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28 décembre 2008 7 28 /12 /décembre /2008 11:32

Depuis des années, la situation alimentaire mondiale ne cessait de s'améliorer. En moyenne les gens mangeait plus et mieux, les rations alimentaires et leur variété ne cessaient de s'accroître depuis les années 90. Il y a encore quatre ou cinq ans, on pouvait annoncer que la sous-nutrition était en recul partout dans le monde et que s'il pouvait subsister de mauvaises recoltes et des périodes de soudure difficiles, les véritables famines catastrophiques n'existaient plus que comme moyen de pression manié par quelques seigneurs de guerre ou dictateurs locaux pour faire plier une population civile récalcitrante.



 La faim dans le monde (cliquer pour agrandir), affiche du Programme Alimentaire Mondial de l'ONU


Le dernier rapport de la F.A.O. (Food and Agricultural Organisation), organisme de l'ONU gérant les questions alimentaires dans le monde est dès plus inquiétant:

"De nombreux chefs d’État et de gouvernement se sont réunis à Rome pour exprimer leur conviction que «la communauté internationale doit prendre des mesures urgentes et coordonnées pour lutter contre les effets négatifs de la flambée des prix des denrées alimentaires sur les pays et les populations les plus vulnérables du monde». Lors du Sommet du G8 au Japon, en juillet 2008, les dirigeants des nations les plus industrialisées du monde ont exprimé leur profonde inquiétude à l’égard de «la forte augmentation des prix alimentaires dans le monde qui, conjuguée à des problèmes de pénurie dans certains pays en développement, menace la sécurité alimentaire mondiale"

Pour les experts de la F.A.O., les raisons de cette flambée des prix des aliments sont multiples; Bien sûr l'accroissement constant de la population augmente forcément la demande, mais les progrès techniques  de l'agriculture et de l'élevage avaient justement permis d'augmenter les rendements. Il faut chercher ailleurs les véritables raisons de ces pénuries croissantes. Les conflits qui ensanglantent le monde ont aussi un rôle non négligeable dans la désorganisation des marchés agricoles. Mais il y a surtout de nouveaux facteurs qui viennent tout bouleverser.

- Jusqu’au milieu de 2008, la hausse de prix de l’énergie a été très rapide et brutale. La rapide augmentation des prix pétroliers a exercé une pression à la hausse sur les prix alimentaires, les prix des engrais ayant presque triplé et les frais de transport doublé en 2006-08.


 L’homme de gauche : “Tu permets ? J’essaie d’attirer la sympathie sur le drame épouvantable que je vis !”. Sur son badge : “J’aime mon 4×4″. Sa pancarte : “Le prix du pétrole tue mes balades en voiture”. A côté de lui, un bidon d’essence. - L’homme de droite. Sa pancarte : “Le prix de la nourriture me tue !” (source  Des seins de presse)



- La demande en biocarburants a dans la foulée considérablement augmentée. Des terres autrefois utilisées pour des productions vivrières se sont vues affectées à la culture de canne à sucre, de jatropha ou d'huile de palme destiné à alimenter les reservoirs des véhicules.
La production de biocarburants devrait consommer la bagatelle de 100 millions de tonnes de céréales (4,7 pour cent de la production mondiale) en 2008.

- La croissance économique rapide et continue ainsi que l'urbanisation galopante dans plusieurs pays en développement, notamment en Chine et Inde ( 40 pour cent de la population mondiale à eux deux), ont accentué la demande et reduit l'offre. La main d'oeuvre manque en campagne et les gens s'entassent en ville. De surcroit les habitudes alimentaires de ces urbains ont changé. Les demandes en produits alimentaires complexes et transformés sur le modèle occidental se sont accrues. D'où là encore une augmentation des prix.

- Enfin sentant le bon filon, les marchés financiers voyant que la demande s'accroit, ont spéculé pour maintenir des prix artificiellement élevés qui n'ont pas profités aux producteurs ou aux paysans à qui les produits continuent à être acheté à vil prix, mais aux intermédiaires dans les circuits de distribution qui se sont ainsi fait de bonne marges bénéficiaires.


Si on regarde ces pénuries alimentaires plus en détail, on s'apperçoit que l'Amérique latine et le Moyen Orient malgré les conflits, ont amélioré leur situation alimentaire ces dernieres années. C'est beaucoup moins vrai en Asie où les politiques d'accroissement des rendements arrivent en bout de course face à une demande qui explose en ville. En Inde et en Chine notamment la différence entre les villes et les campagnes n'a fait que s'aggraver dans des proportions inquiétantes pour ces dernières.

L'Afrique subsaharienne comme toujours est la plus touchée, même si dans un certain nombre de pays la situation alimentaire s'est améliorée. L'instabilité politique et notamment les guerres au Congo et en Somalie, deux pays très peuplés ont fait plonger des régions déjà  fragiles dans la catastrophe sanitaire et alimentaire.

Par malheur la crise alimentant la crise, l'augmentation du prix des denrées agricoles n'a fait qu'accelerer la tentation d'un certain nombre de pays de se constituer des stocks de reserves,
voir même d'acheter massivement les terres agricoles d'autres pays.



Pour le lire en détail voici  
le rapport de la FAO


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