Une question qui tient presque plus des SES que de l’histoire géographie mais qui permet bien de voir les disparités au sein de la société française dans le cadre du chapitre correspondant. Nous n’avons encore que les chiffres de L’INSEE en 2008 pour nous renseigner sur les évolutions actuelles de la France, mais ils sont assez parlants.
Tout d’abord, prenons le salaire moyen français. C'est la moyenne de l'ensemble des salaires de la population active. Selon l’Insee, il était de 1 997 euros net ( c'est à dire après avoir retiré les cotisations sociales) par mois en 2008. 2140 euros si on ne compte que le secteur privé. C’est un chiffre en légère augmentation (enfin, surtout dans le privé), les salaires ayant augmenté en moyenne de 3,9% ses 5 dernières années.
Pour affiner, il peut être intéressant de comparer avec le salaire médian c'est-à-dire la limite à partir de laquelle la moitié des salariés de la population gagne moins et l'autre moitié gagne plus. Selon l’Insee, le salaire médian était de 1 594 euros net par mois en 2008. Ce qui semble indiquer que les hauts revenus creusent l'écart dans les salaires.
Si on regarde plus en détail les chiffres de l'INSEE, on s'apperçoit qu'il y a toujours un écart d’environ 400 euros entre la moyenne des rémunérations des hommes et celle des femmes au détriment de ses dernières. Régionalement, si l’agglomération parisienne concentre toujours le plus fort contingent de salaires élevés en France, on peut constater un déséquilibre régional marqué avec l'Alsace, Rhône Alpes et les régions de l'Ouest où les revenus sont plus élevés et le Nord-Est, le Sud méditerranéen et les DOM TOM plus pauvres.
Aux extrêmes, évidemment on a des écarts impressionnants. Les 0,1% de salariés les mieux rémunérés, soit 13.000 personnes, atteignent 297.000€ par an. Ceci sans compter les nombreux avantages en nature qui accompagnent généralement les postes à hauts revenus : résidences et voitures de fonction (voir avion de fonction), dépenses de nourriture et d’habillement prises en charge etc…
Pour assurer une redistribution équitables des salaires, une imposition sur le revenu a été mise en place. Pour les plus grosses fortunes de France l'impôt de solidarité sur la fortune est un impôt progressif payé par les personnes détenant un patrimoine net supérieur à 790 000 euros (seuil au 1er janvier 2009). En 2008, plus de 565 000 contribuables français ont réglé l'ISF, pour des recettes s'établissant à 3,81 milliards d'euros. Le Bouclier fiscal mis en place il y a deux ans limite toutefois le taux d’imposition à 50 % des revenus au maximum. Celui-ci a été institué pour éviter les trop nombreuses évasions d'argent vers des paradis fiscaux à la législation sur les impôts plus accomodante. De plus il existe de très nombreuses façons de jouer sur les lois fiscales pour obtenir des rabais sur ses impôts en achetant, par exemple, des œuvres d’arts ou des biens immobiliers dans certains DOM TOM, ce qui vous permet d’obtenir des exemptions fiscales.
De l’autre côté de l’échiquier, on peut s'interesser aux personnes touchant le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) qui est le salaire horaire minimum légal en France. Fin 2008, il s'élevait à 1 321,02 euros brut par mois, soit 8,71 euros brut de l'heure. Près de 3,4 millions de salariés perçoivent le SMIC dont 620 000 dans le secteur public. Mais évidemment pour toucher un SMIC, il faut déjà avoir un emploi et que celui-ci soit à plein temps, ce qui explique que beaucoup de personnes en France atteignent le seuil de pauvreté. En France c’est le montant de revenus en dessous duquel un individu est considéré comme pauvre. Il est fixé par l'Insee en 2008 à la moitié du revenu mensuel médian (soit 733 euros même si d’autres indices existent qui peuvent placer cette barre en gros entre 650 et 900 euros). Environ 7,9 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté dans l'Hexagone, ce qui correspond à 13,2 % de la population.
Les évolutions récentes semblent indiquer que si le nombre global de pauvres tend à se réduire doucement ses dernières années, les situations d’exclusion sociale brutales semblent devenir de plus en plus importantes avec l'augmentation du nombre de sans-abri.
Ce qui préoccupe particulièrement les économistes en France ce sont les travailleurs pauvres, la part de gens possédant un travail mais restant malgré tout en dessous du seuil de pauvreté, notamment à cause de la flambée des loyers. C’est la raison pour laquelle a été crée dernièrement le Revenu minimum de Solidarité Active entré en vigueur le 1er juin 2009. Le RSA vise plus de 3 millions de ménages et est attribué aux personnes de plus de 25 ans, sans emploi ou dont les rémunérations sont limitées. Il n'est pas fixe, son montant variant en fonction de la situation familiale et aussi en fonction des ressources perçues.
Dans le temps, l'évolution des salaires depuis 60 ans permet de constater que le pouvoir d'achat, c'est à dire ce que l'on, peut acheter avec son salaire a considérablement augmenté pendant les 30 glorieuses puis qu'il s'est tassé après les années 70. Le pouvoir d'achat progressant toujours mais de moins en moins vite. L'écart de consommation entre salaires minimums et salaires moyens se comblant lui aussi au passage grace aux revalorisations successives du SMIG puis du SMIC.
Si à l’échelle mondiale nous sommes bien sûr mieux lotis que la plupart des pays du Sud, les salariés français contrairement à une idée reçue tenace sont loin d’être les mieux payés : avec une moyenne de 22 653 € net par an, un ouvrier belge gagne presque 8 000 € de plus qu'un français (14 903 € net annuel) ! En deuxième et troisième position, on retrouve les Allemands (20 119 €) et les Américains (19 821 €). C’est valable pratiquement pour tous les niveaux de revenus du manœuvre au directeur. En fait le taux de prélèvement salarial est beaucoup plus élevé en France, ce que touche au final le salaire se retrouve amputé par de nombreuses retenues à la sources. En contrepartie depuis la Libération, les gouvernements français ont fait le choix de fortes protections sociales pour amortir les différences au sein de la société. Ce qui a eu pour conséquence de mettre en avant des services publiques collectifs de qualité et d'avoir des inégalités moins marquées. Le débat pour savoir si ces protections sociales sont des freins à la prospérité ou le moyen d'amortir les crises économiques successives continue d'agiter la classe politique... Mais là on quitte définitivement la géo pour la SES...