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22 février 2009 7 22 /02 /février /2009 20:35

Pourquoi n'y a-t-il pas de véritable armée européenne?

Un travail de Laetitia Guillaud-Saumur

Dans les années 1950 la Communauté européenne de défense ou CED est un projet d'organisation qui prévoyait la création d'une armée européenne avec des institutions supranationales. Il est d'initiative française.

 

Origines:

 
En juin 1950 est déclarée la guerre de Corée qui fait ressentir à l'Europe occidentale qu'elle est vulnérable, surtout en Allemagne de l'Ouest. Elle envisage alors la création d'une armée pan-européenne.

L'idée est suggérée par Jean Monet. Elle consisterait en une armée européenne avec des contingents allemands, et ce moins de cinq ans après la deuxième guerre mondiale. Il n'y aurait plus d'armées nationales, seulement une armée un ministre européen de la Défense.

Après le conférence de Paris du 15 février 1951, l'idée d'un ministre unique pour le conseil des ministres européen est abandonnée. Il lui est préféré un conseil des ministres européen et le maintient de certaines armées nationales au sein de l'armée européenne est envisagé.

Des négociations s'engagent qui aboutissent le 27 mai 1952 à la signature du traité de Paris instituant la CED par les gouvernements français, Ouest-allemand, italien, néerlandais, belge et luxembourgeois.

 

Dans le cadre du commandement de l'OTAN (dont on voit ici le drapeau), le traité prévoit l'institution d'une Communauté de Défense, disposant d'un budget, d'un armement et d'un commandement communs. Elle dispose de certaines institutions:

- Un commissariat intégré qui joue le rôle de pouvoir exécutif, composé de 9 membres (2 français, 2 italiens, 2 allemands et 1 de chaque pays du Benelux);

- Le conseil des ministres, organisme de composé du ministre de chaque pays membres, qui a pour but l'harmonisation du commissariat avec la politique des États membres;

- L'Assemblée, composée de 87 parlementaires nationaux, contrôle l'ensemble;

- La cour de justice, qui exerce le contrôle juridictionnel sur les différents organes.

 

La France débat vivement et discute sur les nombreuses critiques du traité. Les gaullistes critiquent l'inexistence d'une Europe politique et la CED sous le contrôle de l'OTAN. Pour les communistes, l'impérialisme hégémonique du camp occidental, symbolisé par l'attitude belliciste de l'OTAN accentuant la division des deux Allemagne, cherche à isoler le camp des démocraties populaires.

 

Malheureusement, la crainte du réarmement de l'armée allemande et la mort de Staline le 5 mars 1953, la première détente de la guerre froide donnent des interrogations quant a la nécessité d'une armée européenne; la CED est rejeté. Cela aura deux conséquences:

- Les accords de Paris et de Londres de l'automne 1954 permettront a l'Allemagne de recréer une armée autonome dans le cadre de l'OTAN;

- La question d'une défense européenne intégrée restera sans aboutissement jusqu'à la fin de la Guerre Froide et aux négociations du traité de Maastricht.

Source
assemblée nationale.fr / armée.com
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J'aurais voulu mettre tous vos articles traitant des relations internationales avant l'effondrement de l'URSS et seulement après, pour une question de logique chronologique, mettre ceux qui traitent des relations internationales post guerre-froide (difficile d'évoquer l'ascension de Vladimir Poutine ou les deux guerres avec l'Irak sans revenir sur la fin de la guerre froide.). Mais comme un certain nombre des articles de cette série me manquent encore, je vais en profiter pour aussi faire un petit crochet sur la question européenne.

La question de la défense européenne commune pose la question de l'échec du projet de CED . Quelques remarques sur la forme tout d'abord : tu me livres un article finalement assez court, avec pas mal de phrases "empruntées" quasiment telles quelles à Wikipedia ou aux deux sources que tu me cites. cela ne fait pas un vrai travail personnel. Sur un sujet finalement aussi simple que celui là c'est un peu court. Il aurait été aussi utile d'aller de se rapprocher de notre époque parler de l'Eurocorps, régiment franco-allemand auxquels d'autres pays européens se sont joints. 


L'idée de créer une armée européenne pour lutter face à la menace soviétique est une idée qui illustre bien le climat de tension des débuts de la guerre froide. Lorsqu'en 1951 les Etats-Unis poussent fortement à la constitution de ce projet de défense alors même qu'on ne parle pas encore de Communauté Européenne (l'ancêtre de l'Union Européenne actuelle), c'est tout juste si existe la Communauté Economique du Charbon et de l'Acier, zone de libre échange sur ces deux matières premières.

Les communistes français rejettent évidemment ce projet qu'ils voient comme une attaque directe contre l'Union Soviétique.

Six ans après la seconde guerre mondiale l'idée de réarmer l'Allemagne a du mal à passer dans notre pays, comme celle de subordonner complétement l'armée française à un ensemble européen et de perdre ainsi notre indépendance nationale dans le cadre d'une armée commune européenne.


Affiche anti-CED du Parti Communiste Français.

« Pour organiser l’Europe, qu’on la prenne donc comme elle est, c’est-à-dire comme un ensemble formé de peuples très distincts dont chacun a, bien à lui, son corps, son âme, son génie et, par suite, doit avoir ses forces. Renvoyons aux géomètres les plans étranges qui prétendent mêler, à l’intérieur des mêmes unités, les contingents de pays divers pour fabriquer l’armée apatride. Où donc les soldats de cette Babel militaire iraient-ils puiser leur vertu ? Si, pour une coalition, il est nécessaire d’instituer entre États, par délégation de tous, un système unique aux échelons supérieurs du Commandement, le principe qui domine tout c’est qu’une armée se bat avant tout pour son pays, sous l’autorité de son gouvernement et sous les ordres de ses chefs. Aucune, je dis aucune, de celle que doit fournir l’Europe ne saurait être ni bâtie, ni employée, autrement. »

Général de Gaulle, discours prononcé à Nîmes en 1951

Le projet finit donc par capoter et c'est finalement l'OTAN qui va jouer le rôle de système de défense commun sur notre continent. L'Europe se dote d'institutions économiques, puis politiques mais restera divisée quand à l'utilité d'avoir une armée et une diplomatie commune.  En tant de crise cela pourrait être un avantage, mais cela voudrait dire aussi que chaque pays doit se plier à la décision commune. C'est ainsi qu'en 2003, s'il avait existé une armée européenne commune lors de l'engagement américain en Irak, elle serait intervenue là bas car la majorité des pays européens soutenait l'alliance avec les Etats-Unis.

Le problème après la chute du Mur de Berlin est de savoir s'il faut faire une armée européenne indépendante, une armée européenne associée à l'OTAN ou si l'Europe doit laisser les pays maîtres de leurs armées.

La question reste toujours importante et varie selon les gouvernements. La France pendant longtemps n'a absolument pas eu envie de voir ses décisions internationales dictées par d'autres. La Grande Bretagne aussi tout en gardant un partenariat privilégié avec les Etats-Unis. Pour les pays d'Europe de l'Est la protection américaine semble plus solide qu'une illusoire armée européenne qui en plus couterait très cher. La France semble de plus en plus se ranger à cette dernière solution, le président Sarkozy ayant rompu avec l'idée gaulienne d'indépendance militaire de la France pour revenir au sein du commandement intégré de l'OTAN.

Néanmoins des réalisations militaires européennes existent comme des projets d'armements communs dont le Tigre, hélicoptère de combat franco-allemand ou l'Eurofighter, avion de chasse germano-britanico-italo-espagnol (projet auquel la France n'a hélas pas participé pour des raisons politico-industrielles). Surtout depuis 1993 existe l'Eurocorps, des bataillons d'abord franco-allemands auxquels se sont joint les belges, les luxembourgeois et les espagnols. Malgré ses 60 000 hommes, cette "armée européenne" dont le commandement est basé à Strasbourg et qui communiquent en anglais (à laquelle la Pologne devrait se joindre cette année) reste plus symbolique qu'autre chose, même si elle intervient en Bosnie ou en Afghanistan.


                                                                                                          L'écusson de l'Eurocorps
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18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 14:23

Pourquoi y a-t-il eu une explosion du terrorisme d’extrême gauche dans les années 70 ?

 Un travail de Justine Decool (TL)

 

L’Europe a vu monter dans les années 70 de nombreux mouvements terroristes d’extrême gauche, donnant le nom à cette période des années de plomb. La volonté des « terroristes rouges » étant d’instaurer un communisme qui combattrait l’impérialisme pour instaurer la liberté des peuples, y compris ceux du tiers monde.  Le terrorisme selon l’ONU, « a pour but d’intimider une population, ou d’obliger un gouvernement ou une organisation internationale à agir, ou à ne pas agir. » Demandons nous alors pourquoi de nombreux jeunes gens d’après 68, souvent des étudiants de bonnes familles, ont mis en place de redoutables noyaux terroristes extrêmement violents?

Les mouvements d’extrême gauche sont des courants politiques à gauche des partis socialistes et partis communistes traditionnels, ce sont des mouvements dit révolutionnaires qui souhaitent la disparition du capitalisme, grande source d’inégalité. Les mouvements terroristes des années 70 vont donc se battre au nom de la lutte contre l’impérialisme capitaliste, des symboles de la puissance de l’État, le grand patronat et la défense du prolétariat.

Voyons alors les raisons qui ont engendrés la naissance des mouvements terroristes, tant du point de vue d’événements historiques, qu’idéologiques.

La guerre froide traumatise les esprit par sa violence psychologique et fait ainsi monter la haine anti-capitaliste.  Dans le courant des années 60 la violence du conflit au Vietnam fera naître de nombreux mouvements de protestataires étudiants aux Etats Unis et  en Europe. Ces mouvements protestataires feront naître le mouvement Hippie, mais aussi des mouvements anarchistes et communistes révolutionnaires, nés du dégoût du capitalisme. Mai 68 sera aussi un élément déclencheur à la création d’organisations extrémistes. La révolte de la jeunesse durant ces années fut parfois modérée mais donna aussi naissance au terrorisme.

Certaines organisations terroristes seront aussi engendrées par le traumatisme du principe de la colonisation et des décolonisations violentes. Le manque de liberté des peuples colonisés fut révoltant pour une jeunesse en quête de liberté. Nous pouvons notamment penser à la décolonisation de l’Indochine, guidée par le leader charismatique du Vietminh, précurseur du communisme au Vietnam, Ho Chi Minh. Celui-ci inspira la jeunesse révoltée par ses actions de guérillas menées contre les colons français. Ces années de conflits dues à la colonisation ont profondément brisés la belle image du capitalisme et de l’impérialisme, poussant ainsi des jeunes extrêmes à se révolter par la violence.

De plus, du point de vue idéologique, l’attrait du communisme est fort, l’idée d’égalité entre tous séduit. La jeunesse voit que le violence fut beaucoup employée dans l’histoire, pour imposer son idéologie. C’est pourquoi en Allemagne les mouvements terroristes furent extrêmement nombreux, ceci s’explique par le traumatisme du nazisme. Qui, d’une part donna des principes de liberté à la jeunesse et une haine des ségrégations; mais qui, encra dans toute une génération la notion de violence.

Il est aussi important de mettre en lumière les conflits importants entre israéliens et palestiniens, avec les attentats de Munich, qui ont finit d’instaurer le climat violent et révolutionnaire des années 70.

 

Un extrait de l'avis de recherche de la police allemande de l'époque montrant les membres du groupe d'Andreas Baader et Ulrike Meinhof, la Rote Armee Fraktion. On le voit ce sont des étudiants dont de nombreuses filles qui s'engagent dans l'action terroriste.

Après avoir vu les principales raisons qui ont fait naître le terrorisme d’extrême gauche, dans les années 70, voyons quelles ont été les principaux mouvements crées, retracent leur parcours, actions et revendications.

Il y eu la Fraction armée rouge ou Bande à Baader, l’organisation principale, le plus efficace et armée d’Allemagne. Ce fut une organisation révolutionnaire, anti-impérialiste  qui se considérait comme un mouvement de lutte armée, mais qualifiée de mouvement terroriste par l’Etat allemand. Cette organisation, la RAF (Rote Armee Fraktion) est crée le 2 avril 1968, création liée au contexte du moment en Europe et en Allemagne.  L’organisation est appuyée sur une idéologie de guérilla urbaine, refus de la théorie pour une mise en pratique immédiate. Qui entraînait des attentats, enlèvements ou assassinats jusqu’en 1998 où fut signé la dissolution du groupe.

 



Hans-Matin Schleyer, dirigeant des patrons allemands, enlevé en 1977 puis assassiné par la R.A.F.

Baader (dirigeant de cette Fraction Armée Rouge) a dit un jour : “ Si je suis condamné à la réclusion à perpétuité, je me supprimerai, mais j’entraînerai quelques personnes avec moi

 

Action Directe fut durant les années 70 le principal groupe terroriste français. Ce groupe terroriste crée en 1979, fut considéré comme une organisation de guérilla. Action Directe était un mouvement communiste libertaire, mouvement terroriste qui tire son nom de la théorie anarchiste où est mis en avant l’action directe. Une cinquantaine d’actions furent menées pour qu’un communisme soit instauré en Europe de l’Ouest, faisant ainsi de nombreux attentats et assassinats. Le groupe fut officiellement dissout  en 1987. 

Jean-Marc Rouillan : l'auto organisation ( ... ) dépend ( ... ) de la capacité des organisations de guérilla à oeuvrer aux tâches historiques actuelles - organisation de la violence révolutionnaire, internationalisme prolétarien pour l'émergence de l'organisation communiste en Europe de l'Ouest.” 

De très nombreux groupes de terroristes d’extrême gauche sont nés dans les années 70, la plupart pour les mêmes revendications, et se faisant tous lien par la violence utilisée. Nous ne pouvons citer ici tous les mouvements terroristes de ces années de révoltes, tant ils furent nombreux. Nous pouvons toutefois  évoquer les groupes de résistance antifasciste du premier octobre espagnol, les Brigades rouges italiennes ou le CCC  (cellule communiste combattante) belge.

 

Nul ne peut trouver de causes exactes pour expliquer ces mouvements terroristes. Il faut simplement avoir en mémoire le contexte politico-historique et voir à quel point la jeunesse peut souffrir des erreurs passées et ainsi faire naître des mouvements de révolte importants. Ces mouvements terroristes violents, traumatisèrent une génération et une époque en montrant que l’homme peut être capable de violence, mais aussi et surtout peut être capable de se révolter contre un état des choses insoutenable.



L'année dernière est sorti au cinéma " La Bande à Baader" d'Uli Edel retraçant l'histoire de la Rote Armee Fraktion. Un film intéressant qui permet de comprendre à la fois l'idéalisme et la dérive violente de ces jeunes allemands en révolte contre la société de leur époque.


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Un travail très intéressant malgré l'absence de sources et le peu d'illustrations (en dehors de la vidéo et des deux logos, j'ai dû rajouter les autres images.). Le plan est assez cohérent (avec une introduction et une conclusion) causes, méthodes et principaux groupes.  Encore une fois, comme pour les autres travaux personnels, attention à l'orthographe et la grammaire, j'ai du mal à croire que malgré les correcteurs orthographiques automatisés sur les traitements de texte vous puissiez encore me laisser quasiment une faute tous les deux mots !

Pour revenir sur le fond du sujet, il faut bien comprendre que ce mouvement de contestation va toucher tous les pays du bloc occidental dans les années 70 et correspond aussi à une revolte de la jeunesse dorée des 30 glorieuses qui n'a pas connu de guerre et qui n'aspire pas à suivre le chemin du confort bourgeois de leurs parents (il y a très peu de véritables enfants d'ouvriers dans ces mouvements). Pour une partie de la jeunesse qui s'est enthousiasmée pour les mouvements de contestation issus, entre autre, de mai 68, la lutte armée parait une sorte d'idéal romantique qui fait réver. Jusqu'à parfois donner sa vie en pleine connaissance de cause.

Les deux chefs de file d' Action Directe, Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigon.

Ce fut le cas de l'Armée Rouge Japonaise, mouvement qui débuta au Japon et dont les membres rejoindront entre autre la cause palestinienne. Ses partisans, pourtant des étudiants japonais de bonne famille, s'inspirérent des kamikazes de la seconde guerre mondiale et n'hésitèrent pas à se faire sauter avec leurs bombes plutôt que de se faire prendre. Une attitude qui servira de modèle aux futurs attentats suicides islamistes.

"A vous bourgeois, nous déclarons publiquement la guerre pour vous engloutir dans la guerre révolutionnaire et vous balayer du monde.

A vous bourgeois, nous notifions que nous unirons toutes les forces prol
étariennes du monde entier dans le parti mondial – armée rouge mondiale – front révolutionnaire mondial et que nous vous anéantirons malgré votre appel à la mobilisation générale de toutes les polices du monde : l’armée américaine, l’armée de l’OTAN, l’armée de coalition nippoaméricaine ou les armées alliées au Vietnam, et malgré la mobilisation de l’armée du Pacte de Varsovie elle même,transformée et dégénérée par vous.

Vos crimes dans l’histoire sont trop connus."
"Déclaration de guerre" de l'Armée Rouge Japonaise en 1968


Même si ces mouvements furent souvent groupusculaires (La RAF ou Action Directe n'ont guère comptés plus d'un trentaine de membres chacuns), leurs actions étaient extremement spectaculaires: assassinats ou enlevements de personalités, détournement d'avion,  bombes dans les ambassades ou dans les discothèques fréquentées par les soldats américains des bases de l'OTAN. Il créerent un mouvement de panique dans les opinions publiques et furent l'objet d'une repression impitoyable. Les morts de Baader et Meinhoff dans leur cellules restent mystérieuses: suicides ou assassinats, la question fait toujours débat.

  Aldo Moro ancien président du conseil italien est enlevé par les Brigades Rouges en 1978. Après 55 jours de négociations infructueuses, le groupe terroriste indique l'emplacement d'une voiture où on découvre le corps de l'homme politique. Un crime qui choquera toute l'Italie.


Ces mouvements vont souvent se rapprocher de la cause palestinienne au nom de la lutte contre l'impérialisme ou de mouvements indépendantistes comme l'Irish Republican Army qui combat la présence britannique en Irlande du Nord. Avec le camp soviétique les relations seront plus ambigues. Officiellement, la plupart de ces mouvement rejettent l'URSS considérée comme trahissant les idéaux du communisme en s'étant transformée en dictature militaire corrompue. Dans la pratique, on le sait depuis seulement quelques années, les services secrets du bloc communiste, notamment tchéques et est-allemands fournissaient une aide discrète en armes ou en cachettes à ces terroristes. Tout ce qui peux affaiblir le camp d'en face...

Il faut aussi rappeler que de l'autre côté de l'échiquier politique, l'extrême droite, parfois soutenue par l'espagne franquiste ou
les dictatures sud-américaines vont aussi provoquer des attentats pour pousser la population dans les bras de mouvement anticommunistes musclés. C'est la stratégie de la tension. Parfois avec la complicité des autorités locales. La Belgique et surtout l'Italie connaîtront des attentats d'extrème droite dont on se demande encore aujoud'hui si la finalité n'était pas l'instauration de regimes très à droite voir de dictatures militaires sur le modèle espagnol, grec ou sud-américain.

L'Italie est depuis les années 70 la proie des Brigades Rouges, un groupe communiste particulièrement violent (on lui attribue plus de 400 victimes) qui a acquis une notoriété mondiale en 1978 en enlevant et assassinant après 55 jours de captivité l'ancien président du conseil Aldo Moro, le chef de la démocratie chretienne, un parti centriste italien.  Le 2 octobre 80 explose en gare de Bologne une bombe qui fait 85 morts et 200 blessés. Cet attentat est attribué aux Brigades Rouges et permet de renforcer les lois sécuritaires dans le pays. En 1995, une enquête judiciaire permis d'établir que cet attentat avait été en fait été organisé par l'extrême droite en collaboration avec des membres de l'armée et de la police.

 
Ces mouvements révolutionnaires sont neutralisés à partir du milieu des années 80, leurs dirigeants étant pour la plupart arrétés et condamnés à de lourdes peines ou ont fuit à l'étranger, profitant parfois de la sympathie de certains mouvements de gauche plus modérés qui se reconnaissent dans leurs idéaux mais n'ont pas voulu passer le pas de la violence. Ainsi de nombreux anciens membres des Brigades Rouges condamnés en Italie se sont réfugiés dans les années 80 en France où le président Mitterand leur a accordé l'asile s'il renonçaient à la violence. Mais la justice italienne demande toujours aujourd'hui leur extradition. Doit-on les renvoyer ou respecter ce droit d'asile. Une question épineuse autour de Cesare Battisti et Marina Petrella deux anciens brigadistes qui ont refait leur vie en France et que l'Italie reclame toujours. (Pour en savoir plus sur l'affaire Petrella)

                               Un comité de soutien à Marina Petrella

De même, les membres d'Action Directe encore en prison bénéficient de mouvements de soutien pour leur libération après 20 ans de prison. Mais le fait que la plupart d'entre eux continuent à justifier le recours à la violence et n'aient pas officiellement renoncé à la lutte armée leur vaut des ennuis judiciaires constants, ainsi Jean-Marc Rouillan qui après une libération anticipée a été remis en prison pour ses déclarations ambigues à la presse.

 


 

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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 20:16

Un travail de Wissame Dahmani (TL)


Le 11 Septembre 1973, un coup d’état organisé par les forces armées, renverse le gouvernement  Allende et met un terme à la politique de gauche, qui prenait la direction du socialisme. Cet évènement introduit une dictature, non exceptionnelle car ce genre de régimes fleurit en Amérique Latine durant les années 70. C’est une rupture dans l’histoire chilienne, où la constitution n’avait jamais été remise en cause et où l’armée était dite loyaliste. Les Etats-Unis, en tirent profit, afin de faire du Chili un terrain d’expérimentation, appelé à devenir un modèle.

 

En une seule journée les forces armées ont écrasé l’UP (Unité Populaire), et se sont emparés du pouvoir.

 

                     Le palais présidentiel de la Moneda bombardé par l'armée

Les attentats commencent au port de Valparaiso avec le soulèvement de la marine, et se « terminent » au palais avec la mort d’Allende. En quelques jours, l’armée de Pinochet, renie le gouvernement de gauche, proclame la dissolution du parlement, instaure l’Etat de siège, met en place un couvre feu, suspend les libertés syndicales et la majeure parties des organes de presse. Ce dernier justifie le soulèvement par la lutte contre le communisme. Quelques jours après le coup d’Etat, la répression s’affiche clairement. Des milliers de personnes sont arrêtées. En plus de ceux de L’UP, se sont des militants des partis d’extrême gauche qui sont torturés, exécutés, parqués dans des camps de concentration, ou bien portés disparus. Appel à la délation, et mise en place d’une police politique (DINA).

 

Jusque la fin 1974, les opposants sont scrupuleusement traqués;  un tiers du corps enseignant est démis de ses fonctions. Suite à cela, le Plan Condor est mis en place en étroite collaboration avec le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. Ce plan consiste à l’éradication totale du marxisme. Il serait à l’origine de 50000 à 70000 meurtres et/ou disparitions.

 

Les Etats-Unis, qui avait envisagé le « Chili d’Allende » comme un deuxième Cuba, soutiennent Augusto Pinochet. Les autres pays, eux, protestent contre ce régime de force, mais seulement par principe, car ils ne tardent pas, tous, à accueillir chez eux, l’ambassadeur du Chili.

 

Pinochet, va créer une nouvelle constitution, qu’il fera voter au référendum, le 11 septembre 1980, et entrera en vigueur le 11 mars 1981. Avec un pouvoir illimité, il devient officiellement président pour un mandat de 8 ans, à la fin duquel, un nouveau référendum sera organisé.

 

Aujourd’hui, après 16 ans de dictature, la mémoire oscille entre un souvenir profond des atteintes aux droits de l’homme, et une reconnaissance d’un héritage économique, de surface, qui semble avoir fait du Chili, un pays d’une grande prospérité au cœur d’une Amérique latine dernièrement frappée par plusieurs crises.   


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Assis, le général Pinochet et les officiers de l'armée chilienne lors du putsch. Une image sinistre qui marqua les esprits de l'époque .

Un travail un peu expéditif, sans vraiment de sources précises. L'essentiel y est, mais c'est dommage, tu n'approfondis pas véritablement ce thème et en reste à des généralités un peu vagues. Notamment sur les implications morales de soutenir de tels régimes pour les démocraties occidentales. De plus j'ai par moment dû reconstituer le texte que tu m'as envoyé, en effet, les fautes de grammaire et les incorrections de style étaient fort nombreuses.

 

Le cas du Chili, s’il fut l’un des plus représentatif de cette vague de coups d’états militaires qui frappent l’Amérique latine au cours des années 60-70, n’est pas la pire dictature pro-occidentale de l’époque. L’Argentine de Vidella ou le Nicaragua de Somoza ont été encore plus meurtriers. Mais la personnalité même de Pinochet, les circonstances de sa prise de pouvoir comme les tentatives avortées pour le mettre en accusation ont profondément marqué les esprits.

 

Pour comprendre la constitution de cette internationale de dictatures militaires anti-communistes, il faut bien comprendre que l’Amérique latine est un continent où les différences sociales sont extrêmement marquées. La société latino-américaine conserve les traces de la colonisation espagnole. Peu industrialisée, son économie repose essentiellement sur une agriculture d’exportation souvent très performante et sur l’exploitation des matières premières du sous-sol. L’économie est entre les mains d’une minorité de grandes familles qui se transmettent la majorité des terres et gardent solidement les rênes du pouvoir. Les ressources naturelles ont été concédées à des sociétés étrangères, souvent états-uniennes, qui ne reversent qu’une part minimes des bénéfices, contre le versement de commissions occultes qui finissent sur les comptes en banques suisses des dirigeants locaux.

 

Cette situation inégalitaire et cette corruption généralisée sont le terreau rêvé pour le développement d’une contestation plus ou moins marxiste qui promet une meilleures répartition des richesses et la nationalisation des matières premières. L’exemple cubain le prouve, de nombreux pays d’Amérique latine sont prêts à basculer dans le communisme. Pour les Etats-Unis, c’est un danger intolérable et tout homme politique sud-américain qui commence à parler de réforme agraires et de redistribution des richesses devient, aux yeux de Washington ou des bourgeoisies conservatrices locales, suspect d’être un Fidel Castro en puissance.

 

L’idée développée par les tenants d’une diplomatie musclée au Pentagone (qui trouverons une oreille particulièrement attentive pendant les années Nixon au début des années 70 puis Reagan dans les années 80) est qu’il vaut mieux un régime fort voir dictatorial qui préserve la stabilité du pays et les intérêts économiques locaux et occidentaux que de risquer de voir un régime démocratique se laisser gagner par la gangrène communiste.

 

Un personnage très controversé va représenter cette tendance : Henry Kissinger conseiller à la défense de Nixon puis Gerald Ford qui va littéralement régner sur les affaires étrangères américaines dans les années 70 et qui, même s’il le nie toujours formellement aujourd’hui soutient militairement et financièrement les dictatures pro-occidentales qui s’installent. Il déclare notamment lors de l’élection de Salvador Allende au pouvoir au Chili. « Je ne vois pas pourquoi il faudrait s'arrêter et regarder un pays devenir communiste à cause de l'irresponsabilité de son peuple ». 

 
Kissinger (à droite) rencontrant le général Pinochet.

Soit dit en passant, la France aura la même attitude dans son ancien pré carré colonial africain en soutenant des dictateurs locaux tout aussi peu fréquentables que leurs homologues latino-américains.
 

 

Cette tendance à soutenir des dictateurs ne se limitera pas à l’Amérique Latine. N’oublions pas que Franco en Espagne, pourtant installé par Mussolini et Hitler dans les années 30 était devenu un allié de l’Occident au nom de la lutte anticommuniste. Dans les années 70, en Grèce, en Turquie, en Iran, en Irak, en Corée du Sud, en Indonésie ou à Taiwan, des régimes militaires s’installent ou se maintiennent avec la bénédiction de Washington.

 

L’arrivée du Docteur Allende au pouvoir lors des elections de 1970 inquiète donc beaucoup de gens car son parti, Unité Populaire, comprend des communistes déclarés en son sein et qu’il a promis des réformes : redistribution des terres et de nationalisations. C’est ce qui explique que des militaires soutenus et financés par la bourgeoisie locale et par les sociétés étrangères installées au Chili, décident de renverser le pouvoir par la force.

 

Allende et ses derniers défenseurs, retranchés dans le palais présidentiel


De nombreux mystères demeurent autour de ce coup d’état. Le degré d’implication réel des Etats-Unis tout d’abord. Puis comment Pinochet, chef d’état-major réputé fidèle à Allende a-t-il fini par tourner sa veste et prendre en main ce coup d’état ? Enfin la mort d’Allende dans son palais présidentiel bombardé : suicide ? (C’est la version officielle), assassinat ?

 

La répression contre les partisans d’Allende est extrêmement violente. 12 000 personnes sont enfermées dans le stade national de Santiago et la DINA procède à des dizaines de milliers d’interrogatoires où la torture est couramment utilisée. « Les escadrons de la mort » font régner un ordre sanglant dans tout le pays. Le Chili est quadrillé, les opposants systématiquement torturés, les principaux disparaissant, exécutés avant qu’on se débarrasse des corps dans l’océan. Au total on estime entre 3000 et 3500 les victimes de cette répression féroce, sans compter 200 000 exilés qui fuient le pays.

 

Quelques précisions au sujet de ce « plan Condor » évoqué avec raison dans ton article. Il s’agit d’une alliance secrete entre toutes les dictatures latino-américaines chapeautée par les services américains qui consiste à centraliser et coordonner la lutte anticommuniste entre les pays latino-américain. Dans la pratique on mutualise non seulement les informations mais on procède à des enlèvements d’opposants avec la complicité des autorités voisines, des assassinats et des tortures. Et pour former ce petit monde, on débauche d’anciens nazis en fuite spécialiste de "la lutte contre toute forme de Résistance" comme Klaus Barbie l’assassin de Jean Moulin ou d’anciens responsables français du maintien de l’ordre pendant la guerre d’Algérie comme le sulfureux général Aussaresses

Julien Blottière a fait un remarquable article sur ce sujet sur Bricabraque

 

Pinochet va régner presque quinze ans sur le pays avant de permettre le retour progressif à la démocratie en 1988, non sans rester chef des armées et en n’oubliant pas de se faire voter une loi sur mesure d’amnistie empêchant la justice chilienne de l’interroger sur les disparitions lors de son règne.

 

Il garde de nombreux partisans dans le pays, ayant à leurs yeux protégé le Chili du communisme et redressé l’économie. Non sans oublier de se servir au passage comme tout bon dictateur qui se respecte puisqu’on retrouvera par exemple la trace du transit de nombreux lingots d’or (la bagatelle de 9 tonnes de métal précieux) dans un coffre à son nom dans une banque de Hong Kong pendant les années 80.

 

Pourtant le vieux général aura quelques sueurs froides au milieu des années 90. Alors qu’il est soigné dans une clinique londonienne, la justice britannique l’arrête à la demande d’un juge espagnol pour "génocide, terrorisme et tortures". Cette arrestation provoque une tempête au Chili entre les  pro et anti Pinochet. Finalement après une bataille judiciaire d’un an, le vieux général obtient, arguant de son état de santé,  de pouvoir rentrer au Chili sans être inquiété. Dernière provocation alors qu’il quitte Londres sur un fauteuil roulant, une fois rentré à Santiago on le voit se lever pour saluer ses partisans.

 

Dessin de Chapatte, qui relate en dessin les péripéties de l'arrestation de Pinochet.

Pinochet s’éteindra finalement en 2006 sans être inquiété mais progressivement déconsidéré au fur et à mesure que ses anciens subordonnés non protégés par un statut d’ancien président sont mis en accusation par la justice chilienne et que la réalité du régime se fait jour au travers de leurs procès. Malgré les années, la société chilienne reste toujours divisée et continue de panser ses plaies.

Pour compléter :
Julien Blottiere sur lire-Ecouter-Voir (l'ancêtre de Samarra) revient sur la chanson sud-américaine engagée contre la dictature.

Un article détaillé de France 2 sur le coup d'état.




Quelques images saisissantes issues d'un documentaire de France 3 sur le coup d'état.
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11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 22:31

Après quelques vacances à la neige le blog est de retour. C'est le moment de mettre les travaux que vous avez réalisés pour le blog, au fur et à mesure qu'ils m'arrivent. Tout d'abord sur les relations internationales de 75 à nos jours, puis sur l'Union Européenne.

Un travail d'Aurélie Heustache-Marmoux (TL)

Comment la chute du mur de Berlin a-t-elle marqué le début de la fin du système soviétique ?

La seconde Guerre Mondiale terminée, le monde n’est pas encore débarrassé de tous ses conflits, et la tension présente entre les deux grands vainqueurs laisse présager le pire. Le monde est partagé, commence alors une lutte compétitive entre deux idéologies contraires : les soviétiques et l’Occident (disons plutôt idéologie communiste et idéologie libérale) . C’est à qui saura le mieux s’imposer à l’autre. Berlin, est à l’image de l’Allemagne : coupée et attribuée par morceaux aux quatre pays vainqueurs (URSS, Etats-Unis, Grande Bretagne et France), mais dans l’ombre menaçante de la Guerre Froide, les choses vont aller bien plus loin.

Le système soviétique est au bord du déclin, mais il s’efforce de continuer et sauve très bien les apparences, du moins pendant un certains temps, la puissance communiste met du temps à s’effondrer : dans les années 50, c’est la conquête de l’espace, qu’ils remportent sur les Etats-Unis (premier être vivant dans l’espace : Laïka, 1957 ; premier homme : Youri Gagarine, 1961 ; première femme : Valentina Terechkova, 1963). L’URSS est glorieuse, félicitée par le monde entier, y compris par le président américain lui-même, mais tout n’est pas aussi brillant que ce qu’il y parait.


En juin 1948, les soviétiques décident de couper les communications entre Berlin-Est et Berlin-Ouest, la ville est alors séparée en deux blocs distincts, commence alors le blocus. Cependant il n’atteindra jamais son but : après une année d’acharnement dans un camp comme dans l’autre, les occidentaux sont toujours présent, ils ont trouvé une parade au stratagème des soviétiques. L’hiver et les attaques des communistes ne sont pas suffisant pour les chasser de Berlin : ils ravitaillent par avion et soutiennent énormément la population de Berlin-Ouest qui, naturellement souffre du blocus. Les soviétiques résignés, lèvent le blocus en mai 1949, toutefois ils ne s’avouent pas vaincus pour autant. (Entre temps la zone d'occupation soviétique devient la République Démocratique Allemande tandis que les occidentaux unifient leurs trois zones en République Fédérale Allemande).

Après l’échec du blocus, et en réaction aux mouvements de la population de l’Est qui fuit inlassablement la misère pour rejoindre l’îlot occidental porteur d’espoir, ils décident d’ériger un mur. En 1961, le « rideau de fer » se matérialise : un mur est construit à l’intérieur même de la ville, les populations sont complètement isolées l’une de l’autre, ils leur est pratiquement impossible de se voir, de se rencontrer.



Certains berlinois avaient réussi à s’échapper pour gagner d’autres pays, mais après la construction du mur, sur toutes les tentatives de franchissement, seulement quelques milliers de personnes passent tandis que des centaines sont tuées.

La population de la RDA veut à tout prix partir, et la misère de leur condition en tant que citoyens soviétiques supplante les risques de gagner la RFA. Car en pleine guerre froide, l’URSS entretient l’armée tant bien que mal : elle est équipée et parée à toute attaque militaire éventuelle, mais pendant ce temps, la famine frappe le peuple et les gens meurent de faim, délaissés, abandonnés à leur sort par leur dirigeants, après deux guerres mondiales et un monde à reconstruire. Les conditions de vie ne s’arrangent pas, et il y a de plus en plus de tentatives pour s’enfuir. Le système soviétique coince, il s’enraye.


A cause de l’émigration incessante et de plus en plus importante, les dirigeants de la RDA finissent par céder. Le 9 novembre 1989, une annonce assez obscure du gouvernement est lancée en fin d’après midi, concernant la possibilité d’une ouverture plus lâche des frontières… en début de soirée des milliers de personnes sont devant le mur et veulent traverser. Les premières passent avec un contrôle d’identité et des passeports, mais la nouvelle des récents changements de dispositions quant au voyage des ressortissant de la RDA se propage, notamment grâces aux médias et au journal de 20 heures.

Dans les environs de 23heures, l’afflux de population se fait de plus en plus grand, les soldats qui gardent le mur, ne savent que faire : ils n’ont pas reçu d’ordres officiels… mais, devant l’insistance de la foule et le risque d’émeutes violentes, le responsable décide finalement d’ouvrir les barrières avant que la situation n’empire encore.

 

20 000 personnes traversent, sans contrôle aucun dans l’heure qui suit cette décision, c’est un événement incroyable et les gens émerveillés sont poussés par la curiosité : depuis presque 30ans maintenant le mur existe, et d’un coup tout change, un monde s’effondre, s’efface. Des jeunes qui n’avaient jamais vu Berlin-Ouest peuvent enfin y accéder et vice-versa, les familles séparées depuis des années espèrent des retrouvailles… Les foules sont en liesse.

Le mur sera en grande majorité et assez vite démonté au cours de l’année 1990, et des fragments seront éparpillés dans le monde, avec un marché noir qui se développe autour de cette démolition.

Le régime Soviétique a désormais perdu sa puissance, le monde l’a découvert, les apparences sont tombées avec le mur. Car depuis la fin de la guerre, le système soviétique est bancal, cependant, il restait une puissance qui se dressait devant les Etats-Unis et les menaçait, mais ses affaires ne s’arrangent pas et la splendeur passée de l’URSS se fane peu à peu.

(Sans compter que depuis la mort de Staline en 1953, et avec lui la disparition de son charisme hypnotisant les foules, ainsi que la fin de son régime totalitaire, la corruption au sein du parti communiste prend une ampleur considérable, et n’aide pas à la reconstruction.)

 

En effet, en 1985, Gorbatchev, dirigeant du pays, créait la Perestroïka (reconstruction, restructuration en russe), un ensemble de réformes, qui laissaient prévoir une sorte d’alliance pour des recherches communes entres les Etats Unis et l’URSS, afin de progresser plus vite dans la technologie, cependant, ces projets ont révélés le retard que prenait et accumuler l’URSS par rapport aux américains, les failles commençaient à apparaître. 

 

Les apparences s’effritent avec le temps, et laissent apercevoir la réalité. Derrière la conquête fructueuse de l’espace dans les années 50 et une puissante armée, est cachée une population qui souffre et meurt de misère, quand elle veut fuir et tenter de survivre, le gouvernement ne trouve pas d’autre solution que de la parquer pour ne pas diriger un territoire vide. L’Occident tient tête au système soviétique et le pousse dans ses retranchements, le précipite à sa fin. La chute du mur de Berlin, est symbolique et marque dans les esprits de chacun, le début de la fin d’un système en bout de course.

Sources :
Wikipédia 
Herodote.net
le site de la ville de Berlin
Guerrefroide.net
Encarta



                                                          ----------------------------------------

Voici donc le premier travail de cette série sur les relations internationales depuis 1975:

J'ai rajouté en italique quelques précisions ou rajouts indispensables et mis des liens avec les articles en rapport sur le blog.

J'ai aussi essayé de corriger les fautes d'accords et de ponctuation ainsi que quelques erreurs factuelles (non les italiens n'ont jamais obtenus de zones d'occupation en Allemagne. ) 

L'ensemble est intéréssant même si tu te perds un peu à raconter toute l'histoire de Berlin et du bloc soviétique (dans un certain désordre) depuis 1945 pour essayer de repondre à la problématique posée dans le sujet...

Quelques approfondissements au passage:

En fait comme tu le précises bien, le mur est lui même le symbole de l'echec du système soviétique car ceux-ci sont contraint, pour maintenir la cohésion de leur empire, d'empêcher leur population de fuir. Pourtant même si la désagrégation du bloc soviétique est prévisible, sa soudaineté prend tout le monde par surprise, à l'Est comme à l'Ouest.

L'éssoufflement (notamment économique) de ce système est patent à partir de la mort de Staline, mais soigneusement caché par la propagande. Les réformes de Khrouchtchev lancée en 1956 ne suffisent pas à faire repartir l'économie et après la longue période de stagnation breijnevienne, Mikhail Gorbatchev qui prend les rènes de l'URSS en 1985 essaye de relancer le projet communiste par davantage de libertés publiques et par l'introduction d'une part de capitalisme avec notamment l'aide de capitaux occidentaux (mais comme Maeva doit nous reparler de la politique de Gorbatchev, je n'en dirais pas plus pour le moment.).

Ce faisant, il se place dans une situation où l'URSS ne peut plus se permettre d'apparaître comme une nation menaçant son peuple. Et encore moins ceux des états-frères comme la RDA. C'est ce qui explique que face à la montée des contestations en Pologne, en Hongrie ou en Allemagne, les gouvernements communistes de ces pays n'osent plus utiliser ouvertement la force.

C'est en Hongrie que le premier craquement apparait lorsque son gouvernement plus modéré qu'ailleurs dans le camp soviétique décide d'ouvrir officiellement ses frontières pendant l'été 89. Cet exemple fait tache d'huile et de nombreux allemands commencent déjà à passer à l'Ouest via la Hongrie. Mais comme Gorbatchev est en pleine négociation avec les Etats-Unis pour obtenir une aide financière et technologique, il est hors de question de risquer de facher les occidentaux en réprimant ces mouvements. C'est pourquoi lorsqu'un million de personnes se pressent devant le mur en novembre 89 pour demander son ouverture, le gouvernement est-allemand ne sait plus quoi faire.

Et pourtant quelques mois auparavent, la RDA avait fété son quarantième anniversaire en grande pompe. Mais les fêtes et les manifestations grandiloquantes cachent mal la lassitude de la majorité de la population. Alors quand le gouvernement, dans un texte maladroit finit par entrouvrir le passage, c'est la ruée. Les "Vopos", la police du peuple est-allemande, sans ordres laisse faire.

Le 40ème anniversaire de la création de la RDA en octobre 89. Toute la joie de vivre et la bonne humeur des dignitaires communistes s'exprime...

A l'Ouest, on découvre la situation à la télévision. Les berlinois de l'Ouest accueillent avec effusion leurs frères de l'Est et presqu'aussitôt s'attaquent à coup de pioche au mur qui est rapidement démantelée. Le célébre violoncelliste russe Mstislas Rostropovitch, qui avait dû fuir à l'Ouest quelques années auparavent, interpréte un concert improvisé sur l'emplacement du mur en ruine (une scéne qui deviendra le symbole de la fin du mur).

La coupure en deux pays ne peut plus tenir et le processus de réunification commence. Un rapprochement qui aboutira le 3 octobre 90. Dans les semaines qui suivent la destruction du mur ce sont tous les pays du bloc de l'Est qui voient leur régimes communistes disparaitre. La plupart du temps d'eux-mêmes, les dirigeants communistes donnant leur démission (ou faisant une deuxième carrière dans le système démocratique), parfois par une violente révolution comme en Roumanie. En Union Soviétique elle-même la situation n'est plus tenable. L'opposition interne comme les mouvements nationalistes des républiques périphériques remettent en cause l'autorité de Gorbatchev et la légitimité du système communiste. De plus en plus isolé face à la contestation, fragilisé après une tentative de coup d'état raté des communistes les plus radicaux à l'été 91, Gorbatchev donne sa démission le 25 décembre 91. Le parlement de Russie dirigé par Boris Eltsine en profite pour proclamer la fin de l'URSS et du régime communiste.

Comme les vannes d'un barrage, l'ouverture des portes du mur de Berlin marque la fin du système communiste qui, en deux ans, se désintègre complétement à la surprise du monde entier...

Pour terminer un reportage de la télévision canadienne qui montre à la fois la joie des berlinois mais aussi les inquiétudes pour l'avenir...

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5 février 2009 4 05 /02 /février /2009 15:11

L’Egypte, ancien protectorat britannique, a acquis officiellement son indépendance en 1922. C’est une monarchie théoriquement autonome, mais où la présence occidentale reste forte. Dans la réalité, le pays, qui n’a pas encore développé son industrie touristique est économiquement aux mains des occidentaux. La principale source de revenu du pays, le Canal de Suez est contrôlée par un consortium franco-britannique qui l’a fait construire au XIXème siècle et récolte de juteux droits de passage pour tous les bateaux qui transitent par ce point. 50 % du pétrole vers l'Europe passe par ce canal. Les franco-britanniques ne reversent qu’une part infime de ces bénéfices à l’état égyptien.

 

En 1954, un groupe de jeunes officiers ambitieux renverse la monarchie corrompue du roi Farouk Ier. Parmi ces militaires émerge la figure de Gamal Abdel Nasser, jeune lieutenant-colonel qui s’illustra lors de la guerre israélo-arabe de 1948 et qui revendique la nécessité d’une union des peuples arabes ainsi qu'une certaine méfiance envers un Occident accusé de soutenir Israël, sans toutefois succomber aux sirènes du communisme.

                  Nasser proclamant la nationalisation du canal aux Egyptiens


Devenu président en 1954, Nasser, est une figure charismatique qui devient le porte étendard du nationalisme arabe
, laïque car partisan d’un islam contrôlé par un pouvoir politique fort, moderniste et favorable à une solidarité avec le Tiers Monde. En 1955, à la conférence de Bandung, il est un de ceux qui soutient l’idée de trouver une voie originale entre Etats-Unis et URSS pour les pays nouvellement décolonisés.

 

Pour trouver cette liberté politique, il faut l’indépendance économique. C’est la raison pour laquelle Nasser envisage un grand projet qui doit permettre la croissance agricole et la modernisation de l’Egypte à pas de géant. Un projet pharaonique (c’est le cas de la dire) : la construction d’un gigantesque barrage à Assouan dans le Sud du pays qui doit canaliser les eaux du Nil pour permettre de contrôler ses crues et de développer l’agriculture intensive (notamment du coton)  ainsi que de fournir le pays en électricité. Il existait bien un vieux barrage construit par les britanniques au début du siècle mais celui-ci ne répondait plus aux besoins de l'Egypte moderne.

 

Construire le plus grand barrage de son temps coûte cher et Nasser démarche les banques anglo-américaines sans succès. Pourtant les américains avaient soutenus par le passé ce jeune militaire prometteur mais celui-ci manifeste un peu trop d'indépendance par rapport aux Etats-Unis, notamment en nouant des accords commerciaux avec certains pays du bloc de l'Est. Les banques, poussées par le gouvernement américain qui veut donner une leçon à un Nasser dont les positions trop libres par rapport aux deux blocs irritent, veulent imposer une surveillance budgétaire étroite de l'état égyptien. Les soviétiques acceptent secrètement d’apporter leur aide au projet, mais le problème du coût financier demeure. C’est la raison pour laquelle en juillet 56, Nasser décide de nationaliser la principale ressource de l’Egypte : le canal de Suez. L’armée égyptienne prend possession du canal et contrôle la circulation .De plus les bateaux israéliens sont désormais interdits de passage.


"La pauvreté n'est pas une honte, mais c'est l'exploitation des peuples qui l'est.
Nous reprendrons tous nos droits, car ces fonds sont les nôtres, et ce canal est la propriété de l'Egypte. (...) Nous construirons le Haut-Barrage [d'Assouan] et nous obtiendrons tous les droits que nous avons perdus. Nous maintenons nos aspirations et nos désirs. Les 35 millions de livres [monnaie égyptienne] que la Compagnie encaisse, nous les prendrons, nous, pour l'intérêt de l'Egypte. (...)
En quatre ans, nous avons senti que nous sommes devenus plus forts et plus courageux, et comme nous avons pu détrôner le roi le 26 juillet [1952], le même jour nous nationalisons la Compagnie du canal de Suez. Nous réalisons ainsi une partie de nos aspirations et nous commençons la construction d'un pays sain et fort.
Aucune souveraineté n'existera en Egypte à part celle du peuple d'Egypte, un seul peuple qui avance dans la voie de la construction et de l'industrialisation, et un bloc contre tout agresseur et contre les complots des impérialistes. (...) Nous sommes aujourd'hui libres et indépendants.
Aujourd'hui, ce seront les Egyptiens comme vous qui dirigeront la Compagnie du canal, qui prendront consignation de ses différentes installations, et dirigeront la navigation dans le canal, c'est-à-dire dans la terre d'Egypte." 
Nasser, lors de la nationalisation du canal (source : Cliotexte)

Pour les britanniques et les français, c’est une atteinte intolérable à leurs droits. Encouragé par les milieux d'affaire, le Premier Ministre anglais, Anthony Eden fait le rapprochement entre le nationalisme arabe et le fascisme d'avant guerre et n’hésite pas à surnommer Nasser, le "Mussolini du Nil". Rapidement l’idée de récupérer le canal par la force se fait jour. Pour les français, cela permettrait aussi de frapper un pays qui soutient ouvertement les indépendantistes algériens et qui n’hésite pas à les ravitailler en armes.

La politique nationaliste de Nasser met l'accent sur la lutte contre l'état hébreu pour soutenir les palestiniens et comme  l'Egypte achète massivement des armes, notamment auprès de la Tchécoslovaquie communiste, l'idée d'une frappe préventive fait son chemin à Tel Aviv. Le Premier Ministre David Ben Gourion, (le vieux lion israélien comme on le surnomme à l'époque) en a fait une doctrine: désormais le peuple juif "ne se laissera pas conduire au massacre comme du bétail". A Sèvres, dans la banlieue parisienne, une réunion secrète permet aux anglais, aux français et aux israéliens d’établir un plan visant à récupérer le Canal et à chasser Nasser du pouvoir.



La presse française plus modérée que ses confréres anglais mais qui n'hésite pas à lier Nasser aux neonazis allemands. 

Israël doit donc attaquer l'Egypte sur le canal. La France et la Grande Bretagne ordonneraient alors aux belligérants d'évacuer la zone et pour appuyer cette injonction expédieraient une  "force d'interposition" pour récupérer Suez et en profiter pour renverser le gouvernement.

 

L'affaire est rondement menée. Le 29 octobre 1956, l’armée israélienne traverse le désert du Sinaï et fond sur le Canal détruisant par surprise les infrastructures militaires égyptiennes. Aussitôt une escadre franco-britannique forte de 155 navires arrive sur place et somme les deux belligérants d’évacuer Suez. Comme Nasser refuse logiquement de partir, les troupes occidentales bombardent Port Saïd, débarquent et mettent en déroute ce qui reste de l’armée égyptienne avant de commencer à se diriger vers le Caire.

 

Si sur le terrain, l’offensive est une victoire, sur le plan diplomatique, l’affaire tourne vite à la catastrophe pour les franco-britanniques. L’ONU où les pays issus de la décolonisation ont un poids croissant appelle à la fin des combats et tape du poing sur la table. Elle crée même une armée multinationale spéciale la Force d’Urgence des Nations Unies pour séparer les combattants. Pour être reconnue plus facilement les casques de ce bataillon seront peints en bleus. C’est la création réelle de l’armée de l’ONU qui prendra logiquement le nom de " Casques bleus ".





 

 

L'armada française vers Suez (photo issue du site d'un militaire ayant participé à cette opération)


L’URSS logiquement soutient l’Egypte et menace même de recourir à l’arme nucléaire (un bluff car ils savent que l’OTAN riposterait). Pour elle, cette crise arrive à point nommé car elle permet d’occuper les caméras du monde entier pendant qu’elle écrase dans le même temps la révolte hongroise. Plus surprenant les Etats-Unis, décidé à ne pas apparaître comme soutenant trop ouvertement les puissances colonisatrices, ordonnent à la France et à la Grande Bretagne de se retirer et pour appuyer leur décision font chuter le cours de la Livre Sterling à la bourse de New York.

 

Isolés, déconsidérés, les occidentaux doivent partir et Nasser sort diplomatiquement grandi de ce conflit. Il apparaît comme le leader arabe capable de tenir tête à l’occident, favorisant la cause du Tiers Monde. Malgré la défaite militaire, il devient un modèle pour tout le monde arabe et peut construire son barrage avec l’aide des soviétiques.

 

Israël a durablement affaibli le potentiel militaire de l’Egypte et en a profité pour s’emparer de la bande de Gaza et du désert du Sinaï tout en développant un partenariat économique et militaire avec la France qui lui permettra de moderniser son armée et à terme de créer avec l’aide de notre pays sa propre bombe atomique. Mais cela amplifie les tensions entre juifs et arabes, l’importante communauté juive égyptienne, pourtant présente depuis l’antiquité est désormais vue comme un groupe de traître à la solde d’Israël par le pouvoir égyptien et doit fuir précipitamment le pays.

 Caricature soviétique montrant le lion britannique et le coq français ridiculisés par le sphynx égyptien. 

L’équilibre des forces au sein du camp occidental est profondément bouleversé. Les Etats-Unis ont bien fait comprendre aux européens qu’ils sont désormais les seuls vrais patrons du bloc occidental. Les anglais, qui du temps de Churchill pouvaient paraître les co-leaders de l’Ouest vont désormais se ranger aux ordres de Washington. De son côté, la France commence à vouloir développer sa propre défense autonome, politique amplifiée lors de l’arrivée de de Gaulle au pouvoir en 1958.

 

Au passage la fragilité du commerce mondial apparaît aussi à ce moment là car 40 bateaux ayant été coulés dans le Canal il faudra un an pour que les égyptiens puissent rouvrir celui-ci. Le commerce pétrolier s’en trouve désorganisé et les prix du carburant flambent.

 

               Les navires coulés par les égyptiens pour bloquer le passage du canal

Cette crise marque donc à la fois l’émergence des pays issus de la décolonisation dans la politique internationale, l’essor de l’ONU qui apparaît enfin légitime pour régler les conflits mondiaux mais aussi l’affaiblissement de l’Europe face aux deux grands qui contrôlent désormais la diplomatie mondiale.

            L'ONU s'installe durablement dans la région pour essayer de garantir la paix.

Sources : Wikipedia/  European Navigator/  Service historique de la Défense/ Hérodote.net 



Un intéréssant documentaire détaillant l'ensemble de cette crise.

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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 12:59



Bon comme je n'ai pas de S cette année, j'ai assez peu travaillé sur la colonisation mais la décolonisation, elle vient d'être mise au propre dans les parcours thématiques ES/L et S. ca devrait vous aider un peu pour les révisions.

Et bien sûr n'oubliez pas les quizz sur ces deux sujets que vous retrouverez dans la rubrique correspondante.

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 11:01




Le blog Lire-Ecouter-Voir auquel je collabore avec mes complices Etienne Augris, Julien Blottière et Jean-Christophe Diedrich vient de muer pour migrer sur la plate-forme Mondomix consacré aux musiques du monde.

Bienvenue sur
Samarra :

"Pour connaître et comprendre le monde, partons en voyage dans le temps et dans l'espace. Rien de mieux pour cela que de découvrir des musiques, des livres, des BD, des films, de l'art.... Samarra est le nom d'une ville d'Irak. En arabe, son nom signifie "celui qui l'aperçoit est heureux".


Venez vous perdre dans les ruelles de Samarra, vous y trouverez plein de choses passionantes:  l'histoire du rap, du blues, de la chanson coloniale, l'histoire du Congo ou du Rwanda au travers de la musique ou de la BD...

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25 janvier 2009 7 25 /01 /janvier /2009 23:17

 

"Nous sommes unis par la haine du colonialisme, sous quelque forme qu’il apparaisse ; nous sommes unis par la haine du racisme et par la détermination commune de préserver et de stabiliser la paix dans le monde." 
Soukarno dans son discours d’ouverture de la conférence de Bandung

 


Du 18 au 24 avril 1955 se tient à Bandung en Indonésie la première conférence internationale réunissant les pays d’Asie et d’Afrique nouvellement issus de la décolonisation. 29 pays qui viennent pour la plupart d’accéder à l’indépendance et qui comptent bien désormais peser dans la politique internationale. Des pays que l’économiste Alfred Sauvy, dans un article du Nouvel Observateur de 1952 venait de désigner sous le terme de Tiers Monde, en référence au Tiers Etat qui avait provoqué la Révolution française.
"(…) car enfin, ce tiers monde ignoré, exploité, méprisé comme le tiers état, veut lui aussi, être quelque chose "

 

L’idée d’une grande conférence des mouvements d’indépendance est apparue pendant la seconde guerre mondiale, mais n’a pu véritablement se concrétiser qu’à partir du moment où des pays accédent à la liberté dans les années 50.


                                         Le Hall de conférence de Bandung 


5 pays asiatiques nouvellement indépendants vont être à l’origine de ce projet. En 1954, les dirigeants de l’Inde, de Ceylan (devenue Sri Lanka), de la Birmanie, de l'Indonésie et du Pakistan se réunissent à Colombo (Sri Lanka) puis Bogor (Indonésie) afin d’accélérer la fin de la guerre d’Indochine en encourageant l’indépendance de celle-ci. L’idée commence à germer d’essayer de faire une union des pays du tiers monde pour faire front commun face à la colonisation et pour s’entraider économiquement

 

 Le 18 avril 1955, comme le montre la carte, vingt-trois pays d’Asie et six d’Afrique (les seuls à être indépendants à ce moment là, si on excepte l’Afrique du sud et la Rhodésie entre les mains des anciens colons blancs.) se rencontrent dans la ville Indonésienne de Bandung (écrit aussi Bandoeng) et appellent solennellement à une décolonisation générale de l’Afrique et à la création d’un espace d’entraide entre le pays en voie de développement.

 


C’est l’occasion d’une grande conférence très médiatisée qui, pour la première fois, permet aux pays d’Asie et d’Afrique de s’affirmer dans le débat international.

Parmi ces invités quatre d’entre eux se détachent comme figures charismatiques qui mènent les débats. Ahmed Soukarno, leader indonésien et puissance invitante. Il est clairement pro-occidental mais, après avoir obtenu l’indépendance face aux néerlandais il soutient les mouvements qui luttent contre la tutelle coloniale. Gamal Abdel Nasser pour l’Egypte, qui symbolise le nationalisme arabe, Jawarharlal Nehru qui a succédé à Gandhi en Inde et qui veut mettre en avant la nécessité d’une union et d’une lutte par des moyens pacifique. Enfin Zhou Enlai, premier ministre chinois fort du prestige et de la puissance numérique de la Chine populaire.


                     Nasser, Soukarno et Nehru trinquant au succés de la conférence


Une charte en 10 point largement inspirée par Nehru est signée au bout d’une semaine de débats.

"En vérité, toutes les Nations devraient avoir le droit de choisir librement leurs propres systèmes politique et économique et leur propre mode de vie, conformément aux principes et aux buts des Nations Unies.

Libérées de la méfiance, de la crainte, faisant preuve de bonne volonté mutuelle, les Nations devraient pratiquer la tolérance, vivre en paix dans un esprit de bon voisinage et développer une coopération amicale sur la base des principes suivants :

 

1) Respect des droits humains fondamentaux en conformité avec les buts et les principes de la Charte des Nations Unies ;

2) Respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de toutes les Nations ;

3) Reconnaissance de l'égalité de toutes les races et de l'égalité de toutes les Nations, petites et grandes ;

4) Non-intervention et non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays ;

5) Respect du droit de chaque Nation de se défendre individuellement ou collectivement conformément à la Charte des Nations Unies ;

6) Refus de recourir à des arrangements de défense collective destinés à servir les intérêts particuliers des grandes puissances quelles qu'elles soient ; refus par une puissance quelle qu'elle soit d'exercer une pression sur d'autres ;

7) Abstention d'actes ou de menaces d'agression ou de l'emploi de la force contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique d'un pays ;

8) Règlement de tous les conflits internationaux par des moyens pacifiques, tels que négociation ou conciliation, arbitrage ou règlement devant les tribunaux, conformément à la Charte des Nations Unies ;

9) Encouragement des intérêts mutuels et coopération ;

10) Respect de la justice et des obligations internationales. (...)"

(source Cliotexte : pour avoir le texte intégral


                                                                Zhu En Lai, Soukarno et Nasser


S’il fallait les résumer : c’est un pacte de non-agression entre les participants, en respectant les souverainetés de chacun. Au contraire on promeut le soutien et l’entraide notamment devant les Nations Unis qui peuvent permettre la garantie des droits de chacun.  Il est aussi décidé de se rencontrer régulièrement pour pouvoir poursuivre cet élan initié à Bandung.
 

Par contre, dès qu’il s’agit de trouver un accord sur une position commune entre l’URSS et les Etats-Unis, les choses sont plus difficiles : les pays communistes (Chine, Vietnam du Nord), les pro-occidentaux (Indonésie, Pakistan, Turquie) et ceux qu’on peut appeler les neutres (Inde, Égypte) qui ne veulent pas s’engager clairement dans un camp ou l’autre. Si elle n’apparaît pas encore clairement dans Bandung l’idée d’une troisième voie indépendante entre les deux blocs rivaux de la guerre froide fait son chemin.


C’est l’année suivante que le concept de non-alignement est évoqué dans la conférence de Brioni, en 56 entre Nasser, Nehru et le président Yougoslave Tito. Il faudra attendre la conférence de Belgrade en 1961 pour que le terme apparaisse officiellement et que soit ce mouvement qui entend se placer comme une alternative entre les deux blocs puisse réellement prendre forme.


Mais miné par les mésententes internes entre ses dirigeants et par la difficulté de résister aux sirènes notamment financières des deux grands, ce mouvement des non alignés fera vite long feu. Les dissensions vont rapidement prendre le dessus sur les belles théories. Si des réunions des non alignés continuent jusqu’à nos jours, la solidarité du tiers monde reste bien plus théorique que réelle.

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24 janvier 2009 6 24 /01 /janvier /2009 12:17

Le Club CNRS du Dauphiné-Vizille vous présente son prochain café scientifique :
 « Les jeux en réseau »

 

Mardi 27 janvier 20h30  Lycée « Portes de l’Oisans »

Les jeux en réseau  passionnent le jeune public depuis plusieurs années. Qu’y a-t-il derrière cet engouement ?

 

-Comment communiquent les joueurs entre eux ?

-Y a-t-il une dépendance particulière à ces jeux ?

-Développent-ils un esprit communautaire ?

-Ont-ils une influence sur le système nerveux ?





Venez en discuter, après une démonstration Internet sur grand écran, avec :



-de jeunes lycéens joueurs
-Francesca Comandini  psychologue au CMP adolescent
-Charles de Rousiers : chercheur à l’INRIA
-Didier Pattein : responsable de Cybercafé
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20 janvier 2009 2 20 /01 /janvier /2009 15:55

A Washington, devant le Capitole, dans le froid hiver du Nord-Est des Etats-Unis, Barack Obama vient de prêter serment de fidélité à la constitution pour devenir officiellement le 44ème président américain (et premier noir à ce poste).

 


Une cérémonie très codifiée dans un pays où le système electoral suit un précis et quasi religieux. Barack Obama a ainsi choisi de préter serment sur la Bible d'Abraham Licoln, le président qui supprima l'esclavage et qui symbolise la droiture et l'honnêteté pour les américains. Contrairement à ce que l'on pense souvent, cet aspect religieux n'est d'ailleurs pas une obligation, juste une habitude dans un pays très croyant. Théodore Roosevelt en 1904 n'utilisa pas la Bible et ne cita pas Dieu dans son serment pour bien marquer la séparation de l'Eglise et de l'Etat.

La date de l"'Inauguration Day" est fixée au 20 janvier. Heureux hasard, cette cérémonie d'investiture tombe le lendemain du "Martin Luther King Day", jour férié le 3ème lundi de janvier, pour commémorer la lutte des noirs pour l'égalité. La symbolique entre ces deux événements n'a bien entendu échappé à personne aux Etats-Unis.

La cérémonie suit un protocole rigoureux.  Le Vice Président, prête serment le premier devant le président de la Cour Suprême :

« I do solemnly swear that I will support and defend the Constitution of the United States against all enemies, foreign and domestic, that I will bear true faith and allegiance to the same: that I take this obligation freely, without any mental reservation or purpose of evasion, and I will well and faithfully discharge the duties of the office on which I am about to enter. So help me God. »

« Je jure solennellement  que je soutiendrai et défendrai la Constitution des États-Unis contre tous ennemis, externes ou intérieurs, que je montrerai loyauté et allégeance à celle-ci, que je prends cette obligation librement, sans aucune réserve intellectuelle ni esprit de m'en distraire et je vais bien et loyalement m'acquitter des devoirs de la charge que je m'apprête à prendre. Que Dieu me vienne en aide. »

Puis le président prête ensuite serment à son tour :

« I do solemnly swear that I will faithfully execute the office of President of the United States, and will to the best of my ability, preserve, protect, and defend the Constitution of the United States. »

« Je jure solennellement que j'exécuterai loyalement la charge de président des États-Unis et que du mieux de mes capacités, je préserverai, protégerai et défendrai la Constitution des États-Unis. »


2 millions de personnes sont sur place, du jamais-vu dans l’histoire du pays. Des centaines de milliers de fans venus du monde entier ont déjà envahi la capitale, pour assister au concert géant de dimanche soir et mis près de 20 000 membres des forces de l’ordre en alerte. Le tout pour un coût estimé de 50 millions de dollars

L'Amérique et le monde en ces temps de crise sentent bien que cette prise de pouvoir est un changement très attendu après les 8 années de présidence Bush qui ont laissé le pays affaibli et décredibilisé sur le plan international. Le discours sans être révolutionnaire se veut rassurant et rassembleur. Il reprend des formules de King, Lincoln et Franklin Roosevelt, le président qui liquida la crise de 29. Une analyse plus en profondeur de ce discours sur le site du Nouvel Observateur.



La signature de Barack Obama

Mr Augris sur son blog
revient sur cette journée de prestation de serment et fait le parallèle avec celle de John Kennedy quarante ans plus tôt.

Le Parisien présente un dossier qui reprend tous les grands moments de cette cérémonie

Et si vous passez en Californie, allez faire tour à Legoland qui propose la cérémonie d'investiture en Lego...


La prestation de serment suivi du discours inaugural traduit par la chaîne PublicSenat
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