Pour retrouver la première partie de l'article.
De retour après quelques vacances loin de mon ordinateur. Continuons notre petit tour d’horizon de la propagande stalinienne : la figure du vojd (guide) se retrouve un peu partout dans le pays notamment par des portraits géants et des statues qui se retrouvent dans les centres-villes d’URSS et des « pays frères ». Tout le pays se couvre de rues, places, écoles, usines, fermes modèles nommées en l’honneur du Chef. Sans que celui-ci n’ait besoin d’en donner l’ordre d’ailleurs, ses subordonnés voulant se faire bien voir du « Patron » (comme ils l'appellent entre eux), en flattant son ego. N’oublions pas que l’une des plus grande ville du pays avant la guerre, Volgograd (la ville de la Volga en russe) est devenue en 1925 : Stalingrad (littéralement la ville de Staline). La montagne la plus élevée d’URSS est renommé le pic Staline Il y eut même en 1937 le projet de rebaptiser Moscou « Stalinodar » (en quelque sorte « la stalinienne » mais si quelqu’un connaît le véritable sens précis de ce nom en russe je suis preneur), un honneur finalement refusé par Staline lui-même.
L’art est d’ailleurs mis au service du régime par l'un des principaux collaborateurs de Staline, Andrei Jdanov (celui de la doctrine du même nom). C’est le réalisme soviétique, ou jdanovisme qui doit bannir toute forme abstraite ou irréelle pour privilégier la représentation d’une réalité magnifiée par le communisme:
Pour en savoir plus sur l'art officiel je vous renvoie à l'article sur ce sujet sur l'excellent blog Bricabraque de Mr Blottière
En Europe de l’Est, surveillée par l’URSS, on se doit de se conformer aux ordres du « petit père des peuples », c’est pourquoi les dirigeants locaux aiment dans leurs propres œuvres officielles à se mettre en scène au côté de Staline. Ainsi ici, Klement Gottwald le chef du parti communiste tchécoslovaque qui se place sous le patronage direct de Staline
Les citoyens connaissent d’ailleurs peu leur chef en dehors de la propagande. Celui-ci n’apparaît jamais en public en dehors de quelques cérémonies officielles. Il voyage peu, sort rarement du Kremlin si ce n’est pour aller dans sa datcha (maison de campagne) hyper protégée de Kountsevo dans la banlieue de Moscou ou l’été dans sa résidence de vacances à Sotchi sur la Mer Noire. Après la guerre, sa paranoïa n’a fait que croître et il se méfie de tous ses collaborateurs qu’il n’hésite pas à faire jeter au goulag au moindre soupçon d’insubordination. La légende (jamais vraiment confirmée) veut qu’il ait des sosies lors des apparitions publiques pour éviter les assassinats. Quand il quitte le palais présidentiel ce sont 4 limousines aux vitres fumées qui circulent en trombe dans la capitale en se doublant les unes les autres constamment pour éviter que l’on sache dans laquelle se trouve le Vojd.
Paradoxalement en occident, ce culte de la personnalité est tout aussi vif dans les partis communistes français ou italiens qui célèbrent en grande pompe les anniversaires du chef. Dans l’atmosphère d’affrontement idéologique de l’époque il est hors de question de remettre le camarade Staline en cause. Sa mort en 1953 est vécue comme un véritable drame national par tous les militants communistes. A l’intérieur de l’URSS bien sûr où des millions de gens défilent devant son mausolée où son corps embaumé repose auprès de Lenine (il y aura même des morts lors d’un mouvements de foule) mais aussi dans les partis communistes du monde. Pour en savoir plus : Les obséques de Staline
Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris
Brûlant d'un feu sanguin dans la vigne des hommes
Staline récompense les meilleurs des hommes
Et rend à leurs travaux la vertu du plaisir
Car travailler pour vivre est agir sur la vie
Car la vie et les hommes ont élu Staline
Pour figurer sur terre leurs espoirs sans bornes.
Et Staline pour nous est présent pour demain
Et Staline dissipe aujourd'hui le malheur
La confiance est le fruit de son cerveau d'amour
La grappe raisonnable tant elle est parfaite."
Pour terminer un montage à partir d’un film de propagande : La Chute de Berlin, fresque en couleur de 2h30 de 1949 sur la seconde guerre mondiale à la gloire du régime. Staline y est interprété par son sosie officiel, l’acteur Mikhail Gelovani (qui n’avait le droit d’interpréter que ce rôle). Il y apparaît tout autant comme un stratège génial qui dirige l’armée rouge d’une main de maître que comme un négociateur habile tenant tête lors des grandes conférences à un Churchill alcoolique et sournois. Il a même le temps de bénir et d’encourager la romance entre les héros du film, Alexei ouvrier modèle et soldat courageux et Natacha, l’institutrice résistante déportée par les allemands. Voici un montage intéressant qui permet de bien voir la façon dont les événements sont réinventés pour coller aux événements tels que ces scénes où le peuple berlinois (dont une partie est désormais sous régime communiste et donc n'est plus l'ennemi) est sacrifié par un Hitler grotesque qui préfére les noyer dans les abris antiaériens plutôt que de les voir "délivrés" par les communistes. Ou encore la scène finale où Staline arrive dans Berlin conquis par les soviétiques et est acclamé par une foule éperdue et reconnaissante.
Sources : Divers manuels / Radio-Prague / Histoire sur le web / Nanarland (pour tout savoir sur la Chute de Berlin)/ Boomer Café