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9 septembre 2008 2 09 /09 /septembre /2008 00:00

Lors de la conférence de Potsdam, réunie en juillet 45, les vainqueurs de la guerre décident du sort à appliquer à l'Allemagne nazie.  Celle-ci doit être démilitarisée avec interdiction de reconstituer une armée offensive, décartellisée pour briser ses grandes entreprises industrielles (option rapidement oubliée lorsque la perspective de la guerre froide fera de la reconstruction allemande une priorité), décentralisée pour briser son nationalisme et surtout dénazifiée.

En effet la découverte des horreurs réelle du nazisme va faire prendre conscience aux vainqueurs qu'il ne s'agit pas là d'un régime nationaliste comme un autre.

Il faut extirper une idéologie qui a eu douze ans pour s'enraciner dans l'esprit des allemands et rééduquer un peuple vers la démocratie.


               Les américains transforment une "rue Adolf Hitler" en "rue de la gare"

Première étape nettoyer l'Allemagne de ses anciens nazis. Les alliés établissent une liste de 178 000 nazis à arrêter pour décapiter ce qu'il reste de l'appareil d'état hitlérien en Allemagne. Dans le même temps se mettent en place les moyens de juger les dignitaires survivants, et en premier lieu le procès de Nuremberg accompagné par un série d'autres concernant des seconds couteaux tout aussi compromis dans les crimes du régime.

Pour le reste des anciens nazis de rangs plus secondaires, ceux qui ne s'enfuient pas ou qui ne partent pas directement en prison vont se voir interdire l'exercice de tout poste à responsabilité dans les quatre zones d'occupation en Allemagne.


            
                                                              (souce :encarta)


Rapidement les autorités alliées se retrouvent face à un paradoxe. Quasiment toutes les élites allemandes, industriels, politiques, magistrats, professeurs, artistes ont collaborés de plus ou moins bon gré avec le régime hitlérien. Les véritables résistants allemands anti nazis sont une minorité comme Konrad Adenauer (ancien maire antinazi de Cologne et futur premier ministre de la nouvelle Allemagne Fédérale) et sont trop peu nombreux pour pouvoir gérer le pays à eux tout seuls.

Les alliés vont réagir à ce problème de façon variée. Français et Britanniques, après avoir épurés les principaux responsables vont utiliser industriels et ingénieurs, même anciennement encarté au parti nazi, pour relancer la machine économique allemande qui peut rembourser les dégâts de la guerre. Et au passage récupérer aussi pas mal de cerveaux dans la grande pêche aux savants allemands qui a lieu après la guerre

Les américains vont mettre en place un  système de notation administrative du niveau d'implication des suspects dans l'appareil nazi de "criminel majeur" à "suiveur" avec interrogatoire des personnes pour déterminer leur degré de foi dans le nazisme. Mais débordés par la tache et se concentrant de plus en plus sur la menace communiste, ils vont laisser filer un bon nombre d'anciens bourreaux qui arriveront à se faire passer pour de modestes suiveurs un peu trop crédules. La plupart essayent désormais de se faire oublier mais un certain nombre, plus opportunistes, se mettent  aussitôt au service des vainqueurs, généralement en dénonçant d’anciens camarades plus mouillés qu’eux. C’est ainsi qu’un certain nombre d’anciens membres du parti nazi vont proposer leurs services, aussi bien aux américains qu’aux soviétiques, selon les circonstances. 

                                              Soldats soviétiques enlevant l'enseigne d'un bureau du parti nazi

De gros poissons arrivent à se reconvertir comme Klaus Barbie, chef de la gestapo lyonnaise,  tortionnaire de Jean Moulin qui met ses compétences de flic au service des dictatures pro-américaines d’Amérique latine, ou encore Otto Skorzeny, véritable héros du régime après avoir délivré Mussolini capturé par les partisans italiens, qui loua ses services militaires à l’Espagne franquiste ou à l’Egypte. On pourrait parler de Werner Von Braun créateur des fusées V1 et V2 qui bombardèrent Londres, catapulté par les américains directeur de leurs recherches spatiales. Ou encore de Reinhardt Gehlen, général des services secrets allemands pendant la guerre qui offre aux américains toutes leurs archives sur les activités soviétiques et l’aide des réseaux implantés en Europe de l’Est par les nazis. En remerciement de ses talents, il devint le chef du BND, les services de renseignements ouest-allemands, jusqu'en 1968


Les soviétiques eux vont plus pragmatiquement installer le communisme dans leurs zones, affirmant très vite qu’ils ont extirpé le nazisme d’Allemagne Orientale et accusant les occidentaux de protéger les anciens criminels de guerre. Ils ne vont pourtant pas non plus se gêner pour recruter massivement savants et anciens responsables nazis comme Helmut Grottrup, ancien assistant de Von Braun, pour concevoir le programme spatial soviétique En effet beaucoup d’anciens nazis vont se reconvertir dans le nouveau régime d’Allemagne de l’Est, la possession par les soviétiques des dossiers prouvant qu'ils étaient d'anciens SS étant un bon moyen de s'assurer leur fidélité craintive.

 

Au final une loi d’amnistie votée en 1949 en Allemagne Fédérale, renforcée par une seconde loi votée en 1954,  prescrit tous les délits inférieurs à 3 ans liés à l’appartenance au nazisme y compris pour ceux qui se cachent sous un faux nom.

 Après les hommes, reste à rééduquer les esprits. Cet examen de conscience sera plus long mais aussi plus réussi à long terme que la tâche titanesque d’éliminer de la vie publique tout ceux qui, de près ou de loin, avaient trempé dans le nazisme. Les alliés obligent les populations allemandes a se confronter physiquement aux camps et à la déportation, utilisent journaux et cinéma pour conforter le sentiment de faute collective à expier. Devant l’horreur de ses actes, le pays doit se reconstruire en intégrant non seulement la défaite mais aussi sa responsabilité collective, en tant que nation, dans les pires crimes de l’Histoire. Il faudra une génération complète pour changer en profondeur les allemands

Caricature allemande de 1948 sur la dénazification

A l’Est, le communiste triomphe
comme libérateur du nazisme et construit une nouvelle société totalitaire. Dans le même temps dans les trois zones occidentales, il s’agit aussi de faire renaître le sentiment démocratique en encourageant les journaux, les Eglises et le syndicalime et surtout  en contrôlant les programmes scolaires pour réeduquer la jeunesse. Il s’agit de remodeler aussi l’art et d’effacer les traces de l'ancienne idéologie sur les œuvres à la gloire de l’hitlérisme triomphant.

Si à partir des années 50 seul un allemand sur quatre proclame encore avoir une bonne image d’Hitler, l’Allemagne essaye surtout de tourner la page. Elle n’a plus le droit d’avoir d’armée offensive, elle est séparée et occupée. Alors elle se tourne vers le pacifisme, vers l’industrie et la construction européenne pour se reconstruire une identité. Elle cherche à oublier son passé alors qu’elle est l’une des principale victime de la guerre froide. Les nouvelles générations vont développer un rejet violent de cet héritage qui culminera dans les années 70 quand de nombreux jeunes allemands redécouvrant les crimes de leurs pères, se tourneront massivement vers le pacifisme militant, l’écologie et pour certains qui redécouvrent leur histoire familiale, basculeront en réaction dans le terrorisme d’extrême gauche.

 

Enfin la denazification toucha surtout l’Allemagne, l’Autriche engloutie par l’anschluss de 1938 se vit davantage comme une victime que comme un bourreau et fit beaucoup moins son examen de conscience que l’Allemagne. Brièvement occupée en 45-46, elle devint un prospère pays neutre où de nombreux anciens nazis se firent oublier et refirent carrière. Elle aura à son tour un électrochoc de taille lorsque dans les années 80 on découvrira qu’un de ses présidents (et ancien secrétaire général de l’ONU) Kurt Waldheim avait été un Waffen SS ayant participé à des massacres en Yougoslavie.

 

Si de nos jours, le souvenir de la guerre s’estompe et les derniers survivants de cette période disparaissent, il reste encore un poids extrêmement lourd pour l'Allemagne et les révélations de l’engagement dans les organisations de jeunesse hitlérienne de l’écrivain Günther Grass ou du pape Benoit XVI, adolescent pendant la guerre, restent des taches que les allemands évoquent toujours avec difficulté.

 

Source : La dénazification de Marie Bénédicte Vincent - Wikipedia (photo)

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6 septembre 2008 6 06 /09 /septembre /2008 21:00

Arrivé en terminale, la prise de note est sensée être une technique déjà acquise par les élèves. Dans la réalité, ce n’est pas toujours le cas et on a parfois, en tant que prof, des surprises quand on découvre au final ce qui a été retenu du cours entendu pendant l’heure. C’est la raison pour laquelle il peut être intéressant d’en rappeler ici les principales méthodes.

 

Soyons honnêtes, le programme de terminale, de par le gigantisme des notions et des connaissances qu’il réclame, nécessite d’être capable de prendre efficacement le cours. De plus, après cet examen, et tout particulièrement dans les amphis de l’université, maîtriser cette technique devient vital.

 

Les objectifs de la prise de note :

 

Noter les points importants du cours, de façon claire, précise, facilement compréhensible et réutilisable quand vous les reprenez six mois plus tard. L’idéal est aussi que vos notes puissent être réutilisées sans problème par un camarade qui veut reprendre un cours où il était absent.

 De plus il existe essentiellement trois façons de mémoriser quelque chose. Ecouter, voir ou reproduire. Chaque personne mémorise les choses de façon différente. La prise de note a l’énorme avantage de cumuler l’écoute et la reproduction par l’écriture. Le visuel pourra passer par la relecture.

Mais en contrepartie, la prise de note nécessite pour pouvoir être pleinement utilisée de respecter quelques méthodes

 

1- Ecouter

 

 Il faut être attentif car le bavardage vous fait automatiquement perdre le fil du récit et donc l’enchaînement du cours. Dans le même temps, en écoutant le cours, vous faites déjà la moitié du travail de mémorisation indispensable.

Ce qu’il faut repérer dans le discours du professeur, ce sont les idées importantes qu’il  faut surtout séparer des exemples. Suivez le rythme du prof, il va répéter les idées importantes, parfois en les reformulant de manière légèrement différente. Sa voix va alors être certainement un peu plus marquée ou insistante.

 De même s’il note un terme ou une expression au tableau c’est que celle-ci (et son orthographe éventuelle) est importante.

 

2- Des notes claires.

 

Aérez au maximum vos notes de manière à vous y retrouver davantage quand vous les reprendrez plus tard. Faites de petits paragraphes, allez à la ligne régulièrement notamment dès qu’on aborde une nouvelle idée. Vous pouvez aussi avoir intérêt à décaler légèrement les exemples pour les différencier :

 

Exemple 
I) Le bilan de la seconde guerre mondiale

                

A)      une saignée humaine

          La guerre a fait 60 millions de morts, c’est la plus meurtrière de l’histoire.


         Le bilan a varié selon les pays

                        URSS pays le plus touché

                        Pologne le plus touché par rapport à son pourcentage
                        de population

                               Une guerre qui a tué autant de civils que de militaire

                                                  Bombardements, déportation…

 

Reprenez bien et mettez en valeur (couleurs /surlignage /écriture plus grande) les parties et les sous parties que le prof met généralement au tableau.

Laissez une marge sur le coté pour des rajouts éventuels, ainsi que deux ou trois lignes entre chaque sous-parties pour pouvoir rajouter après coup vos annotations de relecture.

En dehors du plan, qui se retrouve généralement au tableau, ne cherchez pas à changer de couleur ou à  vouloir souligner tout de suite. Quand vous vous relisez chez vous, c’est là que vous pouvez souligner les idées principales.

Si vous écrivez sur des feuilles volantes, numérotez les bien gros, en haut à droite pour ne pas vous emmêler ensuite dans votre classeur

 

3 –Simplifier l’écriture.

 

Il faut savoir écrire « efficace » donc évitez de vouloir prendre le cours mot à mot pour bien au contraire ne garder que les points les plus importants. Les articles et les mots de liaisons vont être les premiers à être sacrifiés, ces derniers pouvant d’ailleurs parfois être remplacés par des flèches ou des abréviations

Votre écriture doit toujours rester lisible, n’oubliez pas que vous devrez vous relire dans six mois, ou que d’autres peuvent avoir besoin de vos cours pour rattraper les leurs !

Vous allez pouvoir utiliser des abréviations. Faites cependant attention à elles. Il ne s’agit surtout pas de rendre votre devoir illisible.
Vous devez maîtriser vos abréviations, pas la peine de vouloir tout remplacer, ça deviendrait rapidement incompréhensible avec le temps. Il faut rester logique et n’employer que des symboles que vous connaissez et qui vous parleront toujours six mois plus tard.

Utiliser les abréviations, des fléches (hausse/baisse)  et les symboles mathématiques:

     

                  Ü        cause                                                 Þ         conséquence

                  ó          lié à                                                  !           attention

                  +          plus/et                                                -           moins

                  /           divisé/par                                           D          croissance

                  X          multiplié                                              Î          appartient à

                  >          supérieur                                            <          inférieur

Des mots qui reviennent souvent peuvent être abrégés.

 

                    tps        temps                       Intro/Conclu    introduction/conclusion

                    nbre      nombre                                                 î          intérêt

                     H         homme                                                  F         femme

                     †           mort                                                    W         travail
               gd         grand                                                   pt          petit
             


Un certain nombre de déterminants ou de mots de liaisons :

 

                 c.-à-.d.       c'est-à-dire                                  bcp           beaucoup
           tjs              toujours                                       tt(es)         tout(es)
           jms             jamais                                 qq/qqfois   quelque/quelquefois
           ds                dans                                           pr              pour

 

 

Pour les terminaisons en -ment ou -tion

 

                        gvt    gouvernement                                       révoq    révolution

 

 

Ce ne sont que quelques exemples, à chacun de se faire son propre lexique.

 

Attention cependant : Tout cela n’est valable que pour la prise du cours. Les signes d’abréviation sont interdits dans les devoirs. De plus l’usage répété de la prise de note à tendance à augmenter le risque de fautes d’orthographes car on a automatiquement tendance à sacrifier celle-ci à l’efficacité de la prise du cours. Il faut dès lors redoubler de vigilance sur la copie pour ne pas faire des fautes d’inattention ou laisser traîner des abréviations.  

D'autre méthodes existent  dont les cartes heuristiques ou cartes mentales, qui consistent à construire des shémas en arborescences à partir d'une idée centrale. Nous en reparlerons.

D'autres fiches conseils intéréssantes et pas qu'en histoire-géo. Celle d'un professeur de français  de collége, celle de l'académie de Grenoble en SES, celle de BA-BA un site de professeurs de français (et plus particulièrement la fiche de F. Jarraud).

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4 septembre 2008 4 04 /09 /septembre /2008 18:14

Parmi les nouvelles fonctions qui sont en train d'apparaître sur le blog, en voici une, inspiré par ce qu'Etienne Augris a fait sur les siens, qui je l'espère va vous aider dans l'acquisition de vos cours et dans vos révisions. Deux nouveaux bandeaux sont apparus dans la rubrique "les indispensables".





Il s'agit ici de retrouver les articles du blogs, classés par rapport à la progression du cours de l'année. Ceci devrait vous permettre de pouvoir aller voir les articles passés du blog qui correspondent à ce que vous êtes en train de traiter. J'ai séparé les 2 programmes (ES/L et S), qui sont légérement différents, pour des questions pratiques. Je n'ai pour l'instant mis que les premiers chapitres (mondialisation et interdépendance en géo, le monde en 45 et les relations internationales jusqu'en 70 en histoire), le reste viendra au fur et à mesure que nous les traiterons en progressant dans l'année.

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2 septembre 2008 2 02 /09 /septembre /2008 23:15

Ce mercredi c'est la rentrée pour les terminales. Et nous commencerons fort directement par 2 heures d'histoire-géo avec les TL, la seule classe de terminale que j'aurais cette année.

Alors bienvenue sur ce blog qui s'optimise après une année de bon et loyaux services. Profitez bien de cet outil d'autant qu'il va encore s'améliorer sous peu avec de nouvelles ressources bien utile pour cette année d'examen.











Robert Doisneau "La Pendule", 1956

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1 septembre 2008 1 01 /09 /septembre /2008 00:59

Histoire de commencer cette nouvelle année scolaire avec énergie, Etienne Augris se lance sur "Lire Ecouter Voir "dans une petite histoire du rap.

Une histoire en plusieurs épisodes qui retracera les évolutions de ce style musical qui devint à partir des années 70 l'un des grands moyens d'expression et de revendication des communautés délaissées des ghettos noirs des grandes villes américaines.


Nouveauté, cette série d'articles sera aussi disponible en version audio et même podcastable.

Pour découvrir cette histoire:

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26 août 2008 2 26 /08 /août /2008 20:47

1968 fut décidement une année cruciale dans l'histoire du XXème siècle. Alors que le monde a les yeux tournés vers la guerre du Vietnam et les événements qui secouent la France, les choses bougent aussi dans le bloc soviétique. Témoins les événements de Prague en Tchécoslovaquie, à l'époque où Tchéquie et Slovaquie ne formaient qu'un seul pays.

Les tentatives du gouvernement communiste d'Alexandre Dubcek pour créer "un socialisme à visage humain", 12 ans après l'expérience malheureuse hongroise vont entrainer les foudres de Moscou. Leonid Brejnev ordonne aux troupes du pacte de Varsovie d'écraser tout de suite dans l'oeuf cette réforme. pour éviter de la voir se propager ailleurs.

Jean Christophe Diedrich consacre un article détaillé à cette tentative d'emancipation ratée sur son blog , on pourra aussi compléter avec l'article de Julien Blottière sur Bricabraque.

De son côté Stéphane Mantoux continue à s'intéresser au conflit en Ossétie tout en analysant aussi l'enlisement de plus en plus préoccupant du conflit afghan après la mort de dix soldats français engagés dans le maintien de la paix dans la région. Une conflit qui deborde de plus en plus sur le Pakistan voisin déchiré par des rivalités internes de plus en plus inquiétante, surtout si on se souvient que ce pays posséde l'arme nucléaire. Une situation qui se transforme de plus en plus en une guerre ingérable pour les occidentaux.


Sinon, j'ai commis quelques articles sur l'histgeobox autour de chanson humoristiques du début des années 70 qui en disent long sur l'atmosphére de la société du temps : "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" de Jean Yanne et "Merci patron" des Charlots. Bon je met un peu en avant mes productions mais comme toujours il y a plein de choses passionantes sur l'Amérique Latine, l'inquisition ou le regrétté Isaac Hayes.

Pendant ce temps le blog continue à être tranquillement toilétté pour être tout beau pour la rentrée.
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25 août 2008 1 25 /08 /août /2008 21:34

Victoire quasi-totale pour la république populaire de Chine dans ces J.O. de Pékin. 51 médailles en or (les seules qui comptent vraiment pour la propagande) contre 36 pour les Etats-Unis qui arrivent seconds. Bien sûr ces derniers repassent premiers d’une courte tête si on fait le total de toutes les médailles (110 contre 100), mais qu’importe, aux yeux du régime de Pékin, c’est la preuve éclatante que le XXIème siècle sera le siècle de la Chine.




C’est du sport me direz vous, mais que voulez vous, les jeux sont aussi un enjeu politique de premier ordre et cela ne date pas que de ses olympiades seulement.

 

Pour voir le bilan des médailles.

Vitrine de la puissance d’un pays, ces jeux sont l’occasion pour chaque nation de tenir son rang sur l'echiquier mondial. De plus, même si quelques pays en voie de développement arrivent à tirer leur épingle du jeu dans certaines spécialités (la Jamaïque en athlétisme, le Kenya et l’Ethiopie en course de fond), il faut de sacrés moyens et investissements pour fabriquer un nageur, un gymnaste, un cavalier ou un véliplanchiste de compétition. Du temps, de l’argent, des infrastructures, les meilleurs équipements et matériels. La hiérarchie des puissances économiques se reflète ici, parfois tempérée par la volonté des états qui peuvent investir sur leurs sportifs pour des question de prestige.

 

Au passage, l’analyse des résultats aux Jeux Olympiques montre aussi un certain nombre de choses intéressantes. Devinez qui est 3ème ? La Russie, que tout le monde avait tendance à oublier et qui avec ses 23 breloques en or pour 72 au total montre qu’il ne faut la négliger. Quand à l’Europe, en ordre dispersée, elle ne s’en sort pas si mal. Dans les 10 premiers on retrouve la Grande Bretagne, l’Allemagne, l’Italie et la France (on est 10ème mais si on compte toutes les médailles on passe 7ème). La Corée du Sud et le Japon les deux autres grandes puissances asiatiques font jeu égal avec les Européens et sont dans le top 10 aux cotés des sportifs australiens.

 

Curieusement les géants démographiques et autres futures puissances supposées sont en perdition dans le classement. Le Brésil 23ème, L’Inde 50ème, l’Afrique du Sud 71ème Le renversement de la hierarchie mondiale et la domination du Sud qu'on nous promet depuis quelques années n'est pas encore à l'ordre du jour.

 

 

Mais il n’y a pas que les médailles qui comptent. En terme d’image ces J.O. ont été une formidable vitrine pour la Chine qui a pu se montrer comme le nouveau temple du commerce et de l’économie de marché triomphante. Il faut reconnaître qu’avec des infrastructures sportives de toute beauté (le cube d’eau notamment est somptueux) et une organisation millimétrée, toute la cérémonie n’est apparue que comme luxe, joie et sérénité aux yeux des visiteurs. Quitte parfois à cacher les pauvres en les expulsant de la ville le temps des jeux. Le tout grâce à une population solidement encadrée et constamment remotivée par une propagande qui a fait la part belle au nationalisme grâce à ses médiatiques athlètes, élevés au rang de demi-dieux.

 

Pas de violences ou de vagues terroristes  malgré les craintes au sujet des séparatistes tibétains ou Ouïgors. Pas de pollution non plus, les usines étaient fermées...

La Chine a pu faire oublier toutes les critiques qui l’ont assailli, face à des occidentaux divisés qui n’ont pas vraiment su quoi faire sur la question des droits de l’Homme. J.C. Diedrich revient sur ces hésitations au travers de la presse française. Et ce ne sont pas les quelques légers couacs tels que le contrôle très strict des accés internet disponibles pour la presse (une vieille habitude au pays du Grand Pare-Feu) ou les accusations d’avoir envoyé concourrir des gymnastes de 14 ans en mentant sur leurs âges, qui vont changer grand-chose. D’ailleurs Pékin n’a jamais hésité a hausser la voix contre les pays occidentaux qui voudraient être impolis au point d’évoquer les droits de l’Homme. Les menaces de boycott contre la France ont fait leur effet et conduit Nicolas Sarkozy à faire le voyage de la cérémonie d’ouverture pour calmer les durs du Parti Communiste.

 

Reste à gérer l’après jeu. Malgré leurs coûts, 42 milliards de dollars soit trois fois plus que la précédente édition à Athènes, (on se demande comment les londoniens vont pouvoir concurrencer ça en 2012), les économistes prévoient que l’opération sera absorbé par l’économie chinoise en pleine expansion et qu'elle sera très bénéfique en terme d’image, notamment auprès des pays en voie de développement qui regardent le modèle chinois avec envie. Libéralisme débridé fort rentable contrôlé étroitement par un parti unique. Voilà qui fait rêver dans certaines dictatures africaines qui accueillent de plus en plus de conseillers venus de Pékin. Bruno Sentier nous parle de ce nouveau "modèle" sur son blog.

Il est certain qu’après les jeux la répression contre les minorités et les dissidents va reprendre mais les caméras seront déjà reparties…


Pour terminer Bricabraque s'est lancé dans une très intéréssante série sur l'histoire de Jeux Olympiques qui montrent que sport et politique sont souvent liés. 
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20 août 2008 3 20 /08 /août /2008 15:36

Une semaine et demie s’est déroulée depuis le début des événements du Caucase. En théorie, les armes se sont tues et si l’on en croit les termes du cessez-le-feu négocié par l’Europe, la Russie est en train d’évacuer la Georgie. Dans la réalité, les chars russes continuent à patrouiller dans le Nord du pays et dans les enclaves ossétes, les minorités géorgiennes (près de 40 % de la population tout de même) sont poussées au départ par les milices indépendantistes. Quand à la Georgie, elle se drape dans son statut de victime pour faire oublier la dureté de son intervention initiale en Ossétie.

 

 

 

 

   

La première partie de cette étude nous a permis de voir les causes de ce conflit. Le déroulement de celui-ci, encore assez confus, reste sujet à bien des interrogations. En effet, les informations qui nous sont parvenus sont très largement contradictoires et difficilement vérifiables. Il faut avoir en tête que le contrôle de l’information est devenu une arme de plus dans la guerre moderne. Les journalistes et les organisations humanitaires qui tentent d’en savoir plus sur ce qui se passe sur place, sont très soigneusement encadrées par les armées respectives qui ne leur montrent que ce qu’elles veulent bien leur montrer. Les Ossètes font visiter l’hôpital de leur capitale bombardé par les Géorgiens, les Géorgiens montrent les corps des civils tués par les Russes ou les milices ossétes, quand aux Russes, ils montrent leur armée accueillie en libérateurs, distribuant de la nourriture aux civils ossètes.

 

Ajoutez à cela le fait que bien des interrogations demeurent sur ce qui s’est réellement passé au début de cette crise, où diplomatie parallèle, conseillers militaires, argent du pétrole et services secrets ont été très présents. Peut être sauront nous dans quelques années ce qui a tout déclanché. Certains voient derrière les actions du président Saakachvili la main des américains (qui chercheraient à encercler la Russie via l’OTAN) et des israéliens (qui ont de nombreux conseillers militaires en Géorgie, qui pourrait être une base de départ idéale pour des bombardements sur l’Iran). D’autres voient dans l’intensification des attaques terroristes des indépendantistes ossètes ces derniers mois, l’action des russes pour provoquer une attaque géorgienne qui justifierait une riposte militaire histoire de mettre la main sur les oléoducs locaux. .

   

Rappelons les principales phases de la crise telle que nous la connaissons aujourd’hui.

 

Depuis plusieurs mois, la tension ne cesse de croître. En Ossétie du Sud, attentats et échanges de tirs entre rebelles ossètes et forces de l’ordre ont entraîné le refroidissement des relations avec la Russie, dont les troupes de maintien de la paix en Ossétie sont soupçonnées par Tbilissi d’aider les indépendantistes.

 

Dans les premiers jours d’août, de violents accrochages éclatent entre rebelles ossétes et l’armée géorgienne. Leur déroulement est mal défini mais il y a visiblement quelques dizaines de morts de chaque côté. Le 8, alors que le monde a les yeux tourné vers les J.O. de Pékin, le président Saakachvili ordonne une opération militaire de grande ampleur sur Tskinvali, la capitale osséte. La Russie dénonce immédiatement des bombardements meurtriers et une politique de terreur sur les ossétes qui sont citoyens russes depuis que Moscou leur a accordé des passeports. De plus, elle annonce que des soldats de maintien de la paix russe ont été tués.

 

La riposte russe est immédiate et une colonne blindée rentre en Ossétie, chasse les troupes géorgiennes et continue dans la foulée sa progression sur le territoire proprement dit de la Géorgie, bombardant les principales infrastructures du pays et organisant un blocus des ports. Russie et Georgie s’accusent mutuellement d’épurations ethniques et de crimes de guerre.

 



                                                                         (colonne russe en Georgie : source lemonde.fr)


L’Europe par la voix de Nicolas Sarkozy, président en exercice de l’U.E. présente une médiation pour un cessez-le-feu accepté (mais pas forcément respecté) par les deux partis. Les Etats-Unis après un temps d’hésitation soutiennent leur allié géorgien et somment la Russie de se retirer. Cela reste sans effet et à la tribune de l’ONU les affrontements verbaux entre représentants russes et américains ne sont pas sans rappeler les grandes heures de la guerre froide. La Géorgie annonce qu’elle quitte la Communauté des Etats Indépendants et veut accélerer sa rentrée dans l'OTAN.

 

 

A partir du 12, c’est officiellement le cessez-le-feu conformément au plan européen. Mais les russes qui n’ont pas de véritable calendrier de retrait fixé à leurs troupes continuent à occuper le Nord de la Georgie, malgré les menaces de l’OTAN et de l’UE. Les ossétes, mais aussi les abkhases négocient leur rattachement à la Russie en temps que "république associée ".

 

Voilà où on est à la date du 20 août 2008, gageons que nous ne sommes pas au bout de cette crise.

 
Pour une chronologie plus précise des événements :


                 Prisonniers georgiens exhibés par les soldats russes (source : New York Times)


Quelles réalités nouvelles apparaissent à la suite du conflit avec la Georgie. Celle-ci paye son trop grand empressement à s’aligner sur la politique américaine. L’avenir politique de Saakachvili bête noire de Moscou risque de passer par un raidissement autoritaire et ultranationaliste, ce qui est déjà dénoncé par ses opposants. Il est douteux que les Russes restent longtemps en Georgie, en dehors des provinces sécessionnistes. C’est une simple question de prudence pour éviter un danger d’enlisement à l’irakienne mais aussi pour ne pas risquer des sanctions diplomatiques. Ils se contentent de bien montrer leur force et laisseront
aux milices ossétes et abkhazes largement armées le soin de faire "le sale boulot".


 Il est d’ailleurs à noter que dans cette affaire, le président Medvedev s’est donné une stature d’homme d’état qui lui faisait  jusqu'à présent défaut. Vladimir Poutine, même s’il n’est jamais loin, a su se faire discret, tout en gérant sur le terrain la réalité de l’action militaire. Il a laissé le volet international à son poulain. Celui-ci a utilisé les mêmes formules martiales que Poutine du temps de la guerre de Tchétchénie "Vous savez, ce qui différencie les déments des autres personnes, c'est que lorsqu'ils sentent l'odeur du sang, il est très difficile de les arrêter. De sorte qu'il faut recourir à la chirurgie" (parlant de Mikhail Saakachvili). De quoi lui donner un peu d’épaisseur aux yeux de son peuple toujours sensible aux sirènes du nationalisme martial.

 

La Russie prend d’ailleurs des risques en agitant les nationalismes dans la région. Une fois les Ossétes du Sud dégagés de la tutelle géorgienne qu’est ce qui empêche leurs frères du Nord de demander à leur tour leur indépendance par rapport à la Russie. Et quid de la Tchétchénie mise en ruine depuis quinze ans par la Russie parce qu’elle demande son indépendance ? Et à quand le réveil du Daguestan ? De l’Ingouchie ? De la Kalmoukie etc… etc…

Ce réveil du nationalisme russe ne cesse d’inquiéter les anciens états communistes. Les Pays Baltes ont poussés l’U.E. a condamner vigoureusement la Russie. La Pologne vient de signer en urgence sa participation à un programme d’installation de missile défensif de l’OTAN. L’Ukraine tente de limiter l’action de la marine russe dans la mer Noire. La Russie fait désormais très peur.

Dernier détail, on aurait aussi tort de négliger dans cette affaire les intérêts économiques. Non pas tant en Ossétie qu’en Abkhazie, véritable riviera sur la mer Noire, située à quelques kilomètres de Sotchi, qu’on surnomme parfois la St Tropez russe. C’est là qu’en 2014 auront lieu les prochains Jeux Olympiques d’hiver (car la ville est aussi au pied des stations du Caucase). De très nombreux entrepreneurs russes ont investis pour développer le tourisme dans cette région et la perspective des J.O. fait déjà espérer la création dans toute la province d’une très lucrative "Côte d’Azur" sous contrôle russe.

 
Une chose est sûre en tout cas, le programme de géo de terminale vient de prendre un coup de vieux d’un seul coup. La Russie n’est plus un état en recomposition, elle est redevenue depuis quelques années une véritable puissance militaire et économique et peut désormais intervenir par la force pour faire valoir ses intérêts. 

 
Des sources intéressantes :
Caucaz.com  site spécialisé sur cette région.  Le blog de Stephane Mantoux, un jeune certifié d'histoire géo passionné des choses militaires qui decortique le conflit au jour le jour.

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13 août 2008 3 13 /08 /août /2008 15:46

Les événements qui se déroulent ses jours-ci dans le Caucase illustrent parfaitement la volonté de la Russie de reprendre son rôle de grande puissance et de véritable gardien de l’Asie Centrale. Car le grave affrontement qui embrase le Caucase entre deux anciennes républiques de l’ex-URSS est à la fois le fruit d’une crise qui couve depuis la fin de l’Union Soviétique et le signe que la Russie entend bien redevenir la puissance qu’elle était du temps du communisme triomphant. Paradoxe, Gori, l’une des villes géorgienne bombardée par l’armée russe n’est autre que le lieu de naissance de Staline. Cette guerre illustre aussi la complexité du monde contemporain où la fragmentation constante des états ne cesse d’accélérer les conflits.
 

 

Pour comprendre ce conflit faisons un point sur les événements qui ont conduit les deux pays à rentrer en guerre.

 

                            Les chars géorgiens rentrant en Ossétie (source : figaro.fr)


Avec une histoire complexe remplie d’invasions et de conquêtes diverses et variées, le Caucase est devenu un gigantesque puzzle où cœxistent sur un espace réduit des dizaines de peuples aux langues, cultures et religions variées. La longue guerre de Tchétchénie en a été l’exemple.  Les frontières actuelles de la Georgie datent de 1936 et ont été fixée par Staline lui-même. Il en a profité pour diviser en deux l’Ossétie qui aurait pu prétendre à son autonomie. Un morceau au Nord pour la Russie, un morceau au Sud pour la Georgie. La Georgie a été « russifiée » par Staline, pourtant géorgien lui-même, qui a interdit la langue nationale géorgienne au profit du russe. Dans les années 70, la montée du nationalisme (et parallèlement des problèmes de corruption et de criminalité galopante qui font qu’aux yeux de l’opinion publique soviétique, puis russe après 91, l'image des géorgiens devint celle de gangsters maffieux caricaturaux, un peu comme les siciliens en Italie ) fit que Brejnev changea la situation pour calmer la région et réautorisa la culture géorgienne en donnant plus d’autonomie à la république de Georgie. Mais dans le même temps les ossétes et les abkhazes en profitèrent aussi pour réclamer eux aussi davantage d’autonomie.

 

En 1991, c'est la fin de l'Union Soviétique,  la Georgie prend son indépendance. Un an avant le parlement géorgien en a déjà profité pour faire du géorgien la principale langue nationale et réprime durement les tentatives autonomistes ossètes ou abkhazes. Aussitôt éclatent des révoltes indépendantistes de ces deux peuples, dégénérant face à l'intransigence du nouveau pouvoir de Tbilissi en guerres civiles meurtrières. Notons bien que, partout dans l’ex-URSS, on retrouvera ce genre de tensions qui dégénèrent souvent en conflits armés meurtriers.

 

La Georgie a été l’une des ex-républiques qui a le plus fait pour s’éloigner de l’influence de Moscou. Son premier gouvernement, celui du poéte Zviad Gamsakhourdia est rapidement devenu autoritaire et corrompu. Il  a exalté le nationalisme géorgien face aux minorités et refusé de faire partie de la CEI, la Communauté des Etats Indépendants crée à l’initiative de la Russie pour garder des liens économiques forts après l’éclatement de l’Union Soviétique. La Géorgie n’y est finalement rentré qu’en traînant les pieds, en 93, pour régler diplomatiquement les problèmes liés aux volontés indépendantistes de l’Ossétie et de le l’Abkhazie.

 

En effet les campagnes militaires géorgiennes contre les indépendantistes abkhazes sont des échecs sanglants où les populations civiles trinquent largement. 200 000 géorgiens sont expulsés par les milices abkhazes soutenues par la Russie. La même chose déroule en Ossétie. Les géorgiens doivent accepter la « médiation » russe et la présence de soldats d’interposition pour régler le conflit. Moscou en profite pour chasser le gouvernement Gamsakhourdia et imposer la présence de 3 bases militaires russes sur place. Les deux régions autonomistes proclament dans la foulée leur indépendance mais ne sont pas reconnue internationalement.

 
Les relations entre Russie et Georgie se sont un peu calmées pendant la deuxième partie des années 90. C'est le gouvernement d’Edouard Chevarnadze l’ancien ministre des affaires étrangères de Gorbatchev au temps de l’URSS, qui a su à la fois ménager la susceptibilité des russes qui tiennent ses approvisionnement énergétiques tout en liant des contacts économiques avec les Etats-Unis. Mais les conflits avec les indépendantistes continuent et Chevardnadze ternit son image en succombant à son tour aux charmes de la corruption et de la fraude électorale.


D’où l’élection en 2003 de Mikhail Saakachvili, juriste formé en Amérique et en Europe qui lui est élu triomphalement avec 95 % des voix dans ce qu’on appelle " la révolution des roses ". Fort du soutien des Etats-Unis, il somme les russes d’arrêter de se mêler des affaires géorgienne et s’aligne totalement sur l’Amérique et l’U.E.... La Georgie devient le nouvel espoir de progression des valeurs démocratiques et libérales dans la région.

                                                                                          Saakachvili (source :le point.fr)

Partenariat avec l’OTAN, envoie de troupes en Irak aux côtés de la coalition américaine, demande d'association avec l’UE, Saakachvili joue la carte de l'occident face à Moscou. D'ailleurs, il exige l’évacuation des bases russes en Georgie. Les américains voient là un moyen tant de limiter la puissance de la Russie que de continuer à s’implanter non loin du Moyen Orient. L’
avenue George W. Bush relie l'aéroport au centre de Tbilissi, la capitale et devant le Parlement, flotte le drapeau européen.                                                                       

Les relations avec la Russie s’enveniment rapidement d’autant qu’en 2004 une autre province située à la frontière avec la Turquie (mais où se trouve une grosse base russe), l’Adjarie, tente de prendre son indépendance à l’initiative d’un gouverneur local aux envies dictatoriales. Saakachvili résout la crise pacifiquement mais à partir de ce moment commence à se montrer de plus en plus brutal et sûr de lui. Toujours en 2004 des premiers affrontements violents ont lieu entre l'armée géorgienne et les milices independantistes ossètes. Le régime georgien se durcit. En janvier dernier il n’est réélu qu’à 53 % dans un scrutin où les fraudes semblent réelles.



(source :TéléQuebec)
 

Pendant ce temps Vladimir Poutine digère de plus en plus mal le rapprochement des anciennes républiques de l’URSS avec l’OTAN. Il a déjà fait pression sur l’Ukraine en lui coupant ses livraisons de gaz à plusieurs reprises. En 2006, cinq officiers russes sont expulsés avec fracas de Georgie pour espionnage. En réponse Moscou expulse à son tour des milliers de travailleurs georgiens. Pour faire plier la Georgie, Poutine, puis Medvedev son successeur, vont favoriser les revendications indépendantistes. Ainsi en mars 2008 sont accordés des passeports russes aux Abkhazes et aux Ossètes du Sud. Il renforce aussi la présence de soldats russes censés servir de garants de la paix dans ces régions, mais qui ne bougent pas alors que les indépendantistes ossétes ou abkhazes attaquent régulièrement les Géorgiens. Pendant ce temps on voit la Georgie accueillir de nombreux réfugiés tchétchénes. Beaucoup d’observateurs prédisent déjà cette guerre qui n’attend qu’une étincelle pour démarrer.

Pour la Russie le contrôle de la Georgie, c’est aussi la surveillance et le contrôle des grands oléoducs qui partent des champs pétrolifères de l’Azerbaïdjan vers la Turquie et l’Europe et notamment le BTC, Bakou-Tbilissi-Ceyhan qui permet d’éviter la Russie.

Lorsque suite à des provocations d’indépendantistes ossétes le président Saakachvili envoie l’armée géorgienne bombarder Tskhinvali la capitale osséte, il prend un grand risque. D’autant que dix soldats russes sont tués et qu’en théorie les Ossètes du Sud, de par leurs passeports russes, sont officiellement citoyens russes.  L’escalade commence. Nous en reparlerons.

Pour completer (et puis ce sont aussi une partie des sources de cet article avec les liens sur cette page)  :


Un excellent point sur la Georgie (datant de 2004) de la télé du Quebec
Un article de Rue 89 qui compile des reportages télévisés sur 20 ans de guerres séparatistes depuis la fin de l'URSS
Un article de Libération qui présente bien les enjeux 
Une chronologie du Monde.fr
Des précisions très intéréssantes sur le blog de Mr Auger
Une conférence donnée par Florence Mardirossian et reproduite sur diploweb (dont la carte suivante, résumant toute la complexité du probléme, est issue)



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6 août 2008 3 06 /08 /août /2008 01:12

Après un mois de silence et de repos bien mérité, il est temps de réveiller le blog et de se préparer pour la nouvelle rentrée scolaire qui commence à se profiler. C’est aussi le moment de faire un bilan de cette première année de test sur la toile.

 

D’abord les points positifs, un grand merci à tous ceux qui sont passés sur ces pages, à commencer par mes élèves qui m’ont parfois apporté du matériel des plus intéressant pour l’alimenter même si je n’ai pas toujours pu me servir de tout . 37200 visiteurs environ ont fait escale sur ce blog dont de nombreux lycéens venus d’un peu partout. J’espère que ce blog  a pu les aider. Les quizz, notamment, ont visiblement eu un énorme succès et ont permis à beaucoup d’entre vous d’accélérer leurs révisions de dernières minutes.

 

Je tiens aussi à remercier tous les profs blogueurs avec qui j’ai pu échanger et travailler et notamment Etienne Augris, Julien Blottière et Jean Christophe Diedrich avec qui les projets "Lire-écouter-voir" et "L'Histgeobox" ont pu voir le jour.

 

Au passage j’en profite pour renvoyer à l’étude très intéressante menée par un universitaire suisse spécialiste de didactique de l’enseignement, Lyonel Kaufmann qui a construit avec ses étudiants une petite recherche autour de différents blogs d’élèves et de profs (où j’ai apporté avec d’autres profs blogueurs ma contribution)

 

Les regrets maintenant : Il est évident que pour l’instant le blog est un petit peu à sens unique, même si j’ai fait réaliser des articles par mes élèves. Hélas, ceux-ci ont été vus davantage comme une sorte de contrainte sous forme notée plutôt que comme un travail complémentaire leur permettant d’aborder l’année de l’examen. Il est dommage que ceux-ci ne se soient pas non plus davantage servis de l'outil informatique pour poser des questions ou demander de l’aide autour du travail effectué dans l’année. De même je n’ai eu rigoureusement aucun retour des parents.

 

Maintenir un blog à jour est une énorme charge de travail en plus et il est parfois difficile de dégager du temps de façon régulière pour l’entretenir. De même je n’ai pas toujours eu le temps de pouvoir lier tous les événements d’une actualité chargée avec le programme. En effet si j’aime écrire, je suis quelqu’un qui a l’écriture laborieuse, qui met du temps à chercher ses sources et à composer ses textes que je ne cesse jamais de retravailler.

 

C’est la raison pour laquelle, contrairement à mon projet initial, je ne vais pas pour l’instant me lancer dans des blogs équivalents pour les premières ou les secondes. De plus comme cette année encore il ne semble pas à première vue que j’ai de terminales technologiques, je n’ai pas non plus potassé particulièrement leurs nouveaux programmes. Le blog va continuer à se concentrer sur les terminales générales (même si je pense tout de même commencer aussi à intégrer des éléments pour les terminales technologiques). Cela va me permettre de me pencher davantage sur ce niveau et de rationaliser le blog à la fois en étant plus réactif par rapport au déroulement du cours et à l'actualité tout en essayant d’en accentuer l’aspect « base de donnée » utile qui pourra servir à tous ceux qui passent le bac.

 

Pendant tous le mois d’août, le blog va ainsi connaître un « toilettage » pour remettre à jour certains articles, corriger des liens morts, des fautes qui auraient pu traîner ou des problèmes particuliers de mise en page sous Internet Explorer (je travaille sous Firefox et je me suis aperçu dernièrement que sous IE certains articles se retrouvaient parasités par du code html). Sa forme va aussi un peu changer pour permettre de mettre en place des pages spéciales autour de la méthodologie, des quizz ou des croquis par exemple.

 

De même je vais essayer d’être un peu plus actif sur "lire-écouter-voir" et "histgeobox" qui sont un indispensable complément à ce blog

 

En tout cas, merci à tout ceux qui sont passés sur ces pages, j’espère que les anciens de l’année 2007-2008 en profiteront pour me donner des nouvelles de leurs aventures d’après le lycée.

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