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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 20:16

Un travail de Wissame Dahmani (TL)


Le 11 Septembre 1973, un coup d’état organisé par les forces armées, renverse le gouvernement  Allende et met un terme à la politique de gauche, qui prenait la direction du socialisme. Cet évènement introduit une dictature, non exceptionnelle car ce genre de régimes fleurit en Amérique Latine durant les années 70. C’est une rupture dans l’histoire chilienne, où la constitution n’avait jamais été remise en cause et où l’armée était dite loyaliste. Les Etats-Unis, en tirent profit, afin de faire du Chili un terrain d’expérimentation, appelé à devenir un modèle.

 

En une seule journée les forces armées ont écrasé l’UP (Unité Populaire), et se sont emparés du pouvoir.

 

                     Le palais présidentiel de la Moneda bombardé par l'armée

Les attentats commencent au port de Valparaiso avec le soulèvement de la marine, et se « terminent » au palais avec la mort d’Allende. En quelques jours, l’armée de Pinochet, renie le gouvernement de gauche, proclame la dissolution du parlement, instaure l’Etat de siège, met en place un couvre feu, suspend les libertés syndicales et la majeure parties des organes de presse. Ce dernier justifie le soulèvement par la lutte contre le communisme. Quelques jours après le coup d’Etat, la répression s’affiche clairement. Des milliers de personnes sont arrêtées. En plus de ceux de L’UP, se sont des militants des partis d’extrême gauche qui sont torturés, exécutés, parqués dans des camps de concentration, ou bien portés disparus. Appel à la délation, et mise en place d’une police politique (DINA).

 

Jusque la fin 1974, les opposants sont scrupuleusement traqués;  un tiers du corps enseignant est démis de ses fonctions. Suite à cela, le Plan Condor est mis en place en étroite collaboration avec le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. Ce plan consiste à l’éradication totale du marxisme. Il serait à l’origine de 50000 à 70000 meurtres et/ou disparitions.

 

Les Etats-Unis, qui avait envisagé le « Chili d’Allende » comme un deuxième Cuba, soutiennent Augusto Pinochet. Les autres pays, eux, protestent contre ce régime de force, mais seulement par principe, car ils ne tardent pas, tous, à accueillir chez eux, l’ambassadeur du Chili.

 

Pinochet, va créer une nouvelle constitution, qu’il fera voter au référendum, le 11 septembre 1980, et entrera en vigueur le 11 mars 1981. Avec un pouvoir illimité, il devient officiellement président pour un mandat de 8 ans, à la fin duquel, un nouveau référendum sera organisé.

 

Aujourd’hui, après 16 ans de dictature, la mémoire oscille entre un souvenir profond des atteintes aux droits de l’homme, et une reconnaissance d’un héritage économique, de surface, qui semble avoir fait du Chili, un pays d’une grande prospérité au cœur d’une Amérique latine dernièrement frappée par plusieurs crises.   


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Assis, le général Pinochet et les officiers de l'armée chilienne lors du putsch. Une image sinistre qui marqua les esprits de l'époque .

Un travail un peu expéditif, sans vraiment de sources précises. L'essentiel y est, mais c'est dommage, tu n'approfondis pas véritablement ce thème et en reste à des généralités un peu vagues. Notamment sur les implications morales de soutenir de tels régimes pour les démocraties occidentales. De plus j'ai par moment dû reconstituer le texte que tu m'as envoyé, en effet, les fautes de grammaire et les incorrections de style étaient fort nombreuses.

 

Le cas du Chili, s’il fut l’un des plus représentatif de cette vague de coups d’états militaires qui frappent l’Amérique latine au cours des années 60-70, n’est pas la pire dictature pro-occidentale de l’époque. L’Argentine de Vidella ou le Nicaragua de Somoza ont été encore plus meurtriers. Mais la personnalité même de Pinochet, les circonstances de sa prise de pouvoir comme les tentatives avortées pour le mettre en accusation ont profondément marqué les esprits.

 

Pour comprendre la constitution de cette internationale de dictatures militaires anti-communistes, il faut bien comprendre que l’Amérique latine est un continent où les différences sociales sont extrêmement marquées. La société latino-américaine conserve les traces de la colonisation espagnole. Peu industrialisée, son économie repose essentiellement sur une agriculture d’exportation souvent très performante et sur l’exploitation des matières premières du sous-sol. L’économie est entre les mains d’une minorité de grandes familles qui se transmettent la majorité des terres et gardent solidement les rênes du pouvoir. Les ressources naturelles ont été concédées à des sociétés étrangères, souvent états-uniennes, qui ne reversent qu’une part minimes des bénéfices, contre le versement de commissions occultes qui finissent sur les comptes en banques suisses des dirigeants locaux.

 

Cette situation inégalitaire et cette corruption généralisée sont le terreau rêvé pour le développement d’une contestation plus ou moins marxiste qui promet une meilleures répartition des richesses et la nationalisation des matières premières. L’exemple cubain le prouve, de nombreux pays d’Amérique latine sont prêts à basculer dans le communisme. Pour les Etats-Unis, c’est un danger intolérable et tout homme politique sud-américain qui commence à parler de réforme agraires et de redistribution des richesses devient, aux yeux de Washington ou des bourgeoisies conservatrices locales, suspect d’être un Fidel Castro en puissance.

 

L’idée développée par les tenants d’une diplomatie musclée au Pentagone (qui trouverons une oreille particulièrement attentive pendant les années Nixon au début des années 70 puis Reagan dans les années 80) est qu’il vaut mieux un régime fort voir dictatorial qui préserve la stabilité du pays et les intérêts économiques locaux et occidentaux que de risquer de voir un régime démocratique se laisser gagner par la gangrène communiste.

 

Un personnage très controversé va représenter cette tendance : Henry Kissinger conseiller à la défense de Nixon puis Gerald Ford qui va littéralement régner sur les affaires étrangères américaines dans les années 70 et qui, même s’il le nie toujours formellement aujourd’hui soutient militairement et financièrement les dictatures pro-occidentales qui s’installent. Il déclare notamment lors de l’élection de Salvador Allende au pouvoir au Chili. « Je ne vois pas pourquoi il faudrait s'arrêter et regarder un pays devenir communiste à cause de l'irresponsabilité de son peuple ». 

 
Kissinger (à droite) rencontrant le général Pinochet.

Soit dit en passant, la France aura la même attitude dans son ancien pré carré colonial africain en soutenant des dictateurs locaux tout aussi peu fréquentables que leurs homologues latino-américains.
 

 

Cette tendance à soutenir des dictateurs ne se limitera pas à l’Amérique Latine. N’oublions pas que Franco en Espagne, pourtant installé par Mussolini et Hitler dans les années 30 était devenu un allié de l’Occident au nom de la lutte anticommuniste. Dans les années 70, en Grèce, en Turquie, en Iran, en Irak, en Corée du Sud, en Indonésie ou à Taiwan, des régimes militaires s’installent ou se maintiennent avec la bénédiction de Washington.

 

L’arrivée du Docteur Allende au pouvoir lors des elections de 1970 inquiète donc beaucoup de gens car son parti, Unité Populaire, comprend des communistes déclarés en son sein et qu’il a promis des réformes : redistribution des terres et de nationalisations. C’est ce qui explique que des militaires soutenus et financés par la bourgeoisie locale et par les sociétés étrangères installées au Chili, décident de renverser le pouvoir par la force.

 

Allende et ses derniers défenseurs, retranchés dans le palais présidentiel


De nombreux mystères demeurent autour de ce coup d’état. Le degré d’implication réel des Etats-Unis tout d’abord. Puis comment Pinochet, chef d’état-major réputé fidèle à Allende a-t-il fini par tourner sa veste et prendre en main ce coup d’état ? Enfin la mort d’Allende dans son palais présidentiel bombardé : suicide ? (C’est la version officielle), assassinat ?

 

La répression contre les partisans d’Allende est extrêmement violente. 12 000 personnes sont enfermées dans le stade national de Santiago et la DINA procède à des dizaines de milliers d’interrogatoires où la torture est couramment utilisée. « Les escadrons de la mort » font régner un ordre sanglant dans tout le pays. Le Chili est quadrillé, les opposants systématiquement torturés, les principaux disparaissant, exécutés avant qu’on se débarrasse des corps dans l’océan. Au total on estime entre 3000 et 3500 les victimes de cette répression féroce, sans compter 200 000 exilés qui fuient le pays.

 

Quelques précisions au sujet de ce « plan Condor » évoqué avec raison dans ton article. Il s’agit d’une alliance secrete entre toutes les dictatures latino-américaines chapeautée par les services américains qui consiste à centraliser et coordonner la lutte anticommuniste entre les pays latino-américain. Dans la pratique on mutualise non seulement les informations mais on procède à des enlèvements d’opposants avec la complicité des autorités voisines, des assassinats et des tortures. Et pour former ce petit monde, on débauche d’anciens nazis en fuite spécialiste de "la lutte contre toute forme de Résistance" comme Klaus Barbie l’assassin de Jean Moulin ou d’anciens responsables français du maintien de l’ordre pendant la guerre d’Algérie comme le sulfureux général Aussaresses

Julien Blottière a fait un remarquable article sur ce sujet sur Bricabraque

 

Pinochet va régner presque quinze ans sur le pays avant de permettre le retour progressif à la démocratie en 1988, non sans rester chef des armées et en n’oubliant pas de se faire voter une loi sur mesure d’amnistie empêchant la justice chilienne de l’interroger sur les disparitions lors de son règne.

 

Il garde de nombreux partisans dans le pays, ayant à leurs yeux protégé le Chili du communisme et redressé l’économie. Non sans oublier de se servir au passage comme tout bon dictateur qui se respecte puisqu’on retrouvera par exemple la trace du transit de nombreux lingots d’or (la bagatelle de 9 tonnes de métal précieux) dans un coffre à son nom dans une banque de Hong Kong pendant les années 80.

 

Pourtant le vieux général aura quelques sueurs froides au milieu des années 90. Alors qu’il est soigné dans une clinique londonienne, la justice britannique l’arrête à la demande d’un juge espagnol pour "génocide, terrorisme et tortures". Cette arrestation provoque une tempête au Chili entre les  pro et anti Pinochet. Finalement après une bataille judiciaire d’un an, le vieux général obtient, arguant de son état de santé,  de pouvoir rentrer au Chili sans être inquiété. Dernière provocation alors qu’il quitte Londres sur un fauteuil roulant, une fois rentré à Santiago on le voit se lever pour saluer ses partisans.

 

Dessin de Chapatte, qui relate en dessin les péripéties de l'arrestation de Pinochet.

Pinochet s’éteindra finalement en 2006 sans être inquiété mais progressivement déconsidéré au fur et à mesure que ses anciens subordonnés non protégés par un statut d’ancien président sont mis en accusation par la justice chilienne et que la réalité du régime se fait jour au travers de leurs procès. Malgré les années, la société chilienne reste toujours divisée et continue de panser ses plaies.

Pour compléter :
Julien Blottiere sur lire-Ecouter-Voir (l'ancêtre de Samarra) revient sur la chanson sud-américaine engagée contre la dictature.

Un article détaillé de France 2 sur le coup d'état.




Quelques images saisissantes issues d'un documentaire de France 3 sur le coup d'état.
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