Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 23:53

Le 12 avril 1961,  pour la première fois dans l’histoire, un homme s’aventurait au-delà des limites de notre atmosphère. Au delà du simple exploit technique et de l'extraordinaire effet psychologique de promotion du modèle  soviétique, ce premier vol habité est l'un des moments essentiel de l'histoire du XXème siècle.

 

Quatre ans auparavant les soviétiques ont surpris le monde entier et semé la consternation à Washington en lançant le premier satellite artificiel dans l’espace : le Spoutnik une grosse boule métallique bardée de quatre antennes dont le bip bip  s’entend sur toutes les radios. Et puis un mois plus tard c’est la chienne Laïka le premier animal envoyé dans l’espace. Malgré la mort de Laïka pendant la mission, les soviétiques ont prouvé qu’on pouvait envoyer un être vivant dans l’espace.

 

Voulant conforter leur avance par rapport aux américains, les soviétiques décident de mettre les bouchées doubles pour envoyer un homme dans l’espace. Pour cela il leur faut un héros, un véritable fils du peuple. Ce sera Youri Alexeievitch Gagarine. Né en 1934, ce fils de paysan, a vu sa famille payer un lourd tribut à la guerre. Avec son 1,59m, qui lui permet de rentrer plus facilement dans la capsule spatiale, et son visage séduisant, il est préféré pour des raisons de propagande à Guerman Titov, le premier pilote à s’être entraîné pour un vol spatial. Titov est fils d’instituteur ce n’était pas assez "populaire" pour la propagande officielle. C’est décidé: Gagarine sera le premier cosmonaute de l’histoire humaine. Titov ne sera que doublure et seulement le second cosmonaute à partir dans l’espace.


Il n’empêche que Gagarine, s’embarquant dans la capsule Vostok (Orient en russe) prend un sacré risque. La technologie spatiale est balbutiante et malgré deux essais préalables concluants avec un module automatisé vide, le succès de la mission loin d’être garantie.  A tel point que les images de l’embarquement dans la fusée sont soigneusement tournées à l’avance au cas où quelque chose se passerait mal. Une fois la mission réussie elles seront présentées dans les médias comme filmées en direct. Au moment de ce départ, Gagarine enregistre cette déclaration : « Chers amis, connus et inconnus pour moi, mes chers compatriotes et toutes les personnes du monde ! Dans quelques instants, une puissante fusée soviétique va propulser mon vaisseau dans l'étendue de l'espace. Ce que je veux vous dire est cela. Toute ma vie est désormais devant moi comme une simple inspiration. Je sens que je peux accroître ma force pour faire avec succès ce que l'on attend de moi. »
 


Le module Vostok : faut quand même être sacrément courageux
pour accepter d'être envoyé dans l'espace là dedans...
 


La fusée décolle de Baïkonour au Kazakhstan. Le vol est relativement court 108 minutes, le temps d’une révolution autour de la Terre. Sanglé dans son étroite capsule de 2,3 m de diamètre, il est en liaison constante avec le sol et décrit la Terre vue de l’espace. Si la première partie du voyage se passe bien, la suite à de quoi donner quelques sueurs froides à Youri :  il perd la communication avec Baïkonour au bout de 30 mn et au moment d’aborder la descente, la séparation avec le reste du module met 10 mn de plus que prévu à survenir. Néanmoins la capsule déploie finalement son parachute se pose en plein cœur de la Russie rurale dans la région de la Volga à la grande surprise des villageois locaux. Il ne lui reste plus qu’à trouver un téléphone pour prévenir sa base que tout s’est bien passé.

Pour un récit plus détaillé du vol.



Devenu un héros, Gagarine sillonne le pays et le monde entier obtenant un succès international. Il fera trois voyages en France où il est accueilli comme un héros et comme le symbole vivant de la puissance soviétique. On ne compte plus les écoles, lycées, gymnases ou squares nommées Youri Gagarine dans notre pays (généralement dans des municipalités communistes).  



Un 45 tours et un buvard pour écolier, deux exemples de la "Gagarinemania" qui touche la France après l'exploit du cosmonaute.

Il obtient un accueil triomphal y compris aux Etats-Unis et est même reçu à la Maison Blanche.  Après tout, même soviétique, c’est le premier être humain a être allé dans l’espace.
Le président Kennedy tout en recevant le héros du peuple de l’URSS fixe désormais une consigne aux savants américains tout en créant la NASA. Il faut que ce soit un américain qui pose le premier le pied sur la Lune avant la fin de la décennie 60.

 

Gagarine veut continuer a participer au programme spatial. Mais son statut de héros le rend trop précieux pour qu’on lui permette de repartir dans l’espace. C’est en tant que consultant qu’il participe au programme spatial soviétique, notamment sur le projet d’envoi d’un homme sur la Lune qui n’arrive pas à se concrétiser techniquement. Mais invité partout dans le monde, il ne suit pas toujours  la ligne officielle du parti, n'hésitant pas à critiquer les lourdeurs du système soviétique dans la réalisation de projets spatiaux, rencontrant et sympathisant devant la caméra avec des astronautes américains. En 1967, la capsule "Soyouz I" qui doit tester l'équipement pour la mission lunaire s'écrase à son retour sur Terre, tuant Komarov son cosmonaute. Cet échec sonne le glas de tout le projet lunaire soviétique. Gagarine ne sera pas le premier homme sur la Lune. Il est progressivement écarté du programme spatial suite à des intrigues de couloirs au sein du parti et poussé vers des postes honorifiques mais sans pouvoir. 

Gagarine, aux balcons du Kremlin avec le
Premier Secrétaire du Parti : Nikita Khrouchtchev
 


Le 27 mars 1968, il meurt lors d’un entraînement à bord d'un avion de chasse.
Une mort qui reste encore mystérieuse, Gagarine, héros un peu trop populaire, au franc parler un peu trop prononcé,  n’avait pas que des amis au bureau central du parti. La rumeur veut qu’il ait même jeté sa coupe de champagne au visage du premier secrétaire Leonid Brejnev lors d'une cérémonie officielle.

En tout cas sa mort est un choc pour toute l’Union Soviétique. Pour les soviétiques c’est un héros national, le symbole de la grandeur du pays qui disparaît. Selon leur grande habitude, la ville de Gjatsk où il avait passé sa jeunesse fut rebaptisée Gagarine. Un an plus tard les américains posent le pied sur la Lune, ce que les soviétiques n’arriveront jamais à faire. Le leadership dans la course spatiale a changé de camp.



                                                                          Monument à la gloire de Gagarine à Moscou

Partager cet article
Repost0

commentaires

K
Un travail patriotisme honnore l'URSS face aux Américains au moment de la conquête de l'espace.
Répondre
D
j'adore
Répondre
D
lol xd
D
je c