face à la menace terroriste et dépensier car voulant créer des impôts pour des causes sociales.

- John Edwards :   (son site)

Sénateur de Caroline du Nord, ancien candidat à la vice-présidence au côté de John Kerry, il se présente comme le défenseur des ouvriers et des petits face aux puissances financières. Bien implanté dans le Sud, il a pour principal désavantage (ou atout selon certains) d’être un homme blanc dans un parti démocrate qui cherche à mettre en avant les femmes et les minorités.

- Hillary Clinton :(son site) 

L' épouse de l’ancien président Bill Clinton (qui a mis tout son poids politique pour la soutenir, ce qui à force a pu devenir un handicap ). Considérée comme favorite jusqu’alors, la sénatrice de l’Etat de New York a le soutien de la bourgeoisie progressiste des grandes villes. Parce qu’elle était favorite, elle a été plus prudente que ses challengers dans l’attaque directe contre George Bush et dans les promesses de justice sociale. Son principal désavantage dans le parti est son image de politicienne rusée et affairiste qui la dessert comme le souvenir des scandales sexuels qui ont touché Bill Clinton.


Republicains : La lutte est plus large, l’éventail des choix et des prises de position étant beaucoup plus étendu que du côté démocrate. L’énorme surprise a été l’émergence de Mike Huckabee, (34 %) candidat conservateur que personne n’attendait et qui semble prendre la tête de l’électorat religieux qui avait  porté George Bush au pouvoir. Le second est Mitt Romney (25 %) suivit de Fred Thomson, Jim McCain (13 %) et surprise très loin derrière le favori Rudolph Giuliani qui ne fait que 3 % (mais il n’a pas fait campagne en Iowa). Dernier détail, un absent de taille à cette compétition : Arnold Schwartzennegger, qui parce qu’il n’est pas né américain ne peut se présenter et qui apparaissait pour beaucoup comme la meilleure chance pour les républicains de garder la présidence.


-Mike Huckabee : (son site) 

Ce Pasteur baptiste, gouverneur de l’Arkansas est un paradoxe. Ultra conservateur (pour le port des armes à feu, contre l’avortement, pour la fermeture de la frontière avec le Mexique et la suppression du fisc), il a aussi  pris position pour lutter contrer l’effet de serre et dénonce la corruption au sein des institutions américaines. Il a axé sa campagne sur l’humour auprès d’un électorat conservateur pourtant peu enclin à rire, en se représentant auprès de Chuck Norris ou se mettant en scène recevant un coup de téléphone de Dieu lui-même. Simple feu de paille ou vrai surprise, l’avenir le dira.

-Mitt Romney : (son site) 

Ce gouverneur du Massachusetts utilise les ressorts traditionnels du parti républicain. Baisse des impots, nationalisme intransigeant (il s’en est beaucoup pris à la France lors de la guerre en Irak) et conservatisme des mœurs. Principal handicap, c’est un mormon militant, mouvement religieux mal vu aux Etats-Unis car souvent considéré comme une secte.

        -Fred Thompson : (son site)

A la fois ancien sénateur du Tennessee et acteur jusqu’en 2005, il se présente comme un conservateur modéré, qui ne se prononce pas contre l’avortement ou le mariage homosexuel. Il représente l’aile non religieuse du parti mais pèse peu électoralement.

     - Ron Paul 
: (son site)

C’est un « libertarian » partisan du fait que l’état fédéral intervienne le moins possible dans la vie des gens que ce soit dans le domaine économique comme social ou dans les mœurs. Ce Texan âgé représente un courant vivace mais minoritaire dans le parti républicain qui considère que chaque américain doit se débrouiller par lui-même sans compter sur un état symbole d'oppression.


      -
John Mc Cain
: (son site)

Sénateur de l’Arizona, il a pris la tête de l’opposition à Georges Bush au sein même du parti républicain, au nom d’un « conservatisme de bon sens » notamment sur les excès de la lutte contre le terrorisme (tortures, emprisonnements abusifs, baisse des libertés individuelles au nom de la sécurité intérieure...) en mettant en avant son statut d’ancien prisonnier américain lors de la Guerre du Viet Nam. C’est aussi ce qui risque de lui valoir de farouches oppositions dans son propre parti.

 

      -Rudolph Giuliani  : (son site)  

Ancien maire de New York, il est apparu comme celui qui a nettoyé la grosse pomme de sa criminalité galopante et a redressé l’économie de la ville. Il est aussi le maire qui a fait face au 11 septembre. Très populaire sur la côte Est, il représente à la fois la continuité de George Bush dans le domaine de la sécurité tout en n’étant pas impliqué dans le semi-échec irakien. Son principal problème vient du fait qu’il apparaît trop moralement progressiste aux yeux des plus conservateurs du parti, ayant par exemple refusé de condamner l’avortement.





Pour mieux connaître les candidats voici un quizz réalisé par le Washington Post (en anglais) qui permet de voir selon vos affinités électorales quel candidat vous correspond le mieux. Il a depuis été remis à jour au fur et à mesure que le nombre de prétendants diminue.

Enfin je vous renvoie au blog de Mr Augris qui analyse lui aussi cette primaire et qui a été une des sources de cet article. Voyez aussi l'article que le blog de Mr Diedrich lui consacre

 

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commentaires

H
je soutien Obama, un regard jeune ne peut que faire du bien au états Unis, mais actuellement, il risque de tomber dans son propre piège en s'affichant aux cotés des star hollywood, Mc Cain en fait meme un argument en sa faveur en qualifiant Obama de star plutot que d'homme politique
Répondre
M
<br /> Bonjour Hayette et bienvenue sur le blog.<br /> <br /> Il faudra que je fasse un petit point sur les elections américaines pour remettre à jour cet article maintenant que l'on connait les candidats et leurs vice-présidents.<br /> <br /> Obama arrive au bon moment après 8 ans de gestion Bush reconnue calamiteuse même par les républicains (Puisque McCain lui même se présente comme un candidat de rupture par rapport à Bush).<br /> Il se présente comme le candidat d'un "rêve nouveau", à un moment où la question raciale s'est appaisée et où les Etats-Unis sont près à accepter le venue d'un président de couleur, qui<br /> symbolise par son métissage la réussite du "melting pot" longtemps révé.<br /> <br /> Son programme est lui clairement "à gauche" avec davantage d'aides sociales et de solidarité ce qui paradoxalement herisse le poil de beaucoup d'américains par ailleurs pas forcément riches mais<br /> pour qui ce n'est pas à l'état (et donc au contribuable) de payer pour ceux qui "ne veulent pas travailler" et qui risquent de se reporter sur les républicains qui promettent une baisse des<br /> impots.<br /> <br /> Pour ce qui est des stars, c'est une vieille tradition. En terme d'électorat, les démocrates sont très forts dans les grandes villes et particulièrement sur la côte Est et sur la côte Ouest. Les<br /> républicains eux sont plus implantés dans l'Amérique des campagnes et des petites villes du centre des Etats-Unis. Hollywood a le coeur à gauche et toujours eu des sympathies pour les grandes<br /> causes caritatives et les candidats démocrates. Rappelons nous de John Fitzgerrald Kennedy a qui l'actrice Marylin Monroe venait souhaiter son anniversaire sur scéne. Et à chaque fois les<br /> républicains se sont présentés comme les candidats des "vrais gens" de l'Amérique rurale profonde. C'est de bonne guerre dans une campagne électorale ou toutes les attaques et tous les "coups bas"<br /> sont permis<br /> <br /> Il est vrai qu'Obama bénéficie d'un large mouvement de sympathie de par le monde, ce qui paradoxalement n'est pas forcément un avantage car beaucoup d'américains risquent de voter McCain en pensant<br /> "ce ne sont quand même pas les européens qui vont nous dire pour qui voter !"<br /> <br /> En tout cas c'est une campagne electorale passionnante que nous avons là et le monde ne peut rester indifférent à savoir qui va être le "commander in chief" de la premiere puissance mondiale.<br /> <br /> <br />
M
Merci pour le lien.<br /> Une très bonne année 2008 !<br /> Mes encouragements pour votre blog.<br /> <br /> E. Augris
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M
Merci pour vos encouragements et pour ce formidable outil qu'est le portail des blogs histoire-géo.http://portail-histoire-geo.blogspot.com/