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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 23:34

Une question qui tient presque plus des SES que de l’histoire géographie mais qui permet bien de voir les disparités au sein de la société française dans le cadre du chapitre correspondant. Nous n’avons encore que les chiffres de L’INSEE en 2008 pour nous renseigner sur les évolutions actuelles de la France, mais ils sont assez parlants.

 

Tout d’abord, prenons le salaire moyen français. C'est la moyenne de l'ensemble des salaires de la population active. Selon l’Insee, il était de 1 997 euros net ( c'est à dire après avoir retiré les cotisations sociales) par mois en 2008. 2140 euros si on ne compte que le secteur privé. C’est un chiffre en légère augmentation (enfin, surtout dans le privé), les salaires ayant augmenté en moyenne de 3,9% ses 5 dernières années.

 

Pour affiner, il peut être intéressant de comparer avec le salaire médian c'est-à-dire la limite à partir de laquelle la moitié des salariés de la population gagne moins et l'autre moitié gagne plus. Selon l’Insee, le salaire médian était de 1 594 euros net par mois en 2008. Ce qui semble indiquer que les hauts revenus creusent l'écart dans les salaires.

 

Si on regarde plus en détail les chiffres de l'INSEE, on s'apperçoit qu'il y a toujours un écart d’environ 400 euros entre la moyenne des rémunérations des hommes et celle des femmes au détriment de ses dernières. Régionalement, si l’agglomération parisienne concentre toujours le plus fort contingent de salaires élevés en France, on peut constater un déséquilibre régional marqué avec  l'Alsace, Rhône Alpes et les régions de l'Ouest où les revenus sont plus élevés et le Nord-Est, le Sud méditerranéen et les DOM TOM plus pauvres.

Aux extrêmes, évidemment on a des écarts impressionnants. Les
0,1% de salariés les mieux rémunérés, soit 13.000 personnes, atteignent 297.000€ par an.  Ceci sans compter les nombreux avantages en nature qui accompagnent généralement les postes à hauts revenus : résidences et voitures de fonction (voir avion de fonction), dépenses de nourriture et d’habillement prises en charge etc…

Pour assurer une redistribution équitables des salaires, une imposition sur le revenu a été mise en place. Pour les plus grosses fortunes de France l'impôt de solidarité sur la fortune est un impôt progressif payé par les personnes détenant un patrimoine net supérieur à 790 000 euros (seuil au 1er janvier 2009). En 2008, plus de 565 000 contribuables français ont réglé l'ISF, pour des recettes s'établissant à 3,81 milliards d'euros. Le Bouclier fiscal mis en place il y a deux ans limite toutefois le taux d’imposition à 50 % des revenus au maximum. Celui-ci a été institué pour éviter les trop nombreuses évasions d'argent vers des paradis fiscaux à la législation sur les impôts plus accomodante. De plus il existe de très nombreuses façons de jouer sur les lois fiscales pour obtenir des rabais sur ses impôts en achetant, par exemple, des œuvres d’arts ou des biens immobiliers dans certains DOM TOM, ce qui vous permet d’obtenir des exemptions fiscales.


De l’autre côté de l’échiquier, on peut s'interesser aux personnes touchant le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) qui est le salaire horaire minimum légal en France. Fin 2008, il s'élevait à 1 321,02 euros brut par mois, soit 8,71 euros brut de l'heure. Près de 3,4 millions de salariés perçoivent le SMIC dont 620 000 dans le secteur public. Mais évidemment pour toucher un SMIC, il faut déjà avoir un emploi et que celui-ci soit à plein temps, ce qui explique   que beaucoup de personnes en France  atteignent le seuil de pauvreté. En France c’est le montant de revenus en dessous duquel un individu est considéré comme pauvre. Il est fixé par l'Insee en 2008 à la moitié du revenu mensuel médian (soit 733 euros même si d’autres indices existent qui peuvent placer cette barre en gros entre 650 et 900 euros).  Environ 7,9 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté dans l'Hexagone, ce qui correspond à 13,2 % de la population.

Les évolutions récentes semblent indiquer que si le nombre global de pauvres tend à se réduire doucement ses dernières années, les situations d’exclusion sociale brutales semblent devenir de plus en plus importantes avec l'augmentation du nombre de sans-abri.

Ce qui préoccupe particulièrement les économistes en France ce sont les travailleurs pauvres,  la part de gens possédant un travail mais restant malgré tout en dessous du seuil de pauvreté, notamment à cause de la flambée des loyers. C’est la raison pour laquelle a été crée dernièrement le Revenu minimum de Solidarité Active entré en vigueur le 1er juin 2009. Le RSA vise plus de 3 millions de ménages et est attribué aux personnes de plus de 25 ans, sans emploi ou dont les rémunérations sont limitées. Il n'est pas fixe, son montant variant en fonction de la situation familiale et aussi en fonction des ressources perçues.

 


Dans le temps, l'évolution des salaires depuis 60 ans permet de constater que le pouvoir d'achat, c'est à dire ce que l'on, peut acheter avec son salaire a considérablement augmenté pendant les 30 glorieuses puis qu'il s'est tassé après les années 70. Le pouvoir d'achat progressant toujours mais de moins en moins vite. L'écart de consommation entre salaires minimums et salaires moyens se comblant lui aussi au passage grace aux revalorisations successives du SMIG puis du SMIC.


Si à l’échelle mondiale nous sommes bien sûr mieux lotis que la plupart des pays du Sud, les salariés français contrairement à une idée reçue tenace sont loin d’être les mieux payés : avec une moyenne de 22 653 € net par an, un ouvrier belge gagne presque 8 000 € de plus qu'un français (14 903 € net annuel) ! En deuxième et troisième position, on retrouve les Allemands (20 119 €) et les Américains (19 821 €). C’est valable pratiquement pour tous les niveaux de revenus du manœuvre au directeur. En fait le taux de prélèvement salarial est beaucoup plus élevé en France, ce que touche au final le salaire se retrouve amputé par de nombreuses retenues à la sources. En contrepartie depuis la Libération, les gouvernements français ont fait le choix de fortes protections sociales pour amortir les différences au sein de la société. Ce qui a eu pour conséquence de mettre en avant des services publiques collectifs de qualité et d'avoir des inégalités moins marquées. Le débat pour savoir si ces protections sociales sont des freins à la prospérité ou le moyen d'amortir les crises économiques successives continue d'agiter la classe politique... Mais là on quitte définitivement la géo pour la SES...

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7 juin 2009 7 07 /06 /juin /2009 22:36

Quelques ressources sur le net pour travailler plus avant l'espace Méditerranéen que nous sommes en train de voir dans cette dernière semaine de cours.

Sur l'histgéobox, Julien Blottière s'interesse dans un superbe article au problème de l'immigration clandestine qui explose littérallement en Méditérranée au travers de la chanson La Patera de Dick Annegarn.

On pourra compléter avec cette très intéressante carte interactive sur les migrations en Méditerranée de la Curiosphère


Le petit curieux de Mr Raingeard revient entre autre sur l'Union pour la Méditerranée, projet de partenariat privilégié entre l'Union Européenne et les rives Sud et Est Méditerranée, initié par Nicolas Sarkozy, qui vise à combler les inégalités et les méfiances sur les rives  de cette mer

 


Union (de/pour) la méditerranée Le Dessous des Cartes

Le géographe Jacques Muniga a réalisé une animation cartographique sur la Méditérranée très intéressante pour cartographier cet espace. Seul bémol, son site est rempli de pop up publicitaires envahissants.

Eric Ruault nous offre lui un montage fort bien fait de documents variés (cartes, données statistiques) qui permettent d'aborder de façon logique les différents aspects de l'espace méditerannéen.

Enfin pour se souvenir que la Méditerranée a été dans l'histoire un lieu d'échange fructueux, l'exposition en ligne de
la Bibliothéque Nationale de France sur le géographe arabe Al Idrisi qui cartographia les rives de la Méditérrannée au XIIème siècle. (Ca devrait rappeler la seconde à certains)

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7 juin 2009 7 07 /06 /juin /2009 22:23

Après Pondichery, voici que tombent les sujets anticipés du bac pour les lycées français d'Amérique du Nord.

Les voici pour les
L-ES et pour les S

La géographie est à l'honneur avec des sujets plutôt classiques en épreuve longue même si les documents des extraits documentaires ne sont pas toujours très nets. (le document 5 de l'ensemble documentaire sur l'espace rhénan est illisible !). Les documents d'histoire sont originaux mais pas fonciérement difficiles

Pour retrouver l'ensemble des sujets pour toutes les matières, je vous renvoie au site fort bien fait du
lycée français Rochambeau de Washington.

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6 juin 2009 6 06 /06 /juin /2009 00:00

Comme promis à mes élèves voici la présentation d'un croquis autour du thème de la Méditérranée. Une carte un peu complexe, réalisée l'année dernière et un peu retouchée (Ce qui explique après coup pourquoi le Kosovo n'est pas encore sur la carte, mais pas d'un autre côté ce n'est pas un pays méditerranéen).

Là encore j'ai fait des choix cartographiques notamment en privilégiant l'aspect échanges et contacts, mettant en avant la diversité des situations des Sud et laissant un peu tomber les sempiternels clivages culturels ou religieux (même s'ils peuvent toujours s'averer intéréssants )qui cadrent moins à l'idée d'interface propre à ce chapitre.  A cause du nombre important d'échanges dans cette zone, la carte devient vite chargée, il est donc important de la visionner en grand, de ne noter les noms qu'au crayon à papier au départ et de bien veiller à l'esthétique de l'ensemble.

Pour télécharger le fond de carte

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2 juin 2009 2 02 /06 /juin /2009 07:14
Le Danemark  a décidé d'expérimenter  la possibilité pour les lycéens qui passent l'équivalent du bac d'utiliser internet pendant l'épreuve. Ce projet qui n'est encore qu'expérimental devrait aboutir à une généralisation en 2011.

Si le projet peut étonner au premier abord, il faut bien voir qu'il s'inscrit dans un mouvement général qui vise à moins évaluer les connaissances théoriques que les savoirs-faire. Après l'introduction des calculatrices graphiques en maths et en physique, des tableaux comptables en gestion comptabilité et des chronologies dans les compositions d'Histoire cela semble une évolution cohérente.

Reste à empecher la triche avec cette méthode et là je suis beaucoup plus dubitatif malgré les bonnes paroles des promoteurs du projet
Depuis quelque temps l'usage de l'informatique et des nouveaux réseaux sociaux (facebook, twitter) est devenu un des savoirs-faire indispensables au citoyen du XXIème siècle. L'Angleterre vient de le mettre à égalité avec les maths et la littérature

Bon, si le principe peut-être interessant, il est pour l'instant inenvisageable en France. En tout cas pas à Vizille avec notre réseau HARP qui plante une fois sur deux et des ordinateurs antédiluviens qui tournent encore pour certains sous Windows 95. De plus la fracture numérique reste importante chez les élèves, l'absence quasi totale de formation chez les professeurs et la nature même des épreuves du bac ( vu le nombre de cartes ou de compositions toutes faites qui trainent sur le net, y compris ici) ne permettent pas d'essayer chez nous pour l'instant.

Toutefois, si on peux passer son bac chez soi et ainsi économiser sur les frais d'organisation de l'examen, cela peut interesser nos responsables à la recherche constante d'économies budgétaires.



 

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31 mai 2009 7 31 /05 /mai /2009 02:35

Ca faisait longtemps que je n'avais pas remis un croquis de géographie en ligne. Voici une carte de synthèse sur les dynamismes de l'Asie Orientale qui reprend et illustre celle que nous avons réalisé il y a quelques temps en classe.

Vous pouvez récupérer le fond de carte ici.

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29 mai 2009 5 29 /05 /mai /2009 16:31


Alors que je vous ai demandé en cours de travailler sur la place de la France dans le monde, notre président vient d'inaugurer une toute nouvelle base militaire permanente. Non pas en Afrique, notre pré-carré habituel où nous sommes restés très présents après la décolonisation mais sur ce qui apparait comme l'un des grands espaces de tension de ce début de XXème siècle :  le Golfe Persique, plus précisement à Abu Dhabi aux Emirats Arabes Unis avec lesquels la France posséde des accords de coopération militaires depuis la première guerre du Golfe.

C'est la première base installée par la France hors de ses frontières depuis cinquante ans.  "La France montre ainsi qu'elle est prête à prendre toutes ses responsabilités pour garantir la stabilité dans cette région essentielle pour l'équilibre du monde." a pour l'occasion déclaré le Président

Des installations flambant neuves pouvant accueillir porte avions et sous-marins, 500 soldats, des avions rafales, et dit-on 
le "Dupuy de Lôme" un navire espion bourré d'électronique, fierté du Renseignement Militaire  pour surveiller les communications dans la région. Une base située à moins de 200 km de l'Iran et permettant d'après ses promoteurs d'assurer la protection des intêrets français dans la région (notamment pétroliers), de soutenir eventuellement nos troupes en Afghanistan, de faciliter nos OPEX (opérations exterieures en jargon militaire) dans la région et enfin de lutter contre la piraterie endémique dans l'Océan Indien.

Voilà qui marque la volonté de la présidence Sarkozy d'affirmer la présence militaire de la France dans une région du monde où elle était peu présente en dehors de la base de Djibouti sur la côte orientale de l'Afrique. Au passage ce serait le moyen de vendre des avions Rafales  et des technologies militaires aux pétromonarchies du Golfe, gros clients potentiels qui font rever nos sociétés d'armement en ces temps de crise. Mais sur place la concurrence est rude, notamment avec les américains, pour obtenir des contrats d'armement qui se chiffrent en millions d'euros.

Les détracteurs de cette installation lui reprochent son coût, se demandant si la France a encore les moyens de vouloir jouer les grandes puissances militaires à l'autre bout du monde. D'autres reprochent à la diplomatie française de s'aligner un peu trop sur la vision internationale américaine, après le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN. La construction de cette base semblant surtout dirigée contre l'Iran, pays qui cherche à se doter de l'arme nucléaire et qui apparait comme la grande menace contre la stabilité de la région. Ce qui au passage nous placerait en première ligne en cas de conflit ouvert entre l'Iran et ses voisins ou avec Israël qui menace toujours de bombarder les sites de recherches nucléaires de la République Islamique.

L'émir d'Abou Dhabi et Président de la fédération des Emirats Arabes Unis (EAU), Cheikh Khalifa bin Zayed al-Nahayan accueille le Président Nicolas Sarkozy.

Dans le même temps, le partenariat de la France avec Abu Dhabi ne se limite pas à la défense car le Président a aussi donné le coup d'envoi au projet de construction d'un grand musée nommé le Louvre sur le modèle du notre à Abu Dhabi (tout comme existe une université francophone  appelée la Sorbonne ). Des projets qui ont soulevé des interrogations car pouvait-on légitimement utiliser les noms de nos grands lieux de savoir comme des marques déposées pour les vendre à qui veut bâtir un musée ? En tout cas cela prouve que le rayonnement de notre culture historique "classique" reste fort aux yeux du monde.

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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 10:40

La Corée du Nord vient de procéder ce lundi 25 mai à un essai nucléaire souterrain, le deuxième depuis 2006, (même si la réalité du caractére atomique de l'explosion nucléaire de 2006 reste toujours sujet à caution.). Quelques heures plus tard, elle en a profité pour lancer un missile expérimental au dessus de la mer du Japon.

Kim Jong Il, leader de la Corée du Nord et son état-major (photo: Associated Press/le Figaro)


"L'essai va contribuer à garantir notre souveraineté, le socialisme, la paix et la sécurité sur la péninsule coréenne et dans la région", affirme l'agence du Nord KCNA dans le plus pur style propagande d'état. Une manière de rappeler à ses voisins Coréens du Sud et Japonais et par delà au monde que cette dictature stalinienne absurde, vestige de la guerre froide où la famille Kim tient le pouvoir d'une main de fer est une puissance avec laquelle il faut compter.

L'ensemble de la communauté internationale a condamné cette démonstration de force et le conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir pour décider de la réaction à avoir face à cette violation de tous les traités de non-prolifération nucléaire. Pyongyang ayant quitté le 14 avril la table des négociations avec l'ONU sur l'arret de son programme nucléaire en l'échange d'une aide internationale. Américains, Russe et Européens ont condamné cette démonstration de force. Même la Chine habituellement favorable à la Corée du nord semble géné par cette opération.

 La Corée du Sud a réunit une cellule de crise, tout comme le Japon a lui annoncé qu'il considerait le tir de missile comme une menace directe contre son territoire et envisage d'intervenir militairement si besoin.

Cette tactique de la démonstration de force est un moyen pour un régime militarisé à outrance, paranoïaque et à bout de souffle, de faire chanter la communauté internationale. Le pays, totalement refermé sur lui même est ruiné, derrière la façade du "paradis socialiste" que vante la propagande, le pays souffre de la famine et les Nord Coréens en sont réduits à fuir en Chine pour trouver de meilleures conditions de vie. Il a su négocier la tranquilité du régime et des aides internationales contre la non utilisation de son impressionant arsenal.

Simple péripétie dans une partie de poker entre ce petit état militariste et les instances internationales ou réelle volonté belliqueuse ? En tout cas la guerre froide n'est pas tout à fait morte en Asie Orientale...


Pour comprendre cette situation très particulière, un très bon reportage en 2 parties sur la Corée du Nord diffusé sur la 5ème qui revient sur ce régime étonnant et sur ce parti de bras de fer nucléaire.

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23 mai 2009 6 23 /05 /mai /2009 00:00


2 nouveaux chapitres de géographie ont rejoint les pages progression sur le côté du blog (pour les S, seule l'Asie Orientale est à leur programme, les Sud étant inclus dans la mondialisation). Pour mémoire, ces pages ressources listent les articles du blog par grands thèmes du programme selon un plan logique et détaillé.
En ces temps de dernier sprint pour boucler les programmes avant l'examen, voilà qui devrait vous être utile...

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21 mai 2009 4 21 /05 /mai /2009 00:00

Le retour au pouvoir du général de Gaulle en mai 1958 se fait dans des conditions très particulières. Avec, à Alger, le coup de force des généraux et des ultras de l'Algérie française,  tout le monde craint un coup d'état militaire sur la capitale. Lorsque le général de Gaulle annonce qu'il se tient prêt à prendre les rênes du pouvoir en ces temps de crise, le héros de la libération semble être le recours idéal pour calmer l'armée en colère. Le président de la République, René Coty, fait donc appel au  "plus illustre des Français" pour resoudre le problème, mais de Gaulle pose ses conditions : il veut modifier la constitution.

Désigné Président du Conseil de la IVème République le 1er juin par Coty,   de Gaulle va aussi être le dernier à cette fonction et enterrer ce régime trop parlementaire et innefficace à son goût.  En effet, il charge un de ses fidèles, le juriste Michel Debré, d’élaborer  une nouvelle constitution qui donnerait la primauté à l'éxecutif comme le général l'avait édicté dans son  discours de Bayeux de 1946. C'est la Vème république du 4 octobre 1958, qui va être ratifiée le 28 septembre par les Français en referendum. Un succés massif avec un oui à 79 %.


Cette constitution va devenir notre système politique. Relativement souple mais parfois peu claire sur certains points, elle va être l'objet de nombreuses interprétations par les Présidents successifs et sera régulièrement retouchée  avec le temps et connaîtra donc de nombreuses révisions ( 16 depuis 1958) dont la dernière en date a eu lieu en 2008 et à (entre autre) limité le mandat présidentiel à 2 fois.

Cette constitution nouvelle met en place en France un régime semi-présidentiel : la puissance de l'Assemblée Nationale reste importante mais est contrôlée. Elle ne siège plus de façon permanente, ne décide plus de son ordre du jour et surtout doit partager l'initiative des lois avec le gouvernement. Sa capacité de motion de censure est considérablement compliquée pour limiter les mises en cause du gouvernement. Elle doit se faire à la majorité absolue des députés soit un minimum de 288 voix exprimées, ce qui n'est pas si évident que cela à établir compte tenu de l'absentéisme important des députés qui se relayent à la chambre (alors que dans la quatrième il suffisait de la majorité des présents, soit parfois moins d'une vingtaine de députés).

Néanmoins l'Assemblée demeure puissante et peut bloquer toutes les décisions du gouvernement. C'est ce qui explique que lorsqu'un président se retrouve face à des députés de l'opposition très majoritaires à la Chambre, il soit parfois obligé de prendre un Premier Ministre qui ne soit pas de son camp politique. C'est ce qu'on appelle la cohabitation qui n'était initialement pas prévue par la constitution. (photo : Michel Debré présente la nouvelle constitution à la presse)

Elle doit aussi compter avec une deuxième assemblée : le Sénat, héritier du Conseil de la République, qui bien que toujours élue de façon indirecte n'est plus consultative mais a cette fois-ci un vrai droit de décision sur l'élaboration de la loi.

Mais c'est surtout le Chef de l'Etat qui se voit doté de pouvoirs et de prérogatives étendues. D'abord élu par un collége de 70 000 grands electeurs (maires/conseillers généraux/députés/sénateurs), le Président est à partir de 1962, élu directement par le peuple. Un ajout fondamental, qui se fait par réferendum à la grande fureur des députés non gaullistes qui voient là une menace potentielle de pouvoir personnel quasi dictatorial, en effet, cette légitimité du peuple souverain ( ce qu'on surnomme "l'onction du suffrage universel" en référence à l'huile sainte qui lors du sacre des rois à la cathédrale de Reims conférait au monarque le pouvoir absolu issu de Dieu) donne au Président la garantie de son pouvoir qui ne peut-être remis en cause que par les urnes.

Il est élu  pour un septennat (7 ans) puis, depuis 2001, un quinquénnat (5 ans) desormais renouvelable une seule fois (2008)
Affiche pour le référendum de 1962


Il est toujours le chef des armées (art 15), garant de la paix, de la guerre et de l'usage de l'arme atomique à partir de 1960.

Il nomme le premier ministre, et sur proposition de celui-ci, les ministres. Il peut quand il le désire mettre de même  fin à leurs fonctions sur proposition du Premier Ministre (ce qu'on appelle un remaniement ministériel). Ceux-ci se réunissent à l'Elysée pour le conseil des ministres (art 9) généralement le mercredi matin. Le rôle du Premier Ministre (et non plus Président du Conseil comme avant car il ne peut y avoir dans l'optique de de Gaulle qu'un seul président) est donc clairement de mettre en application la politique du Président.

le Président nomme ambassadeurs, préfets, chefs d'états majors (art 13-14 -15) et une kyrielle d'emplois publics dans des secteurs allant de la culture (patron de France Télévision depuis peu) aux grandes entreprises publiques.

Face au parlement il a de nombreux pouvoirs qui passent généralement par l'intermédiaire du Premier Ministre. Il peut dissoudre l'Assemblée Nationale (art 12).  Il peut avoir recours au référendum c'est à dire poser directement une question par oui ou non aux Français, (art. 11). Le Premier Ministre, lui, peut passer en force une loi grace à l'article 49.3 qui autorise celui-ci à faire adopter une loi sans vote, les députés devant faire alors une motion de censure contre le gouvernement (à n'utiliser que lorsque vous êtes sûr d'avoir une majorité solide à la Chambre).

En justice, il posséde un droit de grâce (il dispense un prisonnier de sa peine) et d'amnistie (il supprime la condamnation) (art.17). Cette grâce était capitale (c'était le cas de le dire) jusqu'en 1981 puisque la peine de mort par guillotine existait et que le président était le dernier recours du condamné. De même, traditionnellement, des grâces collectives étaient prononcées lors de l'élection du président et au 14 juillet pour commémorer la destruction de la prison de la Bastille. Une habitude supprimée par le Président Sarkozy dans la réforme de 2008. De plus le président dispose d'une immunité judiciaire pendant son mandat et est déclaré irresponsable pendant celui-ci, c'est à dire qu'on ne peut pas le traîner devant les tribunaux après son mandat pour ses actions effectuées pendant qu'il était Président.


De plus en cas de crise grave, le président peut prendre provisoirement les pleins pouvoirs (art 16). Le problème étant que ce terme crise grave n'a jamais été clairement défini. Procédure excdeptionnelle ela ne sera utilisé qu'une seule fois en 1961 lorsque le général de Gaulle devra faire face à une rebellion de son état-major en Algérie, le "putsch des généraux".

                                          Les 6 présidents de la Vème

Même si ce n'est pas écrit dans la constitution, l'usage veut que la défense et les affaires étrangères soient du ressort du président. C'est son "domaine réservé". Une habitude qui vient du Général de Gaulle pour qui ces deux questions étaient fondamentales. Il y eut bien quelques frictions avec le Premier Ministre lors des périodes de cohabitation mais dans l'ensemble cette habitude est restée jusqu'à nos jours. Notre Président est l'un des Chef d'Etat qui au final a le plus de pouvoir parmi les régimes démocratiques.

 

Enfin apparait un nouvel organe consultatif, le Conseil Constitutionnel composé des anciens Présidents de la République ainsi que de 9 "sages" nommés conjointement par le Président, le Président de l'Assemblée et celui du Sénat. C'est un organe de surveillance de la conformité des lois par rapport à la Constitution. Il est consultatif mais son avis est généralement respecté. 

On le voit la Vème république est un régime parlementaire mais où la place du Président est prépondérente. On parle parfois de "Monarchie républicaine" pour désigner cette tendance très nette à la personnalisation du pouvoir. Un modèle contesté mais qui tient toujours après 50 ans d'usage...

Pour compléter :

Le texte actuel de la Constitution telle qu'elle est en vigueur depuis les dernières reformes constitutionnelles de 2008 


L
e discours qui présente au français cette constitution nouvelle

Un dossier du site d'Etienne Augris sur la Vème République qui revient, entre autre, sur les articles les plus controversés de la constitution et sur la reforme de 2008.


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