Nous avons étudiés avec les TL le procès des dignitaires nazis survivants de novembre 45 à octobre 46. Les Américains voulaient un procès public, les Anglais et les Français défendirent l'idée d'un procès à huis clos, les Russes prônerent l'exécution sommaire et sans procès de 50 000 criminels de guerre. Au final, réunis à San Francisco en juin 45 pour la création de l’ONU, les alliés débattirent aussi de cette question et optèrent en fin de compte pour la première solution. Un grand procès international, entièrement filmé qui permettrait de mettre en lumière les atrocités du régime nazi.
L’INA propose la vision d’un documentaire d’époque de 20 mn sur ce procès. Diffusé en 1947, il garde un ton grandiloquent propre aux actualités du temps et permet aussi de voir l’étendue des dégâts humains et matériels de la guerre comme de comprendre l’état d’esprit des peuples d’Europe au sortir du conflit.
Le procès, outre la création du concept de crime contre l’humanité posa les bases de la mise en place d’une justice internationale. De même il définit ces crimes comme imprescriptibles, c'est à dire ineffaçable par le temps : pas d'amnistie ou de prescription possible. Il ne fut pas exempt de critiques notamment autour du droit des vainqueurs à juger les vaincus, comme d'oublier les crimes des alliés pendant la guerre (les massacres ordonnés par Staline, les bombardement des grandes villes de l’Axe ou celles des territoires occupés, l’emploi de la bombe atomique par les américains sur le Japon.)
D’autres procès et condamnations concernant des personnalités moins importantes mais tout aussi impliquées dans les exactions nazies (responsables de camps d’exterminations, médecins ayant menés des expériences sur des déportés, industriels ayant soutenus l’effort de guerre.) vinrent compléter celui-ci, même si se posa assez vite la question suivante : jusqu’où arrêter la chasse aux responsables dans un pays où presque tout le monde avait suivi docilement le régime en place. Et puis, où étaient passés les nazis de haut rang qui avaient réussis à fuir l’Allemagne à la fin de la guerre ? Un grand nombre était resté sur place sous de fausses identités, d’autres migrèrent discrètement vers l’Espagne franquiste, l’Amérique latine ou le Proche Orient où leurs compétences très spéciales furent très utiles à certaines dictatures. Nous reparlerons bientôt de ceux-ci et de la chasse aux anciens nazis…
(sources photographiques : United States Holocaust Memorial Museum)